Le think tank de prospective et d’innovation des industriels de la mobilité Futura-Mobility a organisé ce 10 juin, un Webinaire exposant sur la façon dont l’innovation peut répondre aux enjeux des mobilités africaines. Product manager spécialiste de la mobilité, Stéphane Eboko est intervenu sur le sujet, en même temps que Marita Walther et Yohnny Raich, promoteurs de plateformes d’innovation pour la mobilité africaine.
Pour Stéphane Eboko, les défis liés aux nouvelles mobilités africaines sont de plusieurs ordres : des investissements relativement faibles en infrastructures et en logements ; des villes surpeuplées et fragmentées du point de vue du mode de transport et de l’accessibilité. Des villes déconnectées à cause des disparités entre les quartiers à forte capacité économique et d’autres plus défavorisées ; et le coût relativement élevé des services publics pour les populations à faible revenu.
Leurs impacts sont tous autant importants : « la non-accessibilité du coût du transport public aux populations défavorisées, un transport public classique relativement faible, un transport informel accru et un faible pourcentage des véhicules personnels dans le transport souvent réservé aux catégories socio-professionnelles importantes », fait remarquer celui qui a été directeur Business Development dans plusieurs start-ups de mobilité en Afrique.
Réduire les disparités sociales
En effet, l’Afrique représente aujourd’hui le continent le plus peuplé après l’Asie et se positionne comme le plus jeune au monde, avec une urbanisation fulgurante. Selon des statistiques, d’ici à 2025, 14 métropoles africaines auront plus de 5 millions d’habitants et une population de 200 millions de personnes en zones urbaines.
La jeunesse du continent et le contexte de surpeuplement de l’Afrique favorisent de nouveaux paradigmes sur le digital et des technologies démocratisées. Ce qui fait des défis des nouvelles mobilités africaines, le terreau aux innovations à l’instar d’Ebikes4Africa, une entreprise sociale spécialisée dans l’autonomisation des communautés locales grâce à la mobilité électrique et aux services solaires. Selon sa co-fondatrice Marita Walther, Ebikes4Africa a conçu des vélos électriques rechargeables à base de solaire et accessibles en zones rurales et urbaines en Afrique.
Pionnier dans le domaine en Namibie et en Afrique, Ebikes4Africa ambitionne à travers cette innovation, d’amoindrir les émissions de CO2 et la dépendance aux combustibles fossiles afin de réduire les disparités sociales pour une meilleure mobilité. Ebikes4Africa fait ainsi la promotion du développement durable en s’appuyant sur des projets de développement de vélos électriques dans les secteurs tels que : l’écotourisme, la protection de la faune ; et en faveur des entrepreneurs, des zones rurales, etc.
« Encourager la non-mobilité »
« Nous sommes de facto la source de données sur la mobilité des plus grandes villes à revenu faible et intermédiaire du monde. Dans une même ville, des dizaines de milliers de véhicules peuvent transporter des centaines de milliers de personnes chaque jour, avec peu ou pas d’informations sur les opérations. » Yohnny Raich a pitché WhereIsMyTransport, une entreprise qui veut autonomiser les personnes, peu importe le lieu où elles souhaitent se rendre. Pour ce faire, elle utilise les données et la technologie pour développer des solutions pour une mobilité urbaine durable.
Grâce à la cartographie, WhereIsMyTransport a recueilli des données sur les réseaux de transports publics formels et informels en Afrique dans 34 villes africaines. Sur la base de ces informations, « nous rendons les transports publics plus accessibles, plus prévisibles, plus faciles à naviguer et plus sûrs à utiliser pour tout le monde, partout », peut-on lire sur la plateforme de l’entreprise. Toutefois, Stéphane Eboko a trouvé une solution toute faite : « encourager la non-mobilité, c’est aussi une manière d’innover dans la mobilité. »
Michaël Tchokpodo, Bénin