(Cio Mag) – La place du numérique dans la lutte contre le Covid-19 n’est plus à démontrer. Au Burkina Faso, cette prise de conscience a amené les autorités en charge de la lutte à définir des stratégies pour fédérer les actions contre la pandémie. En partenariat avec le ministère de la santé, le ministère du développement de l’économie numérique a organisé, vendredi 10 avril, une conférence virtuelle regroupant plus de 200 acteurs du numérique, de la santé, des partenaires techniques et financiers du pays. L’idée était de leur exposer les actions et initiatives en cours en vue d’une harmonisation des stratégies d’une part, et d’autre part de mobiliser les partenaires autour de ces initiatives.
Au Burkina, au 10 avril 2020, on dénombrait 448 cas de contamination dont 149 rétablis. Face à l’ampleur de la pandémie, l’écosystème numérique du pays foisonne d’idées pour venir en aide aux populations. Des initiatives de diagnostics à celles de prise en charge, en passant par celles de prévention, de protection et de traitement, le pays ne manque pas de solutions. Elles sont autant publiques que privées. Pour réfléchir donc à l’harmonisation de ces exploits quelques fois individuels, une conférence virtuelle a rassemblé, ce 10 avril, plus de 200 personnes à travers le monde. Coordonné par la direction générale du développement de l’industrie du numérique du Burkina piloté par Rodrigue Guiguemdé, le webinar permettait de faire le point de la situation de la pandémie dans le pays ; d’évoquer les mesures mises en place par les autorités sanitaires et de faire un tour d’horizon des initiatives technologiques pour contrer la propagation du virus. Les conférenciers ont eu droit à la présentation de cinq projets qui devront être peaufinés. Certains vont être intégrés dans les plus brefs délais à la plateforme du ministère de la santé.
Cinq projets exposés
Sur plus de 307 projets, cinq ont été identifiés pour appuyer les efforts du gouvernement burkinabé dans la lutte contre le Coronavirus. Il s’agit de :
– Mondjossi : l’initiative vient en appui au centre d’appel officiel 3535. L’idée est de désengorger ce centre avec une application qui met en contact personnel soignant et populations. Ces dernières peuvent être géo-localisées, se faire suivre, conseiller et référer aux centres de soins si nécessaire. Elle fournit des statistiques par zone.
– DiagnoseMe : elle mise sur la prévention par la télésensibilisation et la prise en charge. L’application aide à évaluer les symptômes et propose un diagnostic aux usagers. Au temps fort de la crise en Chine, les initiateurs ont participé à l’hackathon « Hack for Wuhan » et ont terminé dans le top 12.
– Declic : porté par Wakatlab (ex-OuagaLab), le projet a plusieurs facettes. Il permet de lutter contre la propagation du virus. Son application mobile permet par exemple de déterminer la température corporelle en analysant une photo prise avec son smartphone. Les porteurs du projet travaillent notamment sur un respirateur made in Burkina et des visières pour protéger le personnel soignant. Le respirateur artificiel made in Burkina, « c’est l’espoir du Burkina », a laissé entendre la ministre Hadja Ouattara.
– Une application de géolocalisation : son but, donner l’alerte, assurer le suivi de la chaîne de contamination. Elle ambitionne de fournir une analyse anonymisée des données au ministère de la santé ; tout en remontant les chaînes de contamination.
– Alerte proches Covid-19 : en cours de finalisation, ce projet s’investit aussi dans la géolocalisation des malades et se propose de mettre à la disposition du ministère de la santé une base de données.
Une mobilisation au sommet de l’Etat
Cette conférence webinaire traduit la mobilisation de tout le gouvernement burkinabé derrière le ministère de la santé, a rassuré la ministre du développement de l’économie numérique et des postes, Hadja Fatimata Ouattara. Face à cette crise du Coronavirus, « le numérique vole réellement à notre secours par le maintien des liens sociaux, mais aussi par la diffusion d’informations vitales vers les populations », a souligné la ministre. Et de faire observer que cette conférence rendue possible grâce aux TICs est un exemple concret de l’importance des nouvelles technologies dans nos vies. C’est en cela que se justifie la démarche du Burkina Faso. Celle de s’organiser afin d’analyser les solutions technologiques à sa possession « pour optimiser l’utilisation du digitale, fédérer les intelligences pour développer des outils efficaces et performants face au Coronavirus », a insisté Mme Ouattara.
Le ministère de la santé, pour sa part, mise déjà sur le digital. Il dispose d’une plateforme d’informations sur le virus, de même qu’une application ; une véritable base de données ouverte au public afin de le sensibiliser sur le réel danger de ce virus. Le www.surveillance.gouv.gf se veut une source d’informations fiables face à l’autre menace que sont devenues les fake news, à en croire le directeur des services informatiques de la santé, Dr Boukary Ouédraogo.
Pour la ministre du développement de l’économie numérique, « les sociétés les plus résilientes sont celles dans lesquelles les Etats sont réellement ancrés dans le numérique ». Un constat sur lequel s’est basée la patronne du numérique au Burkina Faso pour saluer toutes les initiatives présentées au webinar de ce 10 avril. Elle a apporté son soutien total à toutes ces initiatives et a encouragé d’autres à rejoindre ce mouvement qui vient de se mettre en marche.
Des partenaires mobilisés pour la cause
L’engagement des autorités burkinabè est soutenu par des partenaires techniques et financiers du pays. Présents à la conférence virtuelle, ils ont réaffirmé leur disponibilité à accompagner le pays dans le développement de toutes les initiatives pour lutter contre le Covid-19. Et les soutiens ne sont pas des moindres. Smart Africa, par la voix de son directeur général, Dr Lacina Koné s’est félicité du leadership de la ministre Ouattara. Dr Koné s’est réjoui que le Burkina fédère les initiatives face au Covid-19, dans la même logique que l’appel à projets que venait de lancer Smart Africa.
Aux côtés du Burkina, la Banque Mondiale, le PNUD, Enabel et bien d’autres qui apportent leurs appuis techniques et financiers à la lutte contre la pandémie. Décidé à accompagner toutes initiatives digitales inclusives à réelles valeurs ajoutées pour le développement du continent, Cio Mag s’est associé à cette conférence du Burkina comme un partenaire technique. Avec toute son équipe mobilisée en ces moments de crise sanitaire, le leader de l’information du numérique et de veille du continent a d’ores et déjà initié un catalogue pour répertorier les initiatives en cours de déploiement sur le continent.
Souleyman Tobias