Sa 7ème édition de 2013 a été couronnée par l’IUT pour sa contribution à l’éducation au numérique en Afrique. Sa 8ème session du 23 au 25 septembre 2014 a réuni près 1600 personnes de 40 pays dont 25 représentés officiellement. Les orateurs étaient beaucoup mieux répartis que dans les éditions passées, entre les acteurs publics et les acteurs privés. La France était l’invité d’honneur et Axelle Lemaire, secrétaire d’État français au numérique, a ouvert le colloque avec Tawfik Jelassi, ministre tunisien de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et des technologies de l’information et de la communication. Ils ont notamment célébré le 1er anniversaire de l’alliance franco-tunisienne pour le numérique, qui va vraisemblablement essaimer en Afrique subsaharienne.
Sans prétendre résumer le colloque, très riche, et qui mériterait un livre entier, voici quelques idées fortes retenues à l’occasion du colloque en insistant sur ce qui peut le plus intéresser les DSI.
Bien des choses ont changé dans le monde depuis le sommet mondial de la société de l’information, (SMSI) en 2003 à Genève et en 2005 à Tunis. Les bouleversements dus notamment au numérique concernent toutes les économies et ils ont généré des intolérances dans le monde. Les politiques ont-il fait une erreur en ouvrant les TIC à tous, favorisant ainsi des mouvements comme le printemps arabe ? La réponse est sans doute négative mais la leçon à tirer des événements est qu’il ne suffit pas de croire en la bonne corrélation entre haut débit et développement économique mais qu’il faut agir concrètement en s’occupant mieux des jeunes pour que le numérique leur donne des perspectives réelles d’emploi grâce au numérique.
D’après les organisations internationales, bailleurs de fonds (Nations unies, Union Africaine, UIT, OCDE, Banque mondiale, Ligue arabe, AICTO,…),, et les experts présents, les opportunités pour les jeunes sont considérables grâce au numérique. Leur émergence réelle nécessite un bon équilibre entre les actions visant à développer la connectivité (fibre optique, boucle radio, téléphonie mobile), l’innovation (parcs technologiques, incitations, sensibilisation et formation,…) et la gouvernance (administration électronique, identité numérique…).
De nombreux États ont annoncé leurs besoins, leurs projets, ou leurs réalisations. Ainsi la Tunisie a présenté sa plate-forme de marchés publics, ses projets de dorsale optique et de plate forme ouverte (Open data). D’autres ont montré leurs réalisations en matière d’e-Gov, comme la Corée, la France, l’Estonie ou Bahreïn dont les résultats ont été reconnus au plan international par la récente enquête annuelle des Nations Unies. D’autres Etats ont exprimé des attentes comme le Congo RDC qui souhaite faire évoluer sa Poste nationale qui est un acteur de proximité susceptible d’apporter de grands services à la transformation numérique du pays.
Des universités et écoles d’un nouveau genre émergent comme Esprit, Sesame et l’école 42, avec des concepts d’enseignement basés sur l’innovation et le travail collaboratif, bien adaptés au développement informatique et à la création numérique tandis que des professeurs d’école et de collèges ont émis leurs attentes en matière d’apprentissage des jeunes au numérique.
De nombreuses entreprises ont présenté leurs solutions innovantes avec leurs applications réussies en Afrique et ce tant en matière d’infrastructures (fibre optique, hertzien…) qu’en matière de services (plates-formes, solutions logicielles…) ou d’usages (applications)
La société civile était décrite par les études de marché des industriels (ex laboratoire de la consommation) et par des associations de citoyens comme « le parlement de l’internet citoyen ». Les femmes présentes dans la salle ont attiré l’attention de l’assistance sur le fait que l’humain doit rester au cœur de la transformation numérique, en veillant à l’éthique, à la protection de la vie privée et à l’inclusion des personnes handicapées et fragiles. J’ai retenu des exposés que la majorité des Etats étaient conscients de la nécessité d’investir dans le numérique mais qu’ils n’avaient pas forcément compris les conséquences de l’explosion des smartphones, de l’émergence de l’informatique en nuage (cloud), et des techniques de traitement des données. Ainsi le volume des données échangées sera probablement multiplié par 20 dans les cinq ans.
De nombreux DSI étaient présents au colloque et l’association « International Future Network » a organisé à leur attention un débat sur l’évolution de leur métier. Il en a ressortait une recommandations aux DSI africains pour qu’ils créent de la valeur et passant d’une conception classique du CIO « chief information officer » à une conception moderne de « chief innovation officer ». Dans cette perspective, ils pont besoin de l’éclairage international pour devenir les acteurs du changement dans les entreprises publiques et privées africaines. D’ici quelques mois, pensez à préparer votre voyage pour la neuvième édition de 2015 d’ICT4ALL et plus généralement pour les événements qui marqueront le dixième anniversaire du sommet mondial de la société de l’information.