Le Mali ambitionne de créer une mini Silicon Valley pour l’Afrique de l’Ouest. Le gouvernement malien a initié ces dernières années, d’importantes actions qui ont consolidé l’écosystème numérique du pays. Aux Assises de la transformation digitale en Afrique tenues à Paris les 22 et 23 novembre, le ministre malien de l’Economie numérique et de la Communication, Arouna Modibo Touré, a exposé les trois axes qui sous-tendent l’écosystème numérique de son pays. M. Modibo Touré a aussi partagé sa vision de la transformation numérique du continent, avec l’intelligence artificielle. Les trois axes stratégiques du Mali pour le numérique sont consignés dans le document national de politique pour le développement du numérique. « Ce document a été conçu pour l’atteinte des Objectif de développement durable (ODD) », a rassuré le ministre Touré.
Les trois piliers de l’écosystème numérique malien
Le premier axe de la stratégie du Mali consiste à un renforcement des infrastructures. Cela passe par l’optimisation de l’utilisation de la fibre optique. « Mon pays dispose de 9200km de fibre optique dont 3000 posés par le gouvernement ; 6200 posés par les opérateurs de téléphonie privés », a souligné le ministre malien de l’économie numérique. Cette stratégie a pour but d’étendre la fibre optique aux zones reculées où les populations sont les plus défavorisées afin de leur permettre de bénéficier elles aussi des avantages de la transformation numérique. Et pour cela, la 4G est offerte aux opérateurs, avec l’obligation d’une qualité de service et la couverture territoriale.
Le deuxième axe de la stratégie malienne vise à construire une économie numérique inclusive. Il s’agit de travailler à la réduction de la fracture numérique pour en faire une réalité. Le Mali, à travers l’Agence de gestion de fonds universels, met à la disposition des populations, des centres d’accès universel. Encore une fois, une stratégie pour réduire la fracture numérique entre les zones reculées et celles urbaines, notamment la capitale.
« Toubanisso permettra de réunir les startups ouest-africaines qui créent de la croissance »
En troisième axe, le Mali encourage l’entreprenariat numérique. Sur ce point, le Mali rêve grand. Le gouvernement est conscient du fait que « nombreuses sont les startups qui font du numérique une opportunité d’emploi, de richesse et de valeur ajouté », alors il a « pris des initiatives pour un accompagnement durable et rentable de ce secteur composé de ces startuppeurs et des incubateurs », a révélé le ministre Touré. En accord avec cette logique, le Mali vient d’adopter un grand projet baptisé “Mali numérique 2020”. C’est « un projet dans lequel les startups prennent une place importante ». Parallèlement, le pays lance en janvier prochain, avec l’appui de la Banque mondiale, un projet dit “Toubanisso Agribusiness innovation center”.
Le Mali ambitionne de créer une mini Silicon Valley pour l’Afrique de l’Ouest
« Toubanisso permettra de réunir les startups ouest-africaines qui créent de la croissance. Elles seront suivies par des mentors et mises en face des investisseurs pour la levée de fonds allant de 250 mille à 5 mille dollars US », a annoncé Arouna Modibo Touré. Aussi, le Mali ambitionne de profiter de ce projet qui abritera le complexe numérique du pays pour « en faire un hub technologique, pourquoi pas une mini Silicon Valley pour l’Afrique de l’Ouest ».
Le Mali compte ainsi exporter son référentiel. Car, son écosystème « est prêt et n’attend que des interactions », a martelé le patron de l’économie numérique. Et pour le ministre Arouna Modibo Touré, les Assises de la transformation numérique en Afrique sont un cadre idéal pour ces interactions. L’édition 2018 mettait au cœur des discussions, l’intelligence artificielle. L’avis du ministre malien sur le sujet place l’homme au centre de ces technologies. « L’intelligence artificielle est au cœur de l’économique mais il faut savoir en profiter et il faut que nos populations ne soient pas en marge. L’intelligence artificielle et le numérique contribuent fortement à la transformation de nos industries et de nos économies », a déclaré le ministre Touré ; tout en insistant sur le fait que « tout ce qui se fait aujourd’hui doit aller au profit de nos couches vulnérables, de nos populations ».
Le ministre Arouna Mobibo Touré a tenu a rappelé la nécessité d’un partenariat public-privé pour transformer les écosystèmes en Afrique. « Oui nous pouvons transformer cet écosystème, nous ne pouvons pas le faire sans l’accompagnement public-privé ; sans l’accompagnement des bailleurs de fonds. Si nous mutualisons les efforts, nous pouvons effectivement transformer nos différents écosystèmes (…) Le Mali a adopté d’importants textes et à la date actuelle, l’écosystème numérique de mon pays est complet et attrayant. Il n’attend que l’interaction comme ces événements que nous organisons entre nous et qui se passent au-delà de nos frontières », a conclu Arouna Modibo Touré.
Souleyman Tobias, avec l’équipe de CIO Mag à Paris