3 questions à Jean-Jacques Massima-Landji, représentant de l’UIT pour l’Afrique Centrale et Madagascar

  • 17 octobre 2018
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« Le numérique peut faire gagner des parts considérables en apportant cinq à dix points de croissance en moins de cinq ans. »

Comment le digital peut-il influencer les modèles économiques ?

Le digital influence l’économie en ce sens que c’est un catalyseur de croissance. Ce sont les gains de productivité qui sont issus de l’écosystème numérique qui permettent d’abonder dans l’économie au sens général, notamment en rajout des ressources pétrolières, aurifères, forestières et bien d’autres en apportant trois à quatre points de croissance. Un secteur comme l’agriculture, malgré tous les investissements et les efforts menés, n’apporte que deux points de croissance au PIB en 10 ou 15 ans. Le numérique peut faire gagner des parts considérables en apportant cinq à dix points de croissance en moins de cinq ans.

Est-ce une réalité qui peut s’adapter à l’Afrique en ce moment ?

Bien évidemment. Regardez bien la couverture globale de la téléphonie mobile dans le monde entier, pas seulement en Afrique. Dans les pays en développement en général, nous atteignons des niveaux de couverture qui varient actuellement entre 80 et 100%. Cette réalité est encore vraie dans des pays à faible population où le nombre de mobiles est plus important que la population. Cela induit de nouveaux services qui se manifestent chaque jour. J’en veux pour preuve, le paiement par mobile et la  bancarisation qui ne sont plus un handicap pour ceux qui ne pouvaient pas jusqu’ici avoir accès aux services bancaires classiques. Le fait également de cette mobilité et des avancées qui permettent d’avoir internet, la télévision, la radio sur son mobile. Tout cela est favorisé par une couverture globale du territoire facilité par l’investissement de l’Etat et des partenaires, notamment les opérateurs de téléphonie mobile.

L’avenir économique de ces entreprises naissantes n’est-il pas dépendant des modèles économiques environnants ?

Il faut savoir que sur 100 startups créées, il y en a à peine une dizaine qui survit à la loi du marché. Il y a une équation à résoudre au niveau de la commercialisation et de la compétition. Une startup peut naître d’un projet et devenir un grand groupe et continuer à prospérer au-delà de sa ville de naissance. Si cela ne marche pas, l’innovation et le génie peuvent permettre au promoteur d’aller vers d’autres horizons. L’Union internationale des télécommunications est le facilitateur de l’ensemble des régulateurs mondiaux. Nous voulons normaliser les technologies, encadrer les pays, les aider à mettre en place un développement durable. Nous travaillons également à avoir des autorités de régulation fortes, autonomes, et indépendantes qui peuvent prendre des décisions pour une compétition saine, loyale et transparente.

Propos retranscrits par Jean-Claude NOUBISSIE / Source : AM/CBT

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