« A game of Mind » ou « le jeu d’esprit » est le thème choisi pour la deuxième édition du Casablanca Chess Week (CCW), qui s’est tenue du 30 mars au 2 avril, et ambitionne de faire découvrir aux Casablancais ce jeu millénaire et encourager sa pratique. Organisé par la Bourse de Casablanca et Casablanca Events & Animation, cet événement culturel a mis en avant, cette année, le côté intellectuel de cette discipline sportive, notamment sa contribution dans la compréhension et le développement de l’intelligence artificielle.
(Cio Mag) – « Le jeu d’échecs est un outil de mesure et un benchmark pour l’intelligence artificielle », a souligné Tarik Senhaji, Directeur Général de la Bourse de Casablanca lors de la cérémonie d’ouverture de CCW, qui a vu la participation de maîtres joueurs d’échecs nationaux et internationaux, ainsi que des officiels de divers secteurs liés à l’écosystème des échecs, à savoir le numérique, l’éducation, l’économie, etc.
L’IA, hommage au jeu d’échecs
En 1997, la victoire du programme Deep Blue sur le champion du monde d’échecs Garry Kasparov marque un tournant dans l’histoire de l’affrontement homme-machine autour du jeu d’échecs, considéré comme le jeu intelligent par excellence.
Shameed Sait, Expert indien en IA a expliqué que « le jeu d’échecs a inspiré le développement de l’intelligence artificielle et a marqué une étape importante dans le développement des programmes capables de battre des champions humains dans des jeux complexes ».
L’expert qui représente le corps scientifique dans cette édition, a indiqué que « les pionniers de la programmation informatique comme Alan Turing, John Von Neumann, etc. étaient très obsédés par les échecs, et pensaient que si nous pouvions créer un programme informatique qui pourrait jouer au même niveau que l’humain, nous serions en mesure de découvrir quelque chose de vraiment important sur l’intuition et la pensée humaine. Or, nous avons découvert, après la victoire de Deep Blue, que les systèmes spécialisés peuvent atteindre des niveaux surhumains dans le jeu d’échecs ».
L’intelligence artificielle, grand maître d’échecs
« Les joueurs humains ont dû s’adapter à la supériorité de la machine, mais cela a également amené de belles opportunités. La technologie a considérablement accru la popularité du jeu et sa pratique », a déclaré GM Bachar Kouatly, ancien Vice-Président de la Fédération Internationale des Échecs (FIDE).
L’intelligence artificielle est en effet capable de jouer aux échecs à un niveau très élevé. « Au fil des ans, l’IA a révolutionné le jeu d’échecs, repoussant les limites et façonnant notre façon de penser et d’élaborer des stratégies. De la victoire de Deep Blue contre Garry Kasparov aux triomphes plus récents d’AlphaZero, l’intelligence artificielle a été une force inspirante pour les joueurs et les fans », a précisé Shameed.
Ainsi, la cohabitation entre humain et l’IA est une réalité dans le monde des échecs, où les meilleurs joueurs humains se mesurent à des programmes d’échecs très avancés.
Le streaming d’échecs en plein essor
En outre, avec l’avènement des plateformes de streaming, les échecs sont devenus plus accessibles et populaires. GM Bachar a souligné que « le streaming a rendu les échecs plus accessibles aux jeunes générations et a favorisé la pratique du jeu », ajoutant que « le streaming d’échecs a été une bouée de sauvetage pour la communauté des échecs pendant la pandémie de Covid-19, offrant un moyen de se connecter et d’initier de nombreux événements d’échecs en ligne ».
Le streaming a également contribué à un changement dans le format classique des échecs, en particulier en ce qui concerne la réduction du temps de réflexion pour les joueurs. Les parties d’échecs rapides et blitz (parties avec un temps de réflexion très court) sont devenues plus populaires en raison de leur attrait pour les spectateurs en ligne. « Si les échecs veulent atteindre la masse, ils doivent passer par un contrôle du temps plus court et s’adapter au monde d’aujourd’hui », a noté GM Judit Polgàr, la plus grande joueuse d’échecs féminine de tous les temps.