Panne d’internet en Afrique de l’Ouest : Ange Kacou Diagou prône la résilience via des réseaux hybrides

Face à la presse ce lundi 25 mars, Ange Kacou Diagou, fondateur et CEO de New Digital Africa (NDA), a analysé le récent black-out internet qui a paralysé plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, et prôné l’adoption de réseaux d’accès internet hybrides (câble sous-marin et satellite) pour gagner en résilience.  

(Cio Mag) – Pour l’entrepreneur technologique, adopter un réseau hybride combinant au moins deux différents réseaux d’accès qui ne prennent pas leurs sources au même point permettra d’éviter le black-out internet qui a affecté l’économie d’une dizaine de pays d’Afrique de l’Ouest le jeudi 14 mars dernier.  

« Nous conseillons d’avoir des réseaux hybrides, c’est-à-dire avoir au moins deux opérateurs différents pour assurer leur continuité mais plus précisément avoir deux médias différents, des médias qui ne prennent pas leurs sources au même point », a préconisé le CEO de NDA au cours d’une conférence de presse organisée lundi dernier à Abidjan.

Des risques d’interruption à mitiger

Ange K. Diagou a fait remarquer que les connectivités terrestres, qu’elles soient par fibres optiques, 4G ou 5G, prennent toutes leurs capacités internet principalement à travers les câbles sous-marins. Peu importe le fournisseur d’accès internet, ces réseaux peuvent toujours être impactés sérieusement par des coupures de câbles sous-marins. Par conséquent, avoir un réseau hybride en liaison principale avec des capacités provenant des câbles sous-marins et en liaison secondaire avec des capacités provenant d’un satellite permettra de mitiger les risques d’interruption et d’assurer la continuité d’activité, signe de résilience.

Selon le conférencier, la connectivité dans le monde transite à 99% par les câbles sous-marins et entre 1 et 2% par les services satellitaires. Ce qui fait des câbles sous-marins un point critique pour la connectivité du continent mais surtout pour les organisations qui opèrent dans la région.

Qui plus est, des pays comme la Guinée et le Liberia sont connectés à un seul câble sous-marin. Certains pays de l’hinterland tes que le Burkina Faso et le Mali sont dépendants des infrastructures des pays côtiers, toutes choses pouvant occasionner des points de discontinuité.

« La Côte d’Ivoire comme le Ghana, le Nigeria sont des pays super-résilients en termes de connectivité parce qu’on a quand même quatre câbles sous-marins qui arrivent dans ces différents pays. Mais la sécurité n’est jamais à 100%. [Et] malheureusement, ces câbles ont été affectés au même moment », a expliqué le CEO de NDA. Ajoutant que des dysfonctionnements de ce genre peuvent être liés au cycle de vie des équipements, à des phénomènes naturels (glissements de terrain en mer), des travaux pétroliers et bien d’autres facteurs.

L’Afrique n’est pas la seule géographie à connaître ces incidents qui peuvent survenir tous les deux ou trois ans. Toutefois, assurer la continuité des services internet sur ce continent en pleine transition digitale, revêt un enjeu majeur pour les autorités publiques et les chefs d’entreprises. D’où l’importance des réseaux hybrides combinant des technologies d’accès internet par câble sous-marin et par satellite.

Satellite LEO

« Le satellite a connu de grosses révolutions ces dernières années avec l’avènement des satellites LEO (de l’anglais Low Earth Orbit traduit en français par Orbite terrestre basse ou OTB, ndlr) », a poursuivi l’analyste, précisant que l’atout du satellite a toujours été son fort taux de disponibilité qui est de 99,85%.  

« C’est très rare d’avoir des problèmes de coupure sur des satellites parce qu’il n’y a pas d’intermédiaires entre les différents points. Contrairement aux câbles sous-marins où de chez vous aux infrastructures terrestres, dans la ville ou dans le pays, il y a des câbles sous-marins qui doivent atterrir dans différents pays jusqu’à joindre les données que vous cherchez à consulter. »

Selon M. Diagou, les pertes financières dues au black-out du 14 mars dernier peuvent s’estimer à plusieurs milliards de francs CFA. « Plusieurs entreprises ont été impactées, tous les secteurs d’activité, avec un gros ralentissement de leurs business. »

Anselme AKEKO

Responsable éditorial Cio Mag Online
Correspondant en Côte d'Ivoire
Journaliste économie numérique
2e Prix du Meilleur Journaliste Fintech
Afrique francophone 2022
AMA Academy Awards.
En savoir plus

View All Posts

Pin It on Pinterest