Dans un entretien accordé à notre rédaction, Stéphanie Rivoal, Secrétaire Générale du Sommet Afrique-France 2020, revient sur cette 28ème rencontre, qui aura lieu du 4 au 6 juin, à Bordeaux. Et qui réunira des entreprises africaines et françaises. A l’ordre du jour de cet évènement, des innovations où le digital prend toute sa place. Et qui traduisent l’importance que revêt le numérique dans le quotidien des villes durables. C’est du reste le thème choisit par les organisateurs du Sommet Afrique-France 2020.
Propos recueillis par Mohamadou DIALLO
Cio Mag : Quels sont les enjeux du Sommet Afrique/France 2020, dont vous assurez la coordination ?
Stéphanie Rivoal : C’est un sommet des Chefs d’Etat. Et c’est la 28ème édition de cet évènement, qui réunit l’Afrique et la France, depuis les années 1970. Pour autant, ce n’est pas le seul. D’autres sommets sont organisés entre l’Afrique et certains pays, comme la Russie, le Japon, la Chine etc. Il a donc fallu trouver une thématique pertinente, de sorte que les Africains participent massivement à ce 28ème sommet. La proposition de thème revient au Président de la République française, lors de sa visite d’Etat au Burkina Faso, en 2017. C’est Emmanuel Macron qui a suggéré « Les villes durables ». Et le thème a été accrédité par les Africains. L’occasion d’échanger à propos de l’urbanisation galopante en Afrique et ailleurs dans le monde, de la préservation de l’environnement, mais aussi des liens sociaux à maintenir pour que les villes restent vivables.
Il sera aussi question de l’ancrage des populations sur ces territoires et notamment dans les villes secondaires. Ces dernières sont d’une importance considérable. Et peuvent être tout autant attractives que les capitales. La jeunesse d’Afrique ne doit pas être contrainte et forcée de quitter sa ville d’attache, faute d’emploi et d’accès à la santé, à la culture ou à l’éducation. Tout ceci sera évoqué lors du Sommet Afrique-France 2020.
La ville durable, c’est un thème éloquent. Le discours du Président de la République française, à Ouagadougou, nous a donné, à nous les représentants de la France à l’étranger, une vision et un cap. A cette époque, j’étais ambassadrice en Ouganda. Le sommet Afrique/France sera donc la déclinaison économique de cette vision. Concrètement, cela signifie que les entreprises africaines et françaises peuvent agir ensemble pour transformer la vie des citoyens. Ceci étant bien évidemment placé sous le contrôle des maires, des gouverneurs et des ministres. A charge pour eux d’exprimer les besoins et d’afficher leur volonté politique. Il faut que ces projets se réalisent. Un grand nombre d’entre eux a déjà été accompli. Il en reste autant à effectuer.
Quant à la mise en œuvre de ces initiatives, elle se fera avec méthode. Et la méthode française, elle consiste en un partenariat d’égal à égal. Les entreprises françaises doivent travailler avec des partenaires africains. Elles le font déjà, mais on peut encore accroître ces partenariats. Les PME françaises et africaines en seront les premières bénéficiaires, en termes de croissance et de chiffre d’affaires. La question de la formation des jeunes et de l’accès à l’emploi est également à prioriser. Je pense que c’est La solution à bon nombre de difficultés, aujourd’hui dans le monde. Quand la jeunesse est occupée, elle s’épanouie sur un territoire.
“L’objectif de ce sommet est de trouver du financement et des clients. Nombre de salons professionnels sont organisés dans le monde pour présenter le business des Chinois, des Américains, des Anglais… Ce salon est destiné aux Africains.”
Qu’est-ce que vous attendez exactement des entreprises ou des Etats africains ?
Le Sommet Afrique-France 2020 a été organisé sur trois journées. Du 4 au 6 juin 2020, aura lieu, à Bordeaux, cet évènement d’importance où les entreprises pourront déployer leur savoir-faire. Les savoir-faire africains ne sont pas assez vus et connus dans l’Hexagone. Aussi, un espace central permettra l’exposition de leurs produits et de leurs solutions. Ce salon professionnel sera dédié aux entreprises africaines. Elles exposeront leurs réalisations dans le domaine de l’eau, de l’énergie, de l’assainissement, du logement, du digital, de la mobilité… Dans tous ces domaines et dans bien d’autres encore, comme l’agriculture et la transformation agricole, car la ville, c’est tout cela. J’aimerais que les fonds africains soient également présents pour financer des projets. Ils peuvent nous contacter en allant sur le site internet sommetafriquefrance2020.org.
L’objectif de ce sommet est de trouver du financement et des clients. Nombre de salons professionnels sont organisés dans le monde pour présenter le business des Chinois, des Américains, des Anglais… Ce salon est destiné aux Africains. Ce qui signifie que les savoir-faire et les projets des entreprises africaines seront à l’honneur. Les entrepreneurs français pourront découvrir le business de l’Afrique et les Africains pourront également échanger leurs procédés. C’est pour cela qu’il est important de répondre présent à cette invitation et de venir faire du business.
Que dire aux entreprises du digital – dont nous sommes, en quelque sorte les avocats – qui déplorent qu’il y ait peu de place pour elles ? Et que le digital occupe une place peu significative dans cette coopération ?
Ah, je ne suis pas d’accord ! Il y aura tout d’abord un quartier thématique intitulé « Connecter la ville ». Il sera entièrement dédié au digital. Le digital est du reste partout : dans les services essentiels, l’eau, l’électricité… Le digital, c’est un compteur intelligent capable de capter les donnée de consommation d’eau et d’électricité ou de détecter les fuites à distance. Il est aussi dans la mobilité, avec la réservation de transports en commun ou de taxis, grâce à une application. Le secteur bancaire n’est pas en reste avec le mobile money, disponible partout en Afrique. Et c’est le continent africain qui a été précurseur en la matière. Le digital aura donc toute sa place. Quand on parle des villes intelligentes, la valeur ajoutée pour que les villes soient plus efficaces, c’est le numérique. Et on peut ajouter la protection de l’environnement et la protection sociale. A ce sommet, il y aura les professionnels du digital qui auront répondu présent. Et nous souhaitons que ce secteur d’activités soit bien représenté.
“Si vous avez un projet, si vous voulez le monter, si vous cherchez du financement ou des partenaires, vous pouvez vous inscrire sur la plateforme.”
Et après ce sommet, quelle sera la suite ?
Sur le site internet du Sommet Afrique-France 2020, il y a une plateforme des projets. Si vous avez un projet, si vous voulez le monter, si vous cherchez du financement ou des partenaires, vous pouvez vous inscrire sur la plateforme. Il sera alors possible de savoir, à l’issue de l’évènement, qui parmi ceux qui se sont inscrits avant ont développé leur projet. Nous pourrons même savoir ce qui était à l’état embryonnaire ou en développement intermédiaire ou encore à un stade avancé, et si le sommet les a fait progresser. S’ils ont pu trouver un client supplémentaire ou un investisseur. Quant aux exposants, ils pourront effectuer leurs commentaires sur un questionnaire qui leur sera remis. Il sera alors possible d’effectuer un bilan. Et de suivre, lors de prochains événements, l’état d’avancement des projets.
Enfin, il est important de savoir que les équipes des ambassades vont être présentes à Bordeaux. Elles accompagneront les délégations africaines. Et seront également à leurs côtés à leur retour en Afrique. Les services économiques des ambassadeurs vont ainsi continuer à accompagner les sociétés africaines et françaises dans leurs collaborations.