Tunisie : Wevioo Academy joue la carte de l’adéquation formation – emploi dans les TIC

L’informatique évolue rapidement. Vivre ces changements au quotidien est une exigence pour les diplômés en TIC qui veulent se positionner idéalement sur le marché du travail. Pour relever ce défi, Wevioo Academy joue à fond la carte de l’adaptation de la formation aux besoins précis des entreprises. Reportage.

Par Anselme AKEKO, depuis Tunis

(CIO Mag) – Technopark El Ghazela, situé à Tunis. Vendredi 20 octobre 2017 en fin de matinée. Il pleut des cordes sur le pôle des technologies de la communication. Littéralement appelé « La Gazelle », le quartier héberge un réseau de cyber parcs, des entreprises et plusieurs activités basées sur les TIC, dont Wevioo Academy.

Omar Kolli, le responsable, nous accueille avec le sourire. Il sort d’un workshop. L’un des mini-projets réalisés en interne avec des diplômés en quête d’emploi. Pour renforcer leurs capacités dans des domaines spécifiques tels que le travail en équipe, la gestion de la communication ou la gestion des réunions. Cadre chez Wevioo, Omar Kolli pilotera la transformation, en six mois, de jeunes apprenants en de vrais professionnels du digital à travers un programme intensif de formations orientées projets.

«  Cette initiative de Wevioo trouve sa genèse dans un constat simple : le gap entre la sphère universitaire et le monde réel du travail ne cesse de s’élargir. Les diplômés de l’université sont formés pour les technologies d’hier avec des méthodes d’avant-hier. Le concept de Wevioo Academy s’inspire du modèle d’apprentissage dans l’industrie manufacturière. Au-delà de la technicité et des outils, tout est fait pour renforcer l’autonomie, la confiance en soi et la capacité de travail. La première phase, c’est de l’auto-formation qui porte, entre autres, sur les langages de programmation, la méthodologie agile, le monde du cloud ou le devops.

Au-delà de trois mois, des ressources (des diplômés, ndlr) qui ont donné satisfaction, selon les critères de Wevioo, sont embarquées sur des projets réels pilotés par des chefs des projets confirmés et suivis individuellement par des mentors », explique Omar Kolli.

Anselme AKEKO pour CIO Mag

Pour Wevioo, groupe international de conseil et de services informatiques créé il y a 19 ans à Tunis, l’idée est simple : si ces jeunes arrivent à la fois à performer au sein de l’entreprise et à être adoptés par leurs pairs, alors la transformation a réussi. En effet, le niveau d’exigence chez Wevioo est extrêmement élevé. Elle compte aujourd’hui plus de 300 collaborateurs et réalise la grande majorité de ses projets avec des clients européens.

Une batterie de supports de formation

Trêve de cours magistraux ou d’exercices théoriques. La méthode de formation se veut différente de ce qu’ont connu les apprenants sur les bancs de l’université. Le parcours est individualisé et se base sur l’auto-formation et l’immersion totale au sein de l’entreprise. Une retro-ingénierie des besoins en savoir et savoir-faire d’un professionnel du digital ont donné lieu à un agencement précis de MOOC, de tutoriaux, de sites de e-learning, de challenges en ligne et de workshops internes à Wevioo. Le tout est mis à la disposition de l’apprenant qui doit les consulter à son rythme.

Et M. Kolli d’ajouter que chacun des apprenants possède des objectifs clairs consignés dans sa propre fiche de suivi où sont relevés, en continu, ses performances en développement, en programmation, ainsi que les scores réalisés dans les challenges individuels ou collectifs auxquels il a participé. Un accent est mis sur le savoir être en entreprise à travers des formations spécifiques en SoftSkills et de fréquentes mises en situation.

Débouchés

Pendant cette immersion, ces jeunes tunisiens sont également évalués dans les différents Labs de l’entreprise. Notamment sur des projets d’infrastructure, de cloud et sur d’autres projets d’ingénierie logicielle. A l’issue de la formation, certains pourront intégrer l’entreprise, d’autres, se faire enrôler chez des clients finaux. Le cas échéant, certains seront recrutés dans des sociétés de développement, des banques, des sociétés d’intégration ou chez des opérateurs télécoms.

En Tunisie, plus de 25 000 diplômés TIC au chômage

Pour comprendre la portée de cette initiative lancée par Wevioo, il faut remonter aux racines du problème. « La Tunisie compte plus de 225 000 diplômés chômeurs, dont à peu près 25 000 spécialisés en informatique et beaucoup plus dans des domaines scientifiques. Le problème, c’est qu’il y a un décalage énorme entre les profils demandés par le marché et les compétences de ces diplômés», fait remarquer Maher Ferjani, Business Development et Manager Afrique chez ADACTIM, filiale de Wevioo.

Se voulant plus explicite, Maher Ferjani ajoute : « Partant de ce constat, nous avons initié d’abord une association en 2011 et dans ce cadre, nous avons pris une centaine de candidats à qui nous avons offert un premier cycle de formation subventionnée sur dix mois. Nous les avons formés sur la communication et la programmation. Et avec le temps, nous avons réussi à transformer quelques ressources en de vrais potentiels qui ont pu intégrer notre entreprise. »

Il n’en fallait pas plus pour créer un déclic au sein du Top management de Wevioo. « Et là, on s’est dit : “Tiens, nous allons industrialiser cette activité-là ; en créant Wevioo Academy, nous pouvons monter des programmes de reconversion professionnelle pour des jeunes à fort potentiel qui éprouvent des difficultés à trouver un emploi », raconte M. Ferjani, un brin satisfait de cette expérience présentée comme unique en Tunisie et sur le continent.

Perspectives de développement

Sur les perspectives de développement de Wevioo Academy, Omar Kolli révèle : « Wevioo Academy va accélérer la cadence dans les semaines qui viennent. » Il rappelle que « Wevioo Academy n’est pas une université ou un centre de formation, mais un outil puissant au service de Wevioo et de ses partenaires. A chaque fois que nous présentons Wevioo Academy à des professionnels, ils nous demandent de travailler avec eux sur leurs propres besoins pour créer des cursus spécifiques”.

“Nous avons commencé en interne avec une petite cohorte de 14 apprenants,  l’expérience est maintenant rodée, elle continue au sein de Wevioo, et la prochaine étape est de la dupliquer directement dans les locaux de nos partenaires en Tunisie, en Afrique et en Europe », a renchéri Maher Ferjani.

anselme.akeko@cio-mag.com

Anselme AKEKO

Responsable éditorial Cio Mag Online
Correspondant en Côte d'Ivoire
Journaliste économie numérique
2e Prix du Meilleur Journaliste Fintech
Afrique francophone 2022
AMA Academy Awards.
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