La Project Week est un événement inscrit dans la pédagogie d’Epitech Bénin, l’école d’expertise informatique, pour mettre les apprenants à l’épreuve. Dans sa 4ème édition, organisée du 9 au 13 janvier 2023, les étudiants ont été invités à solutionner une problématique proposée par Baobab Energie, une filiale du groupe African Drive. Baobab Énergie veut encourager l’utilisation des motos électriques à batterie rechargeable au Bénin pour créer un écosystème propre qui stimule l’économie locale, réduit la pollution atmosphérique et favorise la distribution de l’électricité dans tout le pays. Révolution énergétique oblige, le thème de cette année s’est articulé autour d’un défi majeur au cœur des enjeux globaux : la « mobilité durable ».
(Cio Mag) – La mobilité durable est l’une des solutions inscrites au titre des Objectifs pour le développement durable (ODD) pour lutter efficacement et durablement contre le changement climatique qui menace la planète. Cependant, la plupart des moyens de transport actuels sont alimentés par des énergies fossiles qui polluent l’air. Eviter cela nécessite une transition vers la mobilité durable, alimentée par des énergies renouvelables.
African Drive, une entreprise belge créée en 2013, œuvre à mettre en place des solutions et des projets permettant d’atteindre les Objectifs pour le Développement Durable. Elle a fondé au Bénin, Baobab Express qui dispose d’une flotte de moyens de transport en commun capable de transporter en moyenne 1.100 passagers par jour, de manière abordable, sûre et ponctuelle.
Certifiée B Corp, African Drive est partenaire d’Epitech Bénin pour l’organisation de la Project Week 2023, un évènement marqué par la présence de la Société Béninoise d’Énergie Électrique (SBEE), de CFAO Motors Bénin (CFAO), d’Africa’s Super App (Gozem), de l’Agence de développement de Sèmè City (ADSC), de l’Agence des Systèmes d’Information et du Numérique (ASIN), Enabel, EnDev/GIZ, Atelier d’Architecture et d’Arts AHAAM Houndeffo (AHAAM) RMI Africa Energy Program (RMI), du Ministère du Cadre de vie et du développement Durable (MCVDD), et de la Direction Générale des Ressources Énergétiques (DGRE) qui joue un rôle primordial dans la coordination et le suivi des actions des structures opérationnelles du Ministère de l’Énergie.
Des solutions innovantes
Ainsi, une trentaine d’apprenants de l’Ecole supérieure des métiers des énergies renouvelables (ESMER), d’Africa Design School (ADS), de l’Ecole polytechnique d’Abomey-Calavi (EPAC) et d’Epitech Bénin ont été scindés en 20 groupes et soumis à quatre différentes problématiques. Pour chacune d’elles, les apprenants sont appelés à proposer des solutions innovantes et adaptées. Celles-ci doivent être déclinées sous forme de présentation PowerPoint comprenant des suggestions et recommandations, des Business model, des stratégies de collecte de data ; ou des maquettes.
« Comment African Drive se positionne-t-il comme un acteur incontournable de la politique d’énergie durable au Bénin ? » « Nous avons préconisé l’utilisation des systèmes hybrides pour recharger les batteries, afin de ne pas dépendre d’une seule source d’énergie. Il peut s’agir du photovoltaïque, de la SBEE ou d’un système de biomasse pour accompagner le niveau de charge des batteries. Après cela, il faudra augmenter progressivement le pourcentage ou la marge des énergies renouvelables avec les profits engrangés », résume au sujet de la proposition de son équipe, Jasper Nata, étudiant en 3ème année de licence à ESMER.
Axel Aho, étudiant d’Epitech Bénin et ses équipes ont réalisé un prototype d’interface pouvant utiliser des capteurs à connecter sur les batteries pour collecter les informations. Ainsi se présente leur solution à la problématique : « Comment surveiller une flotte de batteries via leur BMS et remonter les informations en temps réel (niveau de charge, batteries, géolocalisation, etc.) ? »
En outre, la troisième problématique cherche à solutionner : « Comment incorporer les batteries de manière ergonomique aux motos ? » « Battery Case » est l’une des propositions faites par les étudiants. Il s’agit d’une cage capable de contenir deux batteries. A l’intérieur, un dispositif imperméable est conçu pour amortir les chocs et éviter les courts-circuits. La surface du haut a de petits trous pour l’aération. « Ainsi, avec la deuxième batterie, si le conducteur épuise la première, il n’aura qu’à tourner une manivelle ou un bouton pour passer à la seconde batterie et continuer sa course. Aussi, avons-nous conçu le mode d’emploi qui explique l’installation, la recharge de la batterie, la maintenance, etc. », explique Linerol Tchecounnou, étudiant à Epitech Bénin.
« Une force de proposition pour le monde »
La quatrième problématique porte sur : « Comment designer les stations de recharge afin de créer des activités génératrices de revenus ? » A ce sujet, Kimberly Djossou, étudiante en 2ème année de design d’espace à Africa Design School et son équipe ont créé le concept « Wa recharger. » Ils proposent en l’occurrence un système fonctionnant sur la base d’une tablette qui contrôle une borne de recharge. Celle-ci permet à l’intervenant au niveau de la borne d’avoir accès aux différentes informations concernant le temps de recharge de la batterie, le contrôle de la borne, son verrouillage et son système d’arrêt.
« Nous avons conçu ce fonctionnement pour la sécurité de la borne. Lorsque l’intervenant n’est pas là, il suffit qu’il se déconnecte de la tablette pour que toutes les bornes se verrouillent. Quand il arrive le matin, il suffit qu’il se connecte pour que toutes les bornes s’ouvrent et qu’il ait accès à toutes les informations », confie l’équipe.
Chargé de l’expansion de Baobab Énergie en Afrique, Alex Oladikpo Gnonhoué peut se réjouir de toutes ces innovations qui offrent des pistes de solutions au déploiement des solutions du groupe African Drive. « J’ai trouvé, à l’occasion de cette Project Week 2023, des travaux qui épousaient mes attentes et parfois allaient même au-delà. D’ailleurs, parmi les retours de solutions proposées, j’ai beaucoup appris, reçu et découvert avec fascination des idées concrètes ingénieuses. Je suis systématiquement en quête de sens. Et à mes yeux, faire du business, développer des projets structurants, c’est avant tout tenter de changer le monde, en l’impactant nécessairement positivement. »
« Je dois avouer une chose, assure-t-il : j’ai été très impressionné et parfois même ému, parce que j’ai vu éclore en une semaine seulement, des propositions académiques béninoises exposées avec brio et panache. L’Afrique a des génies et du talent. Des événements académiques comme la Project Week, qui sont à encourager davantage, nous facilitent leur détection. C’est au cours de ces rencontres que nous pouvons encourager nos étudiants, les accompagner, et pourquoi pas les inspirer. Nous jouons ainsi pleinement notre rôle ce faisant : faire sens et transmettre, avec passion. »
Pour lui, une telle initiative vise in fine, à impacter le monde, à créer des emplois durables et à faire en sorte que nos futurs souhaitables ne soient pas essentiellement dessinés ailleurs mais aussi par des Africains. « Véritables forces de proposition, nous avons assez de ressources intellectuelles, culturelles, cultuelles et artistiques pour proposer au monde, quelque chose de très particulier.», va-t-il conclure. Au terme des présentations, les huit meilleurs projets proposés ont été primés.