L’élan mobile : favoriser l’accès aux services financiers et l’inclusion

Le paysage financier de l’Afrique est en train de subir une profonde transformation, sous l’effet de l’adoption rapide des services financiers mobiles. Il ne s’agit pas d’une simple tendance, mais d’un changement fondamental qui modifie la façon dont les personnes gèrent leurs finances sur le continent. En 2024, le marché du l’argent mobile money en Afrique aurait atteint USD 804.9 millions. Les prévisions indiquent une croissance d’environ USD 4 milliards d’ici 2033. Les rapports de l’industrie montrent qu’en 2022 seulement, plus de 45 milliards de transactions de mobile money ont été effectuées, pour une valeur de plus de 836 milliards de dollars.

Cette expansion rapide aide des millions de personnes, en particulier dans les zones rurales et mal desservies, à participer à l’économie. Le mobile money permet aux propriétaires de petites entreprises, aux agriculteurs, aux entrepreneurs et à bien d’autres encore d’accéder à des services financiers essentiels, de faciliter les paiements et de soutenir la croissance par des moyens qui étaient autrefois hors de portée. À l’avenir, les services financiers mobiles continueront à jouer un rôle central dans le développement économique de l’Afrique.

Combler le fossé

Les banques traditionnelles ont un rôle important à jouer, mais l’accent doit être mis sur la collaboration intersectorielle afin de garantir l’accessibilité des services financiers pour tous. Les taux d’inclusion financière varient encore d’un continent à l’autre. Alors que des pays comme l’Afrique du Sud et l’île Maurice ont atteint des taux d’inclusion d’environ 80%, des nations comme la Guinée et la Sierra Leone sont à la traîne avec seulement 13%.

L’essor du mobile money et des plateformes numériques offre aux consommateurs une variété de solutions – y compris des portefeuilles mobiles, des applications, des sites web – favorisant une plus grande inclusion financière.

Dans des pays comme le Kenya, les comptes de mobile money ont atteint 79% des adultes en 2021. Dans les régions où l’accès aux services bancaires traditionnels est limité, des services tels que M-Pesa au Kenya, MTN MoMo au Ghana et OPay au Nigéria permettent d’envoyer de l’argent, d’épargner et d’accéder au crédit. De même, des pays comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal, la Tanzanie et le Rwanda connaissent une croissance rapide de l’adoption du mobile money.

Des entreprises tel que Western Union facilitent encore ce changement en combinant les services numériques et physiques. Les clients peuvent initier des transactions tant en ligne qu’en personne, en envoyant de l’argent vers des portefeuilles mobiles, des comptes bancaires ou pour un retrait en espèces dans le monde entier. En collaborant avec des agents et en formant des partenariats avec des fintechs, Western Union garantit l’accès aux services financiers mondiaux, que les clients disposent ou non d’un compte bancaire traditionnel.

Les envois de fonds de la diaspora africaine – estimés à USD 95,6 milliards par an – constituent un élément essentiel de l’écosystème financier du continent. Ces fonds soutiennent les familles, investissent dans les entreprises et financent l’éducation, le mobile money et les plateformes numériques rendant le processus plus rapide et plus accessible.

Soutien des gouvernements et innovation

Les gouvernements du continent jouent un rôle clé dans la promotion de l’inclusion financière. Au Kenya, la Banque centrale a permis l’interopérabilité entre les services d’argent mobile, augmentant ainsi la flexibilité des transferts d’argent. En Afrique du Sud, les systèmes de paiement mobile soutenus par le gouvernement améliorent la distribution des subventions sociales. La stratégie nationale d’inclusion financière de l’Égypte encourage les paiements par code QR, tandis que le service mobile Éthiopien Telebirr, soutenu par l’État, gagne du terrain.

À l’avenir, le système financier africain reposera de plus en plus sur des transactions transfrontalières transparentes. Des initiatives telles que le système panafricain de paiement et de règlement ouvrent la voie à des paiements transfrontaliers instantanés. L’Initiative pour une politique africaine d’inclusion financière (AfPI) renforce l’interopérabilité et favorise une plus grande intégration entre les nations. À mesure que la technologie et l’IA évoluent, elles continueront à réduire le fossé de l’inclusion financière, alimentées par des collaborations entre les gouvernements, les ONG et les acteurs du secteur privé.

La voie à suivre

Le secteur des paiements numériques en Afrique devrait atteindre USD 1 500 milliards d’ici à 2030, ce qui marque un net passage de l’argent liquide à une axée sur le mobile. Les services financiers mobiles sont devenus plus qu’un simple outil : ils sont la pierre angulaire de l’autonomisation économique, aidant les consommateurs, les entreprises et les gouvernements à prospérer dans un monde de plus en plus connecté.

L’ambition doit être de parvenir à une inclusion financière à 100 %. Il ne s’agit pas d’un idéal lointain, mais d’un objectif réalisable. En continuant à investir dans l’infrastructure du mobile money et en renforçant les partenariats entre les gouvernements, les entreprises de fintech et les acteurs internationaux, nous pouvons nous assurer que personne ne soit laissé pour compte.

La dynamique est en marche et le potentiel est illimité. Ensemble, nous pouvons ouvrir la voie à un avenir où la finance mobile stimule non seulement la croissance économique, mais aussi la prospérité et les opportunités pour tous.

Tribune de Mohamed Touhami El Ouazzani, Vice-président régional pour l’Afrique chez Western Union 

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