Afrique : sans Internet, la population continuera à vivre dans la pauvreté

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(Cio Mag) – Le Rapport mondial sur les technologies de l’information 2015 du Forum économique mondial, qui a été publié hier sous le thème «Les TIC pour une croissance inclusive», prévient que «sans un meilleur accès à une connexion Internet abordable, une énorme partie de la population mondiale continuera à vivre dans un état de pauvreté numérique, privée des formidables avantages économiques et sociaux que les TIC représentent».

 

Selon le rapport, les économies en développement et émergentes du monde ne parviennent pas à exploiter le potentiel des technologies de l’information et de la communication (TIC) pour favoriser la transformation sociale et économique et rattraper les pays plus avancés. De nombreux pays n’arrivent pas à mettre en œuvre les réformes fondamentales qui pourraient augmenter la productivité, stimuler la croissance économique et élever le niveau de vie des populations.

 

L’île Maurice dépasse largement les attentes

Le rapport place Singapour en tête du classement mondial des pays prêts à la mise en réseau en 2015. C’est-à-dire, en tête des pays susceptibles d’exploiter les TIC pour générer des impacts économiques et sociaux. Cette cité-État détrône la Finlande qui occupait la première place depuis 2013, rejointe dans le top 10 par une autre nation asiatique, le Japon, qui connaît une progression impressionnante de six places par rapport à l’année précédente, arrivant ainsi en 10e position. En troisième position : la Suède. L’économie la mieux placée du G7, les États-Unis, occupe la 7e place, immédiatement suivie par le Royaume-Uni. L’Allemagne, au quatrième rang des économies mondiales, se classe 13e, en recul d’une place par rapport à l’année précédente.

L’édition 2015 de ce document identifie également un certain nombre de pays ayant fait des progrès considérables, à la fois au niveau de leurs résultats et de leur classement. Parmi eux, on trouve l’Arménie (58e) et la Géorgie (60e), qui figurent parmi les nations ayant le plus progressé depuis 2012. En dehors du Caucase, les Émirats Arabes Unis (23e), le Salvador (80e), la Macédoine (66e), l’île Maurice (45e) et la Lettonie (33e) ont tous nettement progressé au cours de la même période.
On peut également observer des débuts d’amélioration dans certains des pays les plus fragiles et les moins développés du monde. Le Burkina Faso, le Cap-Vert, le Kenya, le Lesotho, Madagascar, l’île Maurice, le Nigéria, la Tanzanie et l’Ouganda ont tous complètement libéralisé leurs marchés des TIC, alors que le Kenya et la Tanzanie commencent à ressentir les avantages de réformes similaires. «Les téléphones portables deviennent peut-être omniprésents dans le monde entier, mais la révolution des TIC ne fera pas par le biais de la voix ou des SMS. Sans un meilleur accès à une connexion Internet abordable, une énorme partie de la population mondiale continuera à vivre dans un état de pauvreté numérique, privée des formidables avantages économiques et sociaux que les TIC représentent», affirme Thierry Geiger, économiste principal au Forum économique mondial et co-auteur du rapport.

Confirmant la très forte corrélation entre l’adoption des TIC par les individus, les entreprises et les gouvernements et la capacité de générer des impacts économiques et sociétaux, le rapport souligne également que, pour créer un environnement réglementaire et commercial favorable avec des marchés des TIC concurrentiels, le leadership gouvernemental est une exigence fondamentale pour tous les pays. «La transmission à haut débit est un multiplicateur de revenus », déclare le Dr Robert Pepper, vice-président de la politique technologique mondiale de Cisco. « Afin que les TIC profitent à tous, l’adoption du haut débit doit globalement augmenter, mais surtout pour les populations à faible revenus. Les individus et les pays non-connectés sont laissés pour compte».

Dans ce contexte, l’action gouvernementale est une nécessité pour réduire les fractures numériques; toutefois, des efforts doivent également être faits pour encourager les individus à participer à l’économie numérique, soutient Bahjat El-Darwiche, partenaire de Strategy& et leader du groupe communications, Media, and Technology Practice de l’entreprise au Moyen-Orient. «Pour inciter plus de personnes à se connecter, les marchés émergents doivent assurer un approvisionnement durable de contenus numériques locaux et pertinents, ce qui implique une action coordonnée entre les principaux acteurs jouant un rôle important dans le développement de l’écosystème numérique: les gouvernements, les marques, les opérateurs et les créateurs de contenus. Le fait de proposer davantage de contenus locaux de meilleure qualité permettra de créer des emplois et d’assurer de meilleurs revenus à des millions de personnes sur les marchés émergents».

