« Nous préparons pour 2019, un panorama sur le secteur du numérique en Algérie »
Entretien réalisé par Youcef MAALLEMI – Alger
CIO Mag : Quelles sont les évolutions récentes dans le domaine du numérique en Algérie, et quelles opportunités en découlent ?
Dominique BOUTTER : Les statistiques pour l’année 2017 permettent de constater les progrès rapides du numérique en Algérie. En effet, le pays dispose aujourd’hui de plus de 85.000 km de fibre optique contre seulement 51.000 en 2013. On enregistre également un taux de pénétration mobile de 109 % et, depuis le lancement de la 3G en décembre 2013, une télé densité internet mobile de 74,55 % contre seulement 21,54 % en 2014 tandis que plus de 45 % des ménages disposent d’une connexion internet fixe contre 41 % en 2014. Le développement de l’Internet va continuer à se renforcer avec la promulgation récente de la nouvelle loi sur la Poste et les communications électroniques.
Le marché des smartphones est très concurrentiel. Outre les marques internationales, il existe des producteurs locaux qui ont non seulement réussi à prendre de larges parts du marché local mais aussi commencent à se placer à l’international y compris en France. Autre constat que l’on peut faire, c’est le développement de l’E-administration dont les applications les plus emblématiques sont du ressort de l’Education Nationale, des services des impôts, de la sécurité sociale, du registre de commerce, de la Justice ou de l’état civil : passeport et carte d’identité biométriques sont déjà en service et bientôt seront disponibles le permis de conduire à points, la carte grise électronique et d’autres documents.
En matière d’E-commerce, il existe plusieurs sites de vente en ligne en Algérie, le plus connu étant Jumia et ce, malgré l’absence de paiement en ligne, qui n’était jusqu’ici possible que pour les services publics, le transport et les assurances. Sa généralisation est cependant en cours avec l’adoption, cet été, de la loi sur le e-commerce et de celle sur la protection des données personnelles des personnes physiques. Cela favorisera certainement l’essor du e-commerce et permettra aux nombreuses et innovantes start-ups algériennes de se développer.
Concernant les entreprises, nous avons pu remarquer leur volonté et leur appétence pour la digitalisation des process et la sécurisation des systèmes d’information. Ce constat est confirmé par le baromètre de la maturité digitale des entreprises en Afrique réalisé par Deloitte et qui classe l’Algérie en 5ème position. Grâce aux développements que je viens de citer, l’Algérie offre de très belles opportunités dans tous les domaines liés au numérique ; je citerai, entre-autres, les services à forte valeur ajoutée, les solutions pour le e-commerce, les Edtech, la Fintech, la transformation des systèmes d’information et la cybersécurité.
Comment Business France favorise-t-il les partenariats franco-algériens dans le domaine du numérique ?
Le bureau Business France en Algérie informe régulièrement les entreprises françaises sur les opportunités du marché algérien et sur l’intérêt qu’elles pourraient avoir à nouer des partenariats avec les entreprises algériennes. Nous organisons pour cela divers événements que cela soit en France ou plus encore, en Algérie. En France, l’événement le plus important est « les Rencontres Algérie » qui se tiennent chaque année au siège de Business France à Paris. Cette année, un atelier a été organisé sur le marché du E-commerce en Algérie avec les témoignages de Jumia et l’éclairage juridique de LegalTech.
Il y a aussi les Rencontres Internationales de la French Tech, à l’occasion desquelles nous avons organisé l’an dernier un atelier sur l’éducation numérique en Algérie et auquel a participé l’AFINEF, l’association des professionnels français de l’éducation numérique et de la formation professionnelle. En plus des événements que nous organisons, nous invitons régulièrement des entrepreneurs algériens à visiter les salons professionnels ou à assister à des conférences en France. Le dernier en date étant le Salon Vivatech auquel a participé une dizaine de start-up algériennes emmenées par l’association REAGE, le REseau des Algériens des Grandes Ecoles (en France ndlr) avec la collaboration de Business France.
En Algérie, nous organisons régulièrement 2 événements phares qui sont « le forum algéro-français du numérique » en collaboration avec les associations professionnelles AITA pour les SSII, AOTA pour les télécoms et AASSI pour la sécurité IT. L’autre événement est « le colloque algéro-français sur la monétique et le e-paiement » que nous organisons avec le GIE-Monétique. Au total, c’est plusieurs dizaines de sociétés françaises qui se sont mobilisées pour participer à ces événements. En parallèle aux rencontres que nous organisons, nous participons également avec des délégations d’entreprises à des événements locaux, tels que, par exemple, l’African cybersecurity Summit ou les Digital Business Days pour ne citer que ceux-là.
Quelles actions comptez-vous entreprendre en 2019 ?
Compte tenu des développements législatifs récents et des évolutions que l’on peut anticiper, nous préparons pour 2019, un panorama sur le secteur du numérique en Algérie, afin de fournir une information actualisée aux entreprises françaises. Sur le volet des événements, Business France sera associé aux « Digital Business Days » organisés par le magazine algérien NTIC-Mag et qui se tiendront à Alger en mars prochain. Nous prévoyons aussi des rencontres sur l’E-commerce et le retailTech ainsi que des ateliers d’information sur le potentiel du marché du numérique à l’occasion des prochaines « Rencontres Algérie » ainsi qu’aux Rencontres Internationales de la French Tech (RIFT) de 2019.