Propos recueillis par Souleyman Tobias
Pour la deuxième année de suite, il rassemble, en mai prochain, les acteurs du numérique en un événement baptisé “Lomé Numérique”. Mokpokpo Komi Dzah, gérant et consultant à CREOPSE, structure de services et sécurité IT, ambitionne de contribuer à sa manière à l’éclosion d’un environnement numérique viable et solide au Togo. Son expérience dopée de son optimisme fait transparaître dans son discours un homme décidé à voir tous les acteurs du numérique prendre conscience des enjeux de la transformation digitale du Togo. Il se confie dans cet entretien à CIO Mag et explique le sens de son projet « Lomé Numérique ».
CIO Mag : Comment présentez-vous le concept « Lomé numérique ? »
Mokpokpo K. Dzah : Lomé, le Togo et l’Afrique tout entier regorgent de nombreux talents professionnels producteurs et distributeurs de supports et contenus numériques. Très souvent, ces derniers agissent à titre personnel, privé ou professionnel. Nous pensons donc que la création d’un tel événement permettrait aux acteurs du numérique de se rencontrer, de partager, de créer et surtout d’apporter des solutions aux besoins des entreprises en matière d’information et de solutions pour amorcer sereinement leur transition numérique. Donc « LOME NUMERIQUE (LN) » est un événement numérique commercial et promotionnel de la production et de la distribution de supports et contenus numériques en Afrique.
Quelle est la cible de cet événement ?
LN réunit les gouvernants, les responsables d’administrations, les dirigeants d’entreprises, les coordinateurs d’institutions nationales et internationales, les investisseurs, les accompagnateurs financiers, les concepteurs et distributeurs de solutions digitales, les porteurs de projets numériques, les étudiants et les élèves.
La première édition s’est déroulée l’année dernière. Quel impact, quelle leçon avez-vous retenue de cette organisation ?
La SAISON 1 de notre événement LOME NUMERIQUE s’est déroulée du 20 au 24 septembre 2017 au CETEF (Togo 2000) et a regroupé entre 500 à 1000 visiteurs, deux (02) délégations internationales en missions commerciales, deux (02) pays représentés, cinq (05) speakers, trente-deux (32) exposants occupants une surface de 300 m2 avec neuf (09) activités au programme dont cinq (05) réalisés.
Suivant ces chiffres, il est clair pour nous que l’événement n’a pas eu assez d’impact sur la population mais c’est sans oublié aussi les activités politiques du moment. C’est en cela que nous avons décidé d’accentuer notre communication dans le domaine afin de toucher tout l’écosystème numérique au Togo et en Afrique.
Il faut remarquer aussi que c’est une première au Togo et donc les esprits ne sont pas prédisposés à la participation d’un tel événement. La preuve, c’est que même certaines structures comme les agences de communication, les agences audio visuelles pour ne citer que celles-là, et même parfois certaines télévisions ne savent même pas qu’elles produisent des contenus numériques.
Pour beaucoup et surtout la plupart des acteurs, le numérique, c’est l’informatique.
Donc de cette organisation, il va s’en dire qu’il y a un manque d’éducation à corriger dans le domaine du digital au Togo et en Afrique.
L’on comprend que pareils événements contribuent à la création d’un écosystème. Quel commentaire faites-vous à propos de l’écosystème numérique au Togo ? Les acteurs sont-ils suffisamment aguerris, les conditions (politique du numérique) sont-elles à votre point de vue suffisantes ? Que reste-t-il à faire ?
L’écosystème numérique togolais se présente comme suit :
- Les anciennes et grosses entreprises qui proposent et distribuent des supports numériques ;
- Les petites entreprises et individus qui émergent aujourd’hui avec beaucoup plus de contenus numériques.
- Et l’état qui harmonise et balise les voix et les politiques pour le développement de cet écosystème.
Donc pour parler de l’écosystème togolais, il est à noter que c’est maintenant qu’il est en train de se construire avec les actions des uns et des autres.
Beaucoup d’acteurs ne se reconnaissent pas dans le numérique aujourd’hui. Je le dis à titre d’expérience que nous avons eu au cours de la première édition où certains acteurs comme des agences de communication ou audio visuels et même certaines télévisions de la place nous ont fait comprendre qu’elles ne font rien dans le numérique. Sur ce, il est alors clair pour nous que certains acteurs restent toujours dans l’ignorance de leurs métiers.
Pour ce qui est des conditions politiques numériques, je pense que l’État commence depuis un moment à jouer son rôle ou je dirai simplement à faire son travail. C’est vrai que le manque a créé un grand vide mais il faut du temps pour le remplir et c’est ce qu’ils sont en train de faire.
Ce qui reste à faire et qui est urgent avant d’avancer dans le numérique comme dans les grands pays numériques aujourd’hui, c’est l’éducation digitale. Permettre aux gens de lutter contre la peur du digital. Sans cela, tout peut être mis à la disposition de la population, l’exploitation sera catastrophique. Ce serait alors des châteaux blancs ; tous les projets que l’état mettra en œuvre ne serviront à rien.
Si on vous demandait de décrire le “Togo numérique” en une phrase ?
Le Togo numérique est en marche.