Wifi zone : au Togo, des associations de consommateurs dans la pédagogie

Trois associations de consommateurs ont initié, mercredi 12 septembre, une rencontre d’information à l’intention des acteurs de services wifi zone à Lomé (Togo). Paniqués depuis l’annonce de la réglementation de l’activité par l’Arcep-Togo, ces acteurs avaient besoin de cerner les enjeux de la décision du régulateur. L’initiative des associations des consommateurs a permis de faire bouger les lignes.

(Cio mag) – L’Association togolaise des consommateurs (ATC), la Ligue des consommateurs du Togo (LCT) et le Mouvement Martin Luther King (MMLK) adoptent une démarche pédagogique pour expliquer aux prestataires de wifi zone les enjeux de la réglementation du secteur. Longtemps restée sans contrôle, l’activité va être encadrée, a annoncé le régulateur, donnant trois mois aux acteurs de se conformer aux textes. Plusieurs points de la décision de l’Arcep ont été expliqués aux premiers acteurs réunis mercredi à Lomé.

Trois points clés

D’abord, l’initiative prise par les associations des consommateurs a permis de mettre le régulateur en face des acteurs de wifi zone, une première. Ce qui a permis à l’Arcep de réitérer le fait que « l’activité de wifi zone est licite au Togo. » Une fois ce premier doute levé, les débats ont porté sur les conditions fixées par le cadre réglementaire.

Ensuite, les débats se sont poursuivis, entre autres, sur l’obligation de déclarer l’activité auprès du régulateur et de s’acquitter d’un frais de 100 mille francs CFA. Ce point a particulièrement suscité des commentaires dans l’opinion. Dans leur précision, les représentants de l’Arcep ont expliqué qu’il s’agit d’un montant unique pour les prestataires. Il permet d’obtenir un agrément valable pour l’ensemble des activités d’un prestataire. Si les associations des consommateurs envisagent de faire des plaidoyers pour la baisse du montant, il était important de clarifier qu’il ne s’agissait pas d’un montant mensuel ni d’un montant en fonction du nombre de points de wifi zone installés par un acteur.

Relire – L’Arcep Togo réglemente l’exploitation des wifi zones

Enfin, les précisions ont concerné l’installation des pylônes. « La manière dont l’activité s’opère s’apparente à un déploiement de réseau », a noté Ama Vinyo Capo, directeur Marchés et Régulation par la donnée à l’Arcep. Or, l’alinéa 3 de l’article 3 de la décision N°132/arcep/DG/DJPC/23 portant encadrement de l’activité de wifi zone au Togo signée le 12 septembre 2023 stipule : « l’implantation de pylône en vue de la fourniture des services de wifi zone est interdite. » Selon l’Arcep, les textes sont clairs. Pour installer des pylônes, il faut être un opérateur ou un FAI avec une licence. Ce qui est loin d’être le cas des wifi zones considérées comme des activités à valeur ajoutée. Le régulateur tient donc à jouer avec équité son rôle, celui de « protéger le marché et de protéger l’intérêt des consommateurs », a expliqué M. Capo. De même, l’érection des pylônes exige le respect de certaines normes et  des contrôles. C’est ce qu’a ajouté Kader Ouro-Agoro, directeur des Affaires juridiques et de la Protection des consommateurs à l’Arcep. Ce, afin de préserver les populations des dangers des radiations etc.

Le wifi zone, au-delà de l’impact économique

Pour comprendre le contexte de cette réglementation et mettre l’accent sur l’utilité de ces wifi zones pour les populations, les associations des consommateurs ont fait appel au docteur Djagri Tindjo, enseignant-chercheur en développement et changement social à l’Université de Lomé. Ce dernier a relevé les fonctions non-négligeables des wifi zones pour les pays en voie de développement. « Elément clé de la croissance économique, le wifi zone s’est avéré un élément essentiel à l’innovation qui permet aux pays en développement de pousser leurs économies », a soutenu Dr Tindjo.

« La restriction du wifi zone serait un coup dur pour la population. Il est essentiel de réfléchir au rôle important que joue le Wi-Fi pour connecter villes et communautés, tout en reconnaissant sa capacité à accélérer le développement socio-économique et à promouvoir une connexion à un prix abordable pour les personnes n’en bénéficiant encore pas dans le pays », a-t-il fait observer. Mais avant, il a relevé les fonctions qu’assurent ces points de connexion, au-delà de l’impact économique. On retiendra de son intervention, trois fonctions. Selon l’enseignant-chercheur, « le wifi zone est un facteur clé de la croissance économique et ses avantages vont au-delà de l’économie. » « Le wifi  zone offre une valeur fonctionnelle. Il fournit un service essentiel aux entreprises et aux particuliers/individus mais également à l’éducation. Sa valeur sociale permet aux utilisateurs de maintenir le contact et un lien relationnel, ce qui est important pour la santé mentale; et sa valeur communautaire donne aux zones rurales et isolées accès à des services essentiels et des capacités de connexion à distance (réduire la fracture numérique dans les zones rurales et isolées). » Il n’a pas passé sous silence les emplois créés grâce à ces points de connexion.

La rencontre d’information initiée par les trois associations des consommateurs permet ainsi de trouver des pistes de réflexion afin d’améliorer le cadre réglementaire du secteur des communications électroniques au Togo. Emmanuel Sogadji, président de la Ligue des consommateurs du Togo a soutenu qu’il s’agit d’un chantier à mener ensemble avec les consommateurs togolais. Pour la sérénité les plaidoyers à venir, il était donc nécessaire, selon lui, d’apporter la vraie information à ceux dont les wifi zones sont devenues des sources de revenus. Le Mouvement Martin Luther King pour sa part, par la voix de son président Komi Edoh, a réaffirmé son engagement à veiller au respect des droits des consommateurs ; tout en les appelant à prendre conscience de la nécessité d’évoluer dans un cadre légal.

Au terme de cette rencontre d’informations, acteurs de wifi zone, associations des consommateurs et régulateur ont convenu de poursuivre les concertations pour assainir le secteur.

« L’intention de l’Arcep est d’éviter le déploiement de réseau sans licence », a insisté le directeur Marchés et Régulation par la donnée à l’Arcep, Amah Vinyo Capo.

Lire aussi – Au Togo, l’ARCEP clarifie le débat sur les Wifi Zones

Souleyman Tobias

Journaliste multimédia. L’Opendata, la transformation digitale et la cybersécurité retiennent particulièrement mon attention. Je suis correspondant de Cio mag au Togo.

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