Si la Mauritanie ne fait que peu parler d’elle en matière d’innovation et de développement numérique, elle porte pourtant des ambitions fortes. Son représentant, Moctar Ahmed Yedaly, ministre de la Transformation numérique, de l’innovation et de la modernisation de l’administration, multiplie d’ailleurs les déplacements pour faire avancer la coopération avec différents acteurs, et donner une impulsion forte au secteur. Focalisé sur la création d’un environnement favorable, des infrastructures et le développement des applications pour tous les secteurs socio-économiques, le pays s’est doté de son propre agenda du développement numérique 2020-2025. Parmi les objectifs : l’accès de tous les Mauritaniens à un internet haut débit à un coût abordable (au moins 6Mbs) où qu’ils soient, la dotation d’un accès GSM pour l’ensemble de la population, ou encore la production de contenus nationaux, dont 30% au moins sont hébergés en local. Présent à la première édition du Gitex Africa, Moctar Ahmed Yedaly a accordé une interview à Cio Mag, où il évoque notamment l’importance du renforcement de la cybersécurité, afin d’accélérer la transformation numérique de toute l’Afrique. Entretien.
Cio Mag : Monsieur le ministre, vous étiez présent à la première édition du Gitex Africa, organisée à Marrakech fin mai 2023. Quel était l’objectif de votre déplacement et qu’en avez-vous retenu ?
Moctar Ahmed Yedaly : Je suis venu au Gitex Africa, principalement pour deux raisons. La première raison concerne bien sûr l’aspect « business ». Nous avons pu échanger avec des partenaires dans un objectif précis et signer un MoU avec G42 pour le développement d’un Cloud National en Mauritanie.
Mais l’idée de ce déplacement était aussi de voir l’état d’évolution des startups dans le domaine de la transformation numérique en Afrique. J’ai été agréablement surpris, même si certains peuvent considérer l’écosystème du continent comme étant encore embryonnaire. De mon côté, j’ai été ravi de voir le potentiel de ces jeunes entrepreneurs africains, qui œuvrent dans différents domaines. Nous avons aussi pu mettre en place une collaboration particulière avec certaines initiatives, venues de toute l’Afrique, ou encore échanger avec des financiers des pays du Golf. J’espère que cela aboutira à des projets bénéfiques pour notre pays.
Cio Mag : Vers quels pays ou régions la Mauritanie regarde-t-elle aujourd’hui pour développer sa transformation numérique ?
Moctar Ahmed Yedaly : En ce qui concerne les investissements et les partenaires potentiels pour la Mauritanie, nous regardons droit vers l’Europe et les pays de l’Asie, surtout ceux du Golfe. Quant à la collaboration, je suis, pour ma part, plutôt porté sur la collaboration africano-africaine. Il nous faut désormais mutualiser les moyens entre les pays du continent, que nous puissions nous soutenir pour faire avancer la transformation digitale dans nos pays.
Cio Mag : Vous étiez également présent aux Assises de la transformation digitale en Afrique (ATDA), à Madagascar, où vous avez eu l’occasion de porter la voix de la Mauritanie auprès de vos pairs, notamment lors du Conseil des ministres du numérique organisé par l’Alliance Smart Africa, en marge des Assises. Quels messages avez-vous partagé à cette occasion ?
Moctar Ahmed Yedaly : Aux ATDA, j’ai eu l’opportunité de faire une proposition très importante, en ce qui concerne l’adoption et la mise en place d’un agenda pour le renforcement des capacités africaines. La proposition a été adoptée à l’issue du Conseil des ministres de Smart Africa. Ce renforcement des capacités est spécifiquement orienté sur la question de la cybersécurité. Aujourd’hui, les infrastructures et les applications sont en train de se développer, mais il est certains qu’elles doivent être sécurisées. Nous devons avoir tous les talents nécessaires pour protéger nos transactions. La protection des données et la cybersécurité sont des questions primordiales, une condition sine qua non de la révolution numérique, partout en Afrique.
Cio Mag : D’autres chantiers prioritaires pour la Mauritanie ?
Moctar Ahmed Yedaly : Je vais simplement résumer : infrastructures, infrastructures, et infrastructures !
Propos recueillis par Camille Dubruelh