 

L’écart entre les pays ne cesse de s’élargir

Les données de l’indice NRI (Networked Readiness Index: indice de préparation aux réseaux) du rapport, qui mesure 143 économies selon leur capacité à se tenir prêts à utiliser et tirer parti des TIC, suggèrent que l’écart entre les économies les plus performantes et les moins performantes ne cesse de s’élargir. Celles figurant parmi les 10% les mieux classées ont connu un niveau d’amélioration deux fois plus élevé depuis 2012 que celles figurant parmi les 10% les plus mal classées. Cela démontre l’ampleur du défi que doivent relever les nations en développement et émergentes cherchant à développer les infrastructures, institutions et compétences nécessaires pour profiter pleinement des avantages des TIC, alors que seulement 39% de la population mondiale bénéficie d’un accès à Internet bien que plus de la moitié dispose maintenant d’un téléphone portable.

En termes de préparation aux réseaux, les progrès réalisés par les plus grands marchés émergents du monde ont été très décevants. La Fédération de Russie est la nation BRICS la mieux placée, progressant de neuf places en 2015 pour se classer 41e. Elle est rejointe dans la moitié supérieure du classement par la Chine, qui demeure à la 62e place. Tous les autres membres du groupe ont reculé, avec l’Afrique du Sud qui se classe à la 75eplace (en baisse de cinq places), suivie par le Brésil (84e, en baisse de 15 places) et l’Inde (89e, en baisse de six places). «L’exemple des BRICS n’est pas unique: beaucoup d’autres pays dont le classement s’est amélioré au cours des 10 dernières années, sont maintenant confrontés à la stagnation ou la régression.

Cela tient en partie aux fractures persistantes entre les zones urbaines et rurales et entre les groupes de revenus au sein des pays. Ces fractures excluent une grande partie de la population de l’économie numérique», affirme Bruno Lanvin, directeur exécutif de l’Initiative de compétitivité européenne et chargé des Indices globaux à l’INSEAD.
«Le rapport montre que la fracture numérique s’accroît entre les pays, ce qui est très préoccupant étant donné le rythme implacable du développement technologique. Les pays les moins développés risquent d’accumuler encore plus de retard; il faut donc prendre des mesures d’urgence concrètes pour remédier à cette situation», affirme Soumitra Dutta, doyen du département Anne et Elmer Lindseth à la Samuel Curtis Johnson Graduate School of Management de l’Université Cornell et co-rédacteur du rapport.

 

À propos de l’indice de préparation aux réseaux

Depuis 2001, l’indice de préparation aux réseaux évalue chaque année les facteurs, les politiques et les institutions permettant à un pays de tirer parti des technologies de l’information et de communication (TIC) pour une prospérité partagée. Cette évaluation est fondée sur l’agrégation de 53 indicateurs individuels regroupés en quatre rubriques principales: environnement, préparation, utilisation et impacts. Les indicateurs individuels utilisent un ensemble de données issues de sources accessibles au public et des résultats de l’Executive Opinion Survey, une enquête mondiale réalisée auprès de 13 000 dirigeants d’entreprises par le Forum économique mondial en collaboration avec son réseau de 160 instituts partenaires.

Le rapport est le fruit d’un partenariat entre le Forum économique mondial, l’INSEAD et la Samuel Curtis Johnson Graduate School of Management de l’Université Cornell. Il bénéficie du précieux soutien de Cisco et de Strategy&. Les rédacteurs du rapport sont Soumitra Dutta, doyen du département Anne et Elmer Lindseth et professeur de management à la Samuel Curtis Johnson Graduate School of Management de l’Université Cornell, Thierry Geiger, économiste principal au Forum économique mondial et Bruno Lanvin, directeur exécutif et chargé des Indices globaux à l’INSEAD.

 

World Economic Forum (Geneva)

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