Le développement de l’entrepreneuriat en Afrique. Une cause chère au Mouvement des entreprises de France (MEDEF) dont le fer de lance sur le terrain reste l’AGYP, Association for Growth and Young Programs. Entendez par là « Programmes pour la croissance et la jeunesse active ». Pierre Gattaz, président du MEDEF, nous en dit davantage.
CIO Mag : Pierre Gattaz, vous êtes le président du Medef, quel est le sens de votre participation à Afrobytes ?
Pierre Gattaz: Le sens de notre participation, c’est tout simplement que ce sont des jeunes formidables qui ont créé cette association Afrobytes pour aider à développer l’entrepreneuriat en Afrique. C’est une cause qui m’est chère et qui est chère au MEDEF. Pourquoi ? Parce qu’il faut développer le continent africain, l’accompagner. Ce continent va passer d’1 milliard d’individus à 2 milliards. Il y a des richesses incroyables non seulement dans la terre, dans le sous-sol mais il y a des richesses d’hommes et femmes.
Ayant été plusieurs fois en Afrique depuis quelques années maintenant, je suis surpris, enthousiaste de voir ces jeunes africains qui ont développé des produits nouveaux, des logiciels, des applications comme par exemple au Kenya cette application bancaire sur Smartphone extrêmement simple, sécurisée qui fait un carton (ndlr M-Pesa). Je trouve ça formidable. Et donc, en effet, il y a un potentiel d’entrepreneuriat qu’il faut accompagner, qu’il faut développer ; c’est ça le sens d’Afrobytes, et le MEDEF, c’est la maison des entreprises de France ; je crois que la France peut aussi accompagner, d’ailleurs elle a un rôle particulier en Europe par rapport à l’Afrique, par notre histoire, le fait que 40% des Africains parlent français, ce qui est fantastique.
Je crois que la France doit avoir un rôle d’accompagnement de toutes ces initiatives formidables de ces jeunes qui vont contribuer quelque part à ce que les développements locaux se fassent. On va créer de l’emploi local en Afrique, créer des entreprises locales et il faut organiser les écosystèmes bancaires et financiers autour de tout ça.
Dans cette collaboration entre la France et l’Afrique, entre les entreprises françaises que vous représentez et vos homologues africains, comment peut se faire ce pont ?
Ça peut se faire par délégation de terrain. Moi je crois beaucoup au terrain et aux actions concrètes. Les entrepreneurs sont des gens concrets. J’ai emmené des dizaines d’entrepreneurs au Maroc, en Côte d’Ivoire, au Nigeria. Je les amène au Kenya en fin d’année, et à chaque fois, c’est entre 50 et 100. Et progressivement, ils rencontrent des gens, ils discutent, ils font des partenariats, ils commencent un projet. Je pense que c’est comme ça cela doit se faire. Plus on aura d’entrepreneurs qui ont des PME qui viendront en Afrique pour faire du business localement, s’implanter localement, et développer des partenariats, mieux on se portera et mieux le continent africain aura une chance autour de ces entreprises de se développer localement encore une fois.
Au sein du MEDEF, quelles sont les initiatives menées en Afrique ?
Il y en a une très belle. On a créé une association qui s’appelle ”Association for Growth and Young Programs” (AGYP) – programmes pour la croissance et la jeunesse active-. Nous avons organisé des présences physiques, des forums physiques ; il y a eu un en décembre 2016 ; un à Bamako en janvier dernier ; il y en aura un au Kenya en novembre prochain. L’idée, c’est de réunir des centaines de milliers de personnes, de jeunes entrepreneurs, la diaspora africaine en France ou française en Afrique, des financiers, pour qu’ils se rencontrent, qu’ils discutent et qu’ils se voient.
Nous faisons la même chose sur forme digitale. Nous les connectons à une plateforme via un compte, plateforme AGYP, qui permet là aussi par réseaux sociaux de trouver des idées, des concepts, des partenaires, des financiers, de s’entraider.
Troisième chose, nous faisons de l’éducation. L’AGYP a aussi pour mission de former des jeunes à l’entrepreneuriat. Nous avons commencé avec des jeunes de quartiers français pour former ces jeunes qui ont un rêve d’être entrepreneurs. On les forme ici au MEDEF et on les accompagne pendant un an. Là encore avec des contacts et des réseaux et puis des délégations en Afrique.
Un mot sur le Digital African Tour 2017 ?
Je pense que l’initiative est louable, c’est tout ce qui permet d’accompagner, de faire comprendre les mutations. L’un des changements aussi de l’Afrique et du monde en général, c’est le numérique. Le numérique va permettre de discuter, de créer de nouvelles applications, de faire des MOOC à nos jeunes africains et pour apprendre des choses au monde entier. Tout va changer, tout va être plus simple, tout va se faire aussi sur les portables et votre magazine semble tout à fait intéressant parce qu’il permet aussi d’expliquer ces mutations. Bravo !
Propos recueillis par David GUEYE