(CIO Mag) – La Mauritanie renoue avec les élections, samedi 22 juin. Les 4 millions 500.000 citoyens sont appelés à choisir leur président de la République. Et pour la première fois, on devrait assister à la première transition démocratique entre un Chef de l’Etat sortant et son successeur élu dans un pays régulièrement secoué par des coups d’Etat. Et c’est là sûrement où réside le mal : instable, tout sauf un bon élève, en démocratie, Nouakchott, n’est pas un champion, non plus, et particulièrement, dans le respect des libertés dites fondamentales.
L’affaire du blogueur Cheikh Ould Mohamed Ould Mkeitir, toujours poursuivi pour avoir publié un billet jugé blasphématoire quoique ayant déjà purgé sa peine, est symptomatique de la triste tournure des événements sur place. Lors d’une conférence de presse de bilan, le président sortant Mouhamed Ould Abdel Aziz empêché par la Constitution de se représenter, a tenté de justifier l’emprisonnement du célèbre blogueur par “sa sécurité personnelle aussi bien que celle du pays”, invoquant un trouble à l’ordre public, comme rapporté par le site du journal Le Monde. Des propos “choquants” selon l’avocate de Cheikh Ould Mohamed Ould Mkeitir qui invite le futur président de la République à en faire une de ses priorités.
Mais l’espoir devrait-il être possible dans une Mauritanie foncièrement inégalitaire et conservatrice. Une situation qui ne risque pas de changer avec le favori du scrutin de ce week-end qui n’est rien d’autre que l’ancien ministre de la défense du président Aziz. Mouhamed Ould Ghazouani qui bénéficie du soutien de son ex-patron va-t-il réformer le pays de Mokhtar Ould Dada et le faire davantage coincider avec les aspirations démocratiques d’une partie de la population et des pays voisins comme le Sénégal ? C’est toute la question. Sauf que l’instabilité légendaire (des coups d’Etat entre 1978 et 2008) n’est pas pour arranger les choses.
Elimane, Dakar