Au Bénin, une sonde échostéthoscopique va bientôt révolutionner le diagnostic médical

La première édition de la Project Week 2020 organisée du 6 au 11 janvier dernier, sur initiative de l’école d’expertise informatique Epitech Bénin, a permis de recueillir les besoins spécifiques des potentiels utilisateurs de la sonde échostéthoscopique EchOpen.

(CIO Mag) – Le système sanitaire béninois tend à devenir beaucoup plus performant, grâce à l’introduction prochaine d’une sonde ultrason ultra-portable, permettant de visualiser l’intérieur du corps humain et d’afficher l’image sur une tablette ou un smartphone. L’outil est mis au point par EchOpen, un projet français inclusif avec une communauté internationale open-source et collaboratif visant à révolutionner l’examen clinique, et à faciliter la prise en charge rapide des patients, qu’elle se fasse à l’hôpital ou dans des centres de santé isolés.

En organisant la Project Week 2020, Epitech Bénin a sélectionné, en plus de ses étudiants en informatique, quelques jeunes étudiants regroupés par identité professionnelle dans les secteurs de la santé, du design et du montage de projets. Objectif : faire découvrir les besoins des acteurs de la santé, en se basant sur leur parcours d’utilisateur de la sonde échostéthoscopique dans les contextes de sages-femmes, médecine communautaire rurale, médecine hospitalière urbaine et péri-urbaine. Leur travail devait porter sur les aspects : distribution, formation, utilisation et maintenance de l’appareil.

« Recenser les besoins »

Sur le terrain, les problèmes sont de divers ordres. Il « manque d’échographes dans les formations sanitaires. Les quelques centres qui en disposent n’ont pas d’échographistes. Dans d’autres cas, il y a un échographe et un échographiste mais celui-ci ne reste pas de garde pendant 24h », révèle Léonidas Houècandé, étudiant en administration d’entreprises, dont le travail en équipe a porté sur les zones rurales. A cela s’ajoutent une perte de temps pour le diagnostic, la défaillance du système de maintenance des équipements médicaux, etc.

« L’idée, c’est de recenser tous les besoins que nous n’avons pas forcément identifié pour pouvoir les implémenter dans la solution EchOpen et arriver avec quelque chose qui va être adaptée aux sages-femmes, aux professionnels de santé dans les hôpitaux, en zones rurales et dans un contexte qui est un peu différent de celui qu’on connaît en France », informe Mathlide Matringue, community manager chez EchOpen, membre de la mission d’organisation de la Project Week 2020 à Cotonou.

Précision et rapidité

Telle que présentée, la sonde échostéthoscopique est un outil robuste à coût abordable, utilisable partout et à tout moment. Elle produit une imagerie qui peut être partagée numériquement sur un smartphone, pour obtenir l’appui à l’interprétation par des spécialistes. Néanmoins, l’échostéthoscope ne vient pas remplacer les examens complémentaires d’imagerie dont l’échographie fait partie mais permet un examen radiologique poussé par un radiologue. Mieux, il offre la possibilité de couvrir un manque d’accès à la visualisation de l’intérieur des corps dès le premier contact avec les patients et ce, par un grand nombre de professionnels de santé formés à cette approche.

Face aux propositions d’amélioration de la sonde collectées sur le terrain, les participants ont restitué le samedi 11 janvier au sein de l’Agence de Semé City, les résultats de leurs travaux à travers des pitchs devant un jury. Chaque équipe a reproduit le canevas comprenant : le parcours utilisateurs et l’identification des points de friction, le prototypage d’une offre de service et un dossier avec des recommandations techniques. Cette dernière étape a essentiellement abordé l’autonomie de la sonde, son prix et son aisance d’utilisation.

Les étudiants d’Epitech ont également réfléchi à certains aspects technologiques de la sonde : sécurisation des données, connectivité et partage des données, applications et solutions de e-learning. Sur les sept équipes participantes, MedTech a remporté le premier prix pour être aller loin dans sa présentation en proposant un prototype d’application mobile pouvant fonctionner avec l’échostéthoscope. Le prix coup de cœur est revenu à l’équipe Thanos.

« Tester la globalité du projet »

En retournant en France, Mathilde Matringue et Marie Laure Baranne auront à cœur de remonter les analyses des groupes afin de proposer la solution plus adaptée à l’ensemble des futurs utilisateurs et permettre ainsi d’atteindre les objectifs d’impact sanitaire que l’association s’est fixée et plus particulièrement au sein de l’environnement béninois, premier pays d’Afrique de l’Ouest choisi pour abriter ce projet.

« On a choisi de déployer EchOpen au Bénin parce qu’il y a un vrai engouement du pays par rapport au numérique et à la e-santé en particulier. Le Bénin représente très bien les différents contextes d’utilisation de la sonde d’EchOpen à la fois en milieu urbain, en milieu hospitalier et aussi dans les zones isolées. Cela nous permet de pouvoir tester la globalité du projet », assure Mathilde Matringue. Les phases pilotes du projet seront lancées en 2021.

Michaël Tchokpodo, Bénin

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