(CIO Mag) – En accueillant la seconde séquence des Assises de la Transformation Digitale en Afrique, Abidjan, la capitale ivoirienne, a offert un plateau à plusieurs acteurs du numérique pour lancer le débat sur les choix que l’Afrique pourrait faire dans la réflexion autour des enjeux des Smart Cities. Des experts, dans un débat enrichi, en interaction avec la salle, ont proposé des axes de réflexion sur les villes de demain en Afrique.
De ce panel, il ressort que les smart cities ne sont pas en opposition aux “villes bêtes” ; parce que ces dernières n’existent pas, pour reprendre les termes d’Etienne Dugas, président de la Fédération des Industries des réseaux d’Initiative Publique (FIRIP). Ce qu’il faut aussi retenir de ces discussions sur les smart cities en Afrique, c’est l’unanimité d’une réalité selon laquelle il n’y a pas de solution toute faite qui marche partout ! Voilà donc qui lance le débat sur quel modèle adopter en fonction de la spécificité des villes africaines et les priorités de développement ; l’Afrique prise ici non pas comme une seule entité, mais bien dans toute sa complexité et sa diversité.
Le décor planté par l’ANSUT de la Côte d’Ivoire
Au cours de ce panel, l’Agence Nationale du Service Universel des Télécommunications-TIC (ANSUT) de la Côte d’Ivoire a donné une vue globale des politiques actuelles et des projets en cours dans le pays. Un point de départ pour planter le décor. Euloge Kipeya Soro, DG de l’ANSUT, est revenu sur les enjeux, à savoir « apporter une accélération et une consolidation du développement économique viable des villes, contribuer à l’atteinte des ODD et définir un modèle de financement des projets et de leur pérennisation » ; avec sept axes : le cadre réglementaire et juridique, les infrastructures, l’accessibilité, le contenu, les ressources, le financement et la sécurité pour la confiance numérique, a rappelé Euloge Soro.
L’expertise proposée à l’Afrique
Le panel animé par Stéphane Lelux de Tactis, Alain Rizzi de Sogetrel, Mariane Brunat de Sofrecom, Philippe Baudouin de l’Idate a proposé à l’Afrique la planification, « pour ne pas tomber dans les mêmes erreurs », comme le dirait Stéphane Lelux. Il s’agit donc pour le continent de penser ses villes de demain, selon les besoins, les réalités de chaque pays, les priorités et le choix des populations. Dans sa note introductive au panel, Etienne Dugas a précisé déjà l’importance que la Smart City soit le résultat de ce que les habitants définissent comme telle ! Une autre manière de dire que « la smart city, c’est pour faire du bon sens !» Le schéma directeur, les infrastructures, les orientations, les services, le débit, les usages…. Ces points sont à ne pas perdre de vue dans les politiques. Ce qui est primordial dans la construction des smart cities, c’est le rapprochement des citoyens entre eux d’une part, et d’autre part le rapprochement des services des citoyens. Prise comme telle, il n’existe donc pas de solution unique.
Au départ du processus, l’Afrique devrait penser, entres autres, infrastructures, financements, usages… il faut « avancer selon les cultures, les priorités ».
Ce qui paraît le mieux censé pour Philippe Baudouin, c’est qu’il faut « la prise en compte des grands projets d’aménagement urbain qui peuvent répondre à l’urbanisation croissante en Afrique ». « Comment alors donner du sens à un territoire de vie », la question reposée par Marianne Brunat rappelle qu’il faut « apporter la meilleure qualité de vie au public, l’efficacité des services publics, l’attractivité par le digital et le développement durable». « Mettre des solutions à l’intérieur des réseaux, avec des objets connectés pour la smart city », c’est possible a rassuré Alain Rizzi de Sogetrel pour des pratiques numériques qui transforment donc les territoires en Afrique. Réfléchir à la structuration globale, incluant les villes mais aussi et surtout les zones difficiles d’accès ; pour l’Afrique, c’est une nécessité de combiner les stratégies de transformation numérique de ses territoires. « Il ne faut pas séparer les villes des villages », a recommandé le panel ! Et cela doit se faire en tenant compte de la spécificité de chaque territoire.
Souleyman Tobias,
Depuis Abidjan, en Côte d’Ivoire