En marge du Colloque sur l’économie numérique et les administrations fiscales (CENAF), qui a eu lieu à Montréal, du 14 au 16 mai, CIO Mag a recueilli l’analyse de Daniel Prud’homme, vice-Président Innovation et administration de Revenu Québec.
L’Agence du revenu du Québec est chargée, par le gouvernement québécois, de la perception des impôts et des taxes. Elle est à l’initiative de cet évènement organisé en partenariat avec le CREDAF – une association francophone regroupant les responsables d’administrations fiscales de trente pays d’expression française – et avec l’Agence du revenu du Canada (ARC). Cette dernière applique les lois fiscales pour le gouvernement du Canada et la plupart des provinces et territoires. L’ARC administre également divers programmes de prestations et d’incitatifs sociaux et économiques.
Par Mohamadou Diallo
(CIO Mag) – Pour Daniel Prud’homme, vice-Président Innovation et Administration de Revenu Québec, les outils que déploie l’économie numérique – à commencer par la Blockchain et l’Intelligence artificielle – aident les administrations fiscales à effectuer leurs missions. C’est ce qui a du reste présidé à l’organisation de ce colloque sur l’économie numérique. « Nous nous sommes intéressés aux impacts du numérique sur les organisations. De ces échanges, il ressort que les outils fournis par le numérique constituent une opportunité qu’il convient de saisir pour donner de meilleurs services aux citoyens, aux entreprises et à l’Etat. Les organisations devront de plus en plus s’y intéresser parce que le changement est rapide. Elles ne doivent pas percevoir l’économie numérique comme une menace ».
En sa qualité de haut responsable de l’administration fiscale, Daniel Prud’homme connait les enjeux du numérique sur le fonctionnement d’une organisation au service de la population, des commerçants et des pouvoirs publics. « Les administrations exigent des usagers qu’ils remplissent des documents, qu’ils obtiennent des permis. Et l’obtention de dossiers ou de modifications requiert un certain délai, alors qu’à l’avenir, tout devrait encore s’accélérer. ». L’autre atout du numérique est de créer de l’emploi en Afrique dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre en Amérique du Nord. « Il n’y a plus de main d’œuvre disponible en Amérique du Nord. On a donc des difficultés à recruter des employés. L’Afrique pourrait saisir les opportunités offertes par l’automatisation pour fournir des services aux pays occidentaux. »
Développement du numérique en Afrique
Le cap fixé par le CENAF étant de se tourner vers l’avenir, les experts internationaux réunis à Montréal ont, de fait, souligné la nécessité de faire face aux défis actuels en s’inspirant des initiatives et des avancées mondiales dans le domaine de l’économie numérique. Avec l’objectif de fournir des services innovants, ce qui, en soit, constitue une opportunité pour l’Afrique. « Je pense que de nouvelles perspectives s’ouvrent en Afrique. Dans des bassins industriels, la main d’œuvre va pouvoir utiliser des appareils numériques. Des transactions commerciales à l’international vont s’organiser, notamment via Alibaba, la plateforme chinoise de commerce B2B. Il sera aussi possible de fournir des productions numériques, lesquelles vont s’exporter. La jeunesse, qui se sert de ces outils numériques, va pourvoir au développement du continent. »
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Pour le vice-Président Innovation et Administration de Revenu Québec, il appartient aux responsables de porter ces innovations au sein de leurs organisations respectives. Le but étant de faire tomber les préjugés sur l’utilisation des technologies innovantes telles que la chaîne de blocs ou la cryptomonnaie, lesquelles peuvent aider à accroitre et optimiser la collecte de revenu pour les gouvernements. Un évènement tel que le Colloque sur l’économie numérique et les administrations fiscales a précisément vocation à susciter l’intérêt des dirigeants et de leurs représentants et à favoriser les conditions de la mise en œuvre de ces projets.
Francophonie numérique
Plus de 300 professionnels ont participé au Colloque sur l’économie numérique et les administrations fiscales (CENAF). Ils sont venus d’une douzaine de pays parmi lesquels l’Australie, l’Estonie et le Royaume-Uni, ainsi que l’Afrique francophone. Des responsables de l’administration fiscale de six provinces – sur les dix que compte le Canada – étaient également présents à cet évènement.
Le CENAF a favorisé les échanges et le partage de connaissances sur les meilleures pratiques à adopter dans les administrations fiscales. Pour Daniel Prud’homme, cet espace de rencontre avec les professionnels africains de l’administration fiscale permet d’envisager de nouvelles collaborations au plan industriel, économique et sociétal. « C’est une occasion exceptionnelle de partager entre francophones et d’être solidaires. Et si nous sommes éloignés géographiquement et avons notre propre histoire, nous n’en partageons pas moins les mêmes préoccupations. Les participants au Colloque sur l’économie numérique et les administrations fiscales ont à cœur de faire progresser leurs Etats et d’effectuer leur mission de percepteurs d’impôts, au sein de leurs organisations, en toute transparence et en toute équité. » L’objectif étant d’amoindrir les lourdeurs administratives pour les citoyens et les entreprises.
ENCADRE
LE QUEBEC AU SEIN DE L’ESPACE FRANCOPHONE
Localisé en Amérique du Nord, le Québec est un pays industrialisé, qui connait un faible taux de chômage. Et dispose d’une importante communauté scientifique, active dans quasiment tous les domaines. En revanche, c’est la seule province du Canada à être majoritairement francophone. Et cela peut constituer un défi. L’appartenance du Québec à la Francophonie – une organisation qui compte plus de trente pays d’expression française – représente alors une grande opportunité.