Savoir s’informer et communiquer est une condition impérative pour la croissance des entreprises, pour les petites comme pour les grandes. Et l’Afrique n’échappe pas à cette réalité.
La crise du COVID-19 a créé des tendances qui vont s’inscrire dans la durée. Mais certains constats réalisés avant la période du COVID-19 demeurent. Selon plusieurs études concomitantes, près de 50% des échecs entrepreneuriaux s’expliqueraient par une absence de marché pour les produits/services mis en vente. Mais derrière cet état de fait, une autre raison se cache: c’est le manque d’informations. «La technologie est une solution à partir du moment où les communautés adhèrent aux vertus. Mais si vous ne connaissez pas les règles culturelles qui régissent les sociétés, vous n’avez aucune chance de réussir», nous explique Jean-Louis Portella, directeur du cabinet Vizeum Consulting basé à Brazzaville.
S’il est pour l’heure compliqué de comptabiliser le nombre d’entreprises qui ont fermé leur porte en 2019 sur le continent africain, la tendance est plus claire en France. Selon BPI France, 700 000 entreprises ont été créées l’an dernier en France pour un taux d’échecs avoisinant le seuil des 80%. Selon le cabinet Agiloya basé en Côte d’Ivoire, les entrepreneurs qui connaissent l’échec ne s’informent pas assez. «Les grandes entreprises, qui connaissent également des échecs, investissent massivement dans la connaissance. Cela représente souvent un cinquième de leur budget», explique Aniela Ve Kouakou, directrice du cabinet Agiloya. Certaines entreprises à l’instar de Samsung ont ainsi opté pour des méthodes plus radicales. «Pendant près de deux années, la multinationale sud-coréenne a payé une personne qui était chargée d’observer et analyser les habitudes culturelles et comportementales des acteurs du marché sénégalais», explique-t-on au sein de Deloitte. Dans la même logique, l’entreprise Coca-Cola a affirmé investir près de 7 milliards de dollars par an dans la communication et l’information.
A une autre échelle, les startups africaines ont pris conscience de l’enjeu. Jumia Cameroun investissait ainsi près de 30 000 euros par an dans la communication et l’information. «Informer les personnes sur les services revient à s’informer aussi sur les profils des consommateurs. A tous les étages, il nous fallait s’informer en parcourant les sites internet – presses – réseaux sociaux – déplacements aux forums», explique Simon Mbelek, ancien directeur communication au sein de Jumia Cameroun qui a aujourd’hui lancé sa propre startup nommé Brand Spark. Les géants de la Tech mondial investissent également des sommes colossales dans le secteur de l’information-communication. Selon le cabinet d’étude de marchés Kantar, le groupe Facebook a investi près de 400 millions de dollars dans ce secteur aux Etats-Unis. Plus récemment, Facebook Afrique francophone a vu le jour et le groupe dirigé par Mark Zuckerberg n’a pas lésiné non plus sur les moyens financiers. Selon plusieurs spécialistes, les investissements oscilleraient entre 4 et 5 millions de dollars que le groupe aurait investi dans le domaine de la communication-information.
Les wébinaires: source à investissements
Une communication efficace est une information qui trouve son destinataire. Cette vérité n’a jamais été démentie et ce ne sont pas les confinements multiples à travers le monde qui démontreront le contraire. Les wébinaires ou forums en ligne se sont multipliés ces dernières semaines. «Ils permettent de nous réunir à distance, en nombre, sans contraintes de frontières», résume Yann Cédric Lohoré, fondateur de Young Job Network à Abidjan. Si certaines plateformes comme Kingui Visio fondée par Amadou Diawara au Mali tiennent la route et multiplient les conférences, c’est aussi parce que les organisateurs investissent dans la communication. «Il ne faut jamais tout reposer sur la technologie», assène-t-il. Les Facebook, Google Adds ont donc toujours la côte pour être visible car communiquer, c’est donner la possibilité aux autres de s’informer sur vous. «Communiquer ou acheter des espaces publicitaires dans les médias généralistes ou spécialisés, c’est vous laisser l’opportunité d’être visible et d’attirer des partenaires de qualité pour la croissance de votre entreprise», détaillent Elhadi Benmansour – l’un des deux fondateurs de la startup Hackbon. Cela permet ainsi d’éviter les échecs dans les wébinaires en raison du faible nombre d’inscrits.
Le choix entre les bonnes informations sources de croissances
Si l’exploitation d’une bonne information est capitale pour créer des relais de croissances, une mauvaise information peut être tout aussi fatale. Cette réalité est aussi vraie pour les entrepreneurs que les investisseurs. «Lorsqu’on parle de Tech africaine, certains investisseurs non africains ont parfois des préjugés – estimant que l’environnement est trop hostile pour assurer une croissance», assure-t-on au sein de Partech Africa. Et pour preuve: alors que le magazine Fortune affirmait que 90% des startups échouaient, la tendance est complètement inversée en Afrique de l’ouest. Selon un rapport un rapport intitulé West African Startup Decade de TechPoint Africa, seulement 6% des startups qui ont levé un million d’euros ont fait faillite contre 90% pour les startups occidentales. Savoir s’informer permet donc aussi de chasser les idées reçues au profit d’une croissance positive pour les entrepreneurs…Et les investisseurs.