Pour sa deuxième édition tenue le vendredi 24 avril, le E-Conf Challenge initié par CIO Mag a reçu deux invités. Ndèye Tické Ndiaye Diop, ministre sénégalaise de l’Economie numérique et des Télécoms, et Lacina Koné, CEO de l’Alliance Smart Africa. Ils ont évoqué les actions et la mobilisation de l’écosystème de l’innovation du Sénégal à apporter des réponses digitales à l’enjeu sanitaire actuel. Les opportunités liées à l’adoption du numérique comme alternative au Coronavirus (Covid-19) ont également fait objet de débat. Cet E-Conf a suscité l’engouement des internautes et réuni près de deux cent participants (responsables en charge du secteur du numérique, start-ups, professionnels des TIC, etc.) venus de divers horizons.
Par Michaël Tchokpodo
(CIO Mag) – 671 cas confirmés de Covid-19 dont 283 personnes guéries et 8 décès pour près de 16 millions d’habitants : tel est le tableau clinique que présente à ce jour le Sénégal. Même si le pays de la Téranga fait observer un fort taux de guérisons, il n’en demeure pas moins que sa courbe de contamination est exponentielle. « Dans ce contexte de ralentissement général de l’activité économique, le digital est un moyen essentiel pour lutter contre la pandémie mais également pour assurer une continuité des activités économiques. Il s’agit de faire preuve de génie et d’utiliser les avantages des Tic pour atténuer les effets de cette crise sur les activités économiques », a rapporté la ministre sénégalaise de l’économie numérique et des télécoms Ndèye Tické Ndiaye Diop lors de son intervention à la 2ème édition du E-Conf Challenge organisé par CIO Mag.
Cet espace d’échanges qui met en lumière la façon dont le numérique arrive à booster l’économie des pays africains dans la lutte contre le Coronavirus, a abordé deux volets. Les actions menées en urgence et la mobilisation de l’écosystème digital grâce à l’implication des start-ups et de l’écosystème de l’innovation. Au Sénégal, la mise en place d’un comité de suivi-évaluation sur la situation sanitaire a favorisé la création de la coalition DaanCovid19 ou « riposte digitale contre le Covid-19 au Sénégal ». Elle a bénévolement mobilisé tous les acteurs majeurs de l’écosystème du numérique dont les actions concertées ont permis la mise en place des solutions telles que : le système d’information médical, l’enregistrement et le traitement des données, le centre d’appels, la géolocalisation des cas, etc.
« Le Sénégal fait un gros progrès »
Au Sénégal, le secteur du numérique a contribué avec plus de quatre (4) milliards de francs Cfa à la résolution de la crise. Installés, des outils numériques permettent aux agents de faire du télétravail en toute sécurité pour empêcher que se propage le virus. Les réseaux et services de communication électronique bénéficient d’une sécurité pour garantir la disponibilité du réseau téléphonique, de l’Internet et du Mobile Money. Avec le soutien des opérateurs de télécommunications, des tarifs réduits de connexion à Internet ont été obtenus en faveur des entreprises et des start-ups. « A tous les niveaux, on peut s’apercevoir que la maîtrise de la technologie et la capacité à s’en servir est un avantage dans cette crise. On voit qu’en Afrique de l’Ouest, le Sénégal a fait un gros progrès », apprécie Lacina Koné, CEO de l’Alliance Smart AfricaCEO. Avant de rappeler le leadership incarné par le Sénégal dans le cadre des actions stratégiques de l’Alliance Smart Africa au sein de laquelle le Sénégal a la responsabilité du volet broadband.
Pour lui, « ces moments de Covid-19 ont permis d’accélérer beaucoup [d’initiatives digitales] qui étaient dans les tiroirs et qu’on ne percevait pas comme étant un service essentiel. Les pays qui ont utilisé la technologie et les données à bon escient montrent une facilité à limiter la propagation de la maladie ». Au Sénégal, la ministre Ndèye Tické Ndiaye Diop informe de l’augmentation de la bande passante pour accéder à Internet, l’amélioration de la surveillance des réseaux et le renforcement de la qualité de services pour s’adapter aux outils de travail collaboratif. Cette crise du Covid-19, loin des pertes en vies humaines, apporte une bouffée d’oxygène au secteur du numérique en Afrique qui trouve une occasion unique de se développer.
La riposte menée par les start-ups
Alors que plusieurs initiatives émergent au Sénégal, dans la diaspora africaine à l’étranger, l’innovation est orientée vers la riposte contre le Covid-19. En témoigne les deux start-ups présentées au cours du E-Conf Challenge. Il s’agit de XHUMANISA, un collectif de partenaires qui accompagne le changement de l’écosystème de la santé connectée en Afrique et dans le monde. L’objectif de XHUMANISA est de proposer les technologies issues de sa caravane de l’innovation comme par exemple MySafeChain qui est une solution Blockchain oeuvrant à la traçabilité et à la sérialisation des médicaments.
La deuxième initiative présentée se nomme Ubu, qui veut dire “maintenant” dans une langue locale du Rwanda. C’est une solution numérique intégrant l’intelligence artificielle pour aider les gouvernements à lutter contre la pandémie du Coronavirus. Elle fait de la prévention mais aussi du suivi, basé sur un questionnaire d’auto-évaluation et un chatbot disponible pour répondre aux questions. Pour le suivi par exemple, la plateforme dispose d’un mode de surveillance permettant de connaître les signes vitaux sur une application dédiée. Cela permet une prise en charge rapide des patients afin de désengorger des hôpitaux.
Mesures préventives
« Le continent est en train de démontrer son génie et sa résilience dans la gestion de cette crise. Et le numérique reste un atout incontournable pour la maîtrise de la pandémie du Covid-19 et l’amélioration des conditions de vie et de travail », reconnaît la ministre, pour qui « cette crise est une opportunité de renaissance pour l’Afrique. » Et pour y parvenir, Laciné Koné estime que l’Afrique pourra compter sur la jeunesse de sa population, sa force d’innovation et son sens de créativité numérique. A la question de savoir si la pandémie est une coïncidence heureuse pour booster l’économie numérique des pays, il répond : « Aujourd’hui, l’expression s’adapter ou disparaître est encore plus vraie que jamais. En Afrique, il y a des Etats qui étaient prêts quant à la transformation numérique mais à différents niveaux de dématérialisation. Le challenge est aujourd’hui à tous les niveaux : cybersécurité, connectivité, équipements intelligents, renforcement de capacités, etc. »
A partir de cette crise, le Sénégal tire des enseignements de plusieurs ordres. C’est désormais clair pour les autorités du pays que le numérique est un atout majeur pour le développement de la santé digitale. Qu’il accélère les procédures, améliore le rendement du corps médical, et s’avère très efficace dans la sensibilisation des populations et la communication. De même, son apport est déterminant dans tous les secteurs d’activité : l’éducation, la santé, la finance, le commerce, le transport, les finances, les banques & assurances, etc. Ainsi, pour prévenir de potentielles crises, le Sénégal entend investir dans le développement des réseaux intranet de l’administration et des télé-services, le développement des services de mobile money, l’e-commerce et l’offre digitale des services publics entre autres.
Vous pouvez revoir l’intégralité de la conférence dans notre vidéo ci-dessous.