Les difficiles réalités de la Blockchain au Cameroun

Le Cameroun pourrait profiter de la Blockchain et ses avantages mais le pays subit des manquements qui profitent à un certain nombre de fléaux. Le point avec Benis Ngouh un spécialiste camerounais contacté par Cio Mag.

Au Cameroun, il est de plus en plus courant  d’entendre des gens interagir au sujet de la blockchain et tout ce qui va avec. Certains donnent l’air qu’il est aisé d’entreprendre et de profiter du domaine. Mais comprennent-ils réellement cette technologie ?

« Pour bien la comprendre, il faut réaliser qu’elle est innovante pour tous les secteurs d’activités dans le sens où elle cadre avec l’authenticité de l’information nécessaire dans la prise de décision. C’est la  première technologie à offrir une base de données immuable et infaillible », a expliqué Bénis Ngouh, le spécialiste et entrepreneur de la Blockchain.

Selon lui, le Cameroun par rapport au monde ne bénéficie pas encore des usages de cette technologie.

« Nous ne pouvons quasiment pas en parler dans ce pays, sauf de manière conceptuelle. Elle est comme un livre de vérité ou comme notre constitution consultable mais avec la logique informatique, » a-t-il dit.

Pour lui, le secteur peut être développé s’il a le regard objectif et compréhensif des pouvoirs publics. Il a aussi besoin d’être inséré dans les programmes éducatifs en tant que technologie innovante. Il doit être subventionné.

« Cette technologie peut avoir plusieurs avantages comme permettre de développer un système de vote infaillible, un système de collecte de recettes incorruptible, lutter contre la falsification des billets de banques grâce au code QR dans une base données immuable, faire circuler l’économie nationale à 100% sans barrières financières ou d’échanges liés aux manques de pièces de monnaie.  Les entreprises perdent de l’argent à cause de ce manque, » a ajouté le spécialiste.

Il a observé que seules quelques startups comme la sienne dénommée Optimus et développée il y a deux ans, essaient de s’impliquer en tenant compte des réelles valeurs et usages de la Blockchain. Il y travaille à rendre disponible sa spécificité. Il développe notamment une monnaie digitale pour venir à bout du problème de manque de pièces de monnaie au Cameroun. Il dispose également d’un centre d’éducation dédié à cette technologie.

« En tant que spécialiste du secteur, on est emmené à conceptualiser les use cases de la Blockchain pour entreprendre dans les secteurs tels que l’économie, la nutrition, le Banking et plus encore. Cependant, les difficultés sont majeures, la technologie est nouvelle et beaucoup trop innovante pour le niveau d’éducation digitale de nos hommes d’affaires, » a estimé Ngouh.

Marketing de réseau

Il pense que les startups consacrées à ce secteur ont l’avantage qu’il soit encore peu connu ou sous exploité pour développer autant que possible des usages dans plusieurs secteurs. Ainsi, elles peuvent contribuer d’avance à l’essor important de la technologie.

Cependant, le jeune entrepreneur reconnait qu’il ne s’agit pas d’un parcours sans difficultés. Mais la clé du succès, il la place dans « la capacité à obtenir une levée de fonds 3.0 sur internet. Ce qui n’était pas le cas quelques années auparavant ».

« Aujourd’hui, le phénomène de levée de fonds permet à une entreprise de pouvoir se mettre sur pied de manière factuelle. Mais, je conseille à ceux qui s’intéressent au  secteur, d’avoir une vision globale de ce qu’ils veulent faire de manière très concrète et de s’assurer que ce soit une idée commerciale, » a-t-il déclaré.

Parlant de commerce, il a expliqué un phénomène sur lequel les gens sont abusés sous prétexte de faire de la Blockchain.

« Le manque de connaissance profond dans ce secteur entraine la naissance de l’e-marketing, la vente multiniveau (MLM) ou le network marketing qui sont des pyramides de Ponzi où les gens investissent sans en saisir le fonctionnement. Ainsi, ils se font duper. Pourtant, la BlockChain dans son concept fondamental, ne peut être que quelque chose de positif pour une société », a-t-il rapporté.

Pour éviter de se faire prendre dans ce type de réseau, il a préconisé de « faire la différence entre les entreprises qui font du MLM, celles qui font les paiements en devises digitales et le secteur des devises digitales lui-même. »

« La Blockchain a été publiquement découverte grâce au Bitcoin il y a quelques années. Il y a un gap sur la valeur de cette monnaie entre 2008 et aujourd’hui. Sa valeur a été augmentée. Et les marketings de réseau profitent de ce développement pour promettre des gains incroyables en peu de temps. Ce qui est faux », a-t-il dit.

L’expert est convaincu que la solution se trouve dans l’éducation à travers des programmes d’enseignement spécialisés.

Aurore Bonny

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