Les nombreuses applications implémentées par les startupers ne sont pas utilisées par les PME camerounaises.
Les innovations des PME viendront certainement des startups locales. C’est la conviction de Mathurin Essa, un acteur de l’écosystème tech camerounais. Pourtant il existe en quelque sorte une frénésie pour les PME et TPE locales à se digitaliser. La preuve : de nombreuses applications inventées par les jeunes startupers sont à l’abandon. Par exemple, très peu de PME ont recours au moteur de recherche Njorku pour leurs recrutements. La tendance est certes à la création des sites internet mais la plupart des process ne sont pas digitalisés, à l’instar de la relation client, constate Mathurin Essa. Il en veut pour preuve la sous-utilisation des plateformes telles que Facebook ou Whatsapp pour prendre le pool des clients. Au risque pour elles de voir certaines PME disparaître ou déstabilisées si elles ne s’arriment pas à la nouvelle donne. C’est la situation que traverse Express Union en ce moment. Le géant national du transfert d’argent a vu ses parts de marché s’effriter avec la percée du mobile money, service de transfert d’argent implémenté par Orange et MTN. Express Union n’a pas su anticiper et proposer à ses clients des procédés plus simples, face à ce nouveau mode de transfert qui utilise le téléphone portable et ne nécessite pas forcément le déplacement de l’expéditeur.
Pour éviter pareilles situations, il est nécessaire pour les PME et les startups de nouer des relations solides. L’une des initiatives est la cartographie des PME. Une initiative soutenue avec l’appui de l’Agence de Promotion des Petites et Moyennes Entreprises, qui va permettre à plus de 30 000 PME de réussir leur transformation numérique avec un accompagnement personnalisé dans la création des noms de domaine, des hébergements et des services annexes pour la gestion des sites internet. « C’est intéressant pour certaines startups qui vont pouvoir faire valoir leurs services web et mobiles », apprécie Mathurin Essa. Toutefois, tempère-t-il, le dispositif s’avère difficile à implémenter au vu du peu de ressources en personnel qualifié au niveau local.
Les institutions publiques ont multiplié ces derniers temps, des initiatives à l’endroit des startups, notamment le « village Android » organisé en marge du forum « Investir au Cameroun » qui a mis en exergue quelques innovations, la carvane du Globe Trotter de l’économie numérique dont l’objet est d’accompagner les porteurs de projets dans la maturation de leurs business plans. Mais pour Mathurin Essa, beaucoup reste à faire. Il recommande notamment la mise en place des incubateurs publiques dans chaque région et une plus grande proximité entre les startups et les PME locales. C’est dans cette optique qu’il a organisé la deuxième édition du salon Econuma à Douala qui vise à rapprocher les deux catégories d’acteurs.
Jean-Claude NOUBISSIE, Cameroun