Propos recueillis à Tunis par Anselme AKEKO
Se battre aux côtés des consommateurs, des opérateurs des TIC et des startups à fort potentiel économique et créatrices d’emploi est un “serment” du ministère ivoirien de la Communication, de l’Economie numérique et de la Poste. Modibo Samaké, conseiller technique au dit ministère, a réaffirmé cet engagement au micro de CIO Mag à l’issue de la 2e édition du Salon international des TIC dédié à l’Afrique (SITIC AFRICA) qui s’est tenue du 18 au 20 avril à Tunis. Entretien.
Quel bilan faites-vous de la participation de la Côte d’Ivoire au SITIC AFRICA 2017 ?
Le salon s’est bien déroulé. On a atteint toutes les attentes qu’on avait par rapport à ce salon. On a pu également voir tout ce qu’on s’attendait de recevoir du salon. Dans le sens que le SITIC AFRICA a bien traité le thème dont il était question (NDLR : Vers des instruments financiers numériques innovants). C’est-à-dire d’abord présenter l’état des lieux au niveau de l’inclusion financière, de l’inclusion numérique de manière générale, et présenter les pistes de solution, et notamment l’un des atouts premiers que nous avons en Côte d’Ivoire et en Afrique de manière générale, qui est la pénétration du mobile. Il est bien entendu que cet atout va en grandissant, avec l’introduction et l’avènement du smartphone, qui prend de l’ampleur dans nos pays. Je citerai le cas de la Côte d’Ivoire parce que cela entre vraiment dans la vision des autorités. Et c’est dans ce cadre-là que nous avons défiscalisé l’équipement informatique afin de permettre l’accès au plus grand nombre de la population. Donc pour nous, le salon a atteint tous ses objectifs. Quand on venait, on s’attendait à beaucoup de choses de la part de la Tunisie, un pays ami et frère. Je n’ai pas cessé de le dire depuis notre arrivée. Et à maintes reprises, ils l’ont démontré par leur hospitalité et de la façon dont la délégation a été reçue.
Concrètement, quelles étaient vos attentes ?
Les attentes étaient d’abord de revoir nos amis tunisiens, faire un état des lieux des précédents accords et partenariats qui avaient été établis, et développer des pistes de renforcement de cette collaboration, et même trouver de nouvelles pistes de coopération. Les besoins changent. Avec le numérique tout va très vite. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire est en plein essor en ce qui concerne son développement. Donc, il est toujours important de nouer de nouveaux partenariats.
« La force du numérique se trouve dans l’usage et dans la personne qui l’utilise. »
Selon les dernières statistiques, plus de 18 milliards FCFA transitent par jour via le mobile money en Côte d’Ivoire. Quelles sont les mesures prises par les pouvoirs publics pour garantir la confiance au niveau des différentes parties prenantes ?
C’est un élément sur lequel nous avons veillé depuis 2013, avec l’introduction de la loi sur la transaction électronique, la loi sur la cybercriminalité et la loi sur la protection des données à caractère personnel. Ce sont trois lois qui sont structurantes et autour desquelles nous faisons beaucoup de communication, afin d’encourager l’ensemble des acteurs à s’y conformer, à se l’approprier et afin d’assurer que les systèmes qu’ils mettent en place respectent ce cadre-là. Nous travaillons de façon rapprocher avec les opérateurs afin d’assurer que les systèmes qu’ils mettent en place sont conformes à cela. Vous savez que le numérique est un outil important. Mais la force du numérique ne se trouve pas dans l’outil lui-même ; la force du numérique se trouve dans l’usage et dans la personne qui l’utilise. C’est pourquoi il est important pour nous d’assurer que nos citoyens soient formés et en mesure d’utiliser l’outil ; qu’ils soient sensibilisés aux dangers, sensibilisés aux mécanismes de protection qui existent, et bien entendu qu’ils soient beaucoup plus avisés de manière à ne pas se faire arnaquer. Parce qu’en Côte d’Ivoire, comme le dit très souvent le ministre Bruno Koné, on n’a pas un problème de cybersécurité en tant que tel où des machines sont exploitées mais on a plutôt des gens qui utilisent des voies numériques pour arnaquer. Donc, on delà des lois, l’Etat se concentre sur la sensibilisation, et on le fait avec le secteur privé.
« Aujourd’hui, notre environnement permet aux startups de pouvoir se formaliser et formaliser leurs œuvres. »
Ce salon a mis le focus sur les services financiers numériques innovants, ce qui se rapporte aussi aux startups et aux FinTech. Que fait le ministère pour accompagner ces entrepreneurs-là ?
De manière générale qu’en fonction du potentiel de notre jeunesse, de l’essor des startups en Côte d’Ivoire, le ministère a décidé, il y a deux ans, de mettre en place une fondation qu’on appelle la “Fondation Jeunesse Numérique”, pour faire l’encadrement de ces startups et des projets à fort potentiel économique et créateurs d’emploi ; pour pouvoir les incuber, les préparer et les accélérer ; pour leur trouver des pistes de financement. C’est une initiative du secteur public, mais nous le faisons en partenariat avec le secteur privé. On ne peut le faire sans eux. Ça a été une impulsion du ministère, en créant cette fondation et en la dotant d’un fonds de 500 millions de FCFA. Aujourd’hui, notre environnement permet aux startups de pouvoir se formaliser et formaliser leurs œuvres. En plus, elles ont une période de grâce d’une année au cours de laquelle aucune fiscalité ne leur ait imposé pour leur permettre de se développer de façon efficace. Le ministère travaille de concert avec l’ensemble des acteurs pour assurer qu’il y ait un effort mutualisé, afin d’offrir un encadrement efficace.
Un dernier mot sur la présence de la Côte d’Ivoire au SITIC AFRICA ?
Au SITIC de cette année, la Côte d’Ivoire n’était pas à l’honneur. Mais comme je l’ai dit nos attentes ont été plus que dépassées. Notre stand est celui qui a eu le plus de succès, le plus d’affluence. Les rencontres B2B étaient interminables. Ça nous a permis de nouer de nouveaux partenariats. En tant que secteur public, nous en sommes très heureux parce que nous sommes venus accompagner le secteur privé et démontrer à l’ensemble des organisateurs et des participants que le gouvernement ivoirien accompagne le secteur privé, et qu’il veut un secteur privé fort qui peut nous aider à co-construire une économie numérique très performante en Côte d’Ivoire. De manière générale, ça a été un grand succès. Quand l’ambassadeur est venu (visiter le stand de la Côte d’Ivoire, NDLR), nous avons vu l’engouement de l’ensemble de la délégation ivoirienne qui a été très honorée de le recevoir et également lui exprimer sa satisfaction pour le travail important qu’il abat ici en Tunisie pour la Côte d’Ivoire et les entreprises privées.