Sur une décision en date du 29 décembre 2020, le Conseil de régulation de l’Autorité de régulation des communications électroniques et de la poste (Arcep) condamne la société Spacetel Bénin SA à payer plus d’1,5 milliard de francs Cfa « à titre de réparation de préjudice pour violation des droits des consommateurs. »
(CIO Mag) – Les faits reprochés à Spacetel Bénin SA connu sous le nom de MTN Bénin remontent à avril 2020. Période au cours de laquelle Etisalat Bénin, concurrent direct de la société et des groupes d’associations de défense des consommateurs ont saisi l’Autorité de régulation des communications électroniques et de la poste pour dénoncer des pratiques anti-concurrentielles et une publicité trompeuse au sujet de son offre MTN Flash émise dans ladite période.
En effet, Spacetel Bénin SA a réalisé une affiche publicitaire sur laquelle elle présente à ses abonnés son offre initiale portant sur un forfait illimité avec pocket wifi au prix de 40 000 f Cfa barrée, et à côté sa nouvelle offre de 20 000 f Cfa. En effectuant un contrôle le 28 avril 2020 à la suite de la plainte reçue, l’Arcep a remarqué une « indisponibilité des produits objet de la publicité, dans plusieurs agences de Spacetel Bénin SA à Cotonou et chez ses partenaires. »
Mais ce qui est principalement reproché à MTN, c’est le fait que l’opérateur n’ait pas clairement indiqué que le délai du forfait de deux mois pour le forfait de 40 000 f Cfa passe à un mois pour l’offre de 20 000 f Cfa. En vertu de la loi portant protection des consommateurs en république du Bénin et celle fixant les procédures de sanctions applicables aux opérateurs de réseaux et services de communications électroniques en république du Bénin, Spacetel Bénin SA a écopé d’une mise en demeure pour payer plus d’1,5 milliard au trésor public dans un délai de 30 jours calendaires.
« […] faire l’expérience ailleurs […] »
Alors que cette situation suscitait déjà de la consternation dans le rang des abonnés de l’opérateur et auprès des associations de défense des consommateurs, MTN en rajoute une couche le 16 décembre 2020. Dans un communiqué, le réseau de téléphonie mobile annonçait « qu’elle met à la disposition [de sa clientèle] à partir du 17 décembre 2020, un nouveau forfait Internet de 14 500 f Cfa donnant droit à 11,8 Go, valable 30 jours. »
Dans le même temps, « MTN Bénin prie également la clientèle de noter que le forfait Internet illimité de 15 000 f Cfa n’est plus disponible sur son réseau […] Par ailleurs, les forfaits illimité de 20 000 f Cfa, 25 000 f Cfa, 50 000 f Cfa et 100 000 f Cfa sont toujours disponibles sur son réseau et activables par les abonnés via les canaux habituels. »
Ces nouveaux tarifs pratiqués ont révolté les internautes qui ont été très acerbes envers le réseau. « Vous êtes le pire réseau qui soit. Vous n’avez aucun respect pour vos clients », lâche Bénilde Akambi en commentaire de la publication de ce communiqué sur Facebook. Une réaction de désolation qui résume les impressions des abonnés de ce réseau. D’autres internautes se retrouvent plutôt dans l’appréciation d’Emile Dandjinou : « nous sommes devenus des automates et vous nous appliquer ce qui vous convient. Je pense qu’on peut faire l’expérience ailleurs dans tous les services que vous nous proposez. »
Nécessité d’une meilleure régulation
Dans la foulée, un mouvement de mécontentement généralisé et de boycott des services de l’opérateur est né sur les réseaux sociaux. Il est porté par des activistes, des personnalités publiques et des artistes qui ont ouvertement fustigé ce changement de tarif qui selon eux, ne cadrent pas avec la qualité de service Internet qu’offre MTN Bénin.
Contactée par CIO Mag pour comprendre les motivations des nouveaux tarifs pratiqués, l’entreprise n’a toujours pas répondu à notre questionnaire d’interview. Mais sur les réseaux sociaux, des abonnés publient fièrement des photos d’eux dans des agences Moov en guise de changement d’opérateur et de pression pour leur faire changer d’avis.
Même si MTN a tenté de faire des opérations à peine voilée de charme envers sa clientèle via d’autres offres, celle-ci ne démord pas. Certains redoutent la saturation des services Moov à cause du trop-plein de flux que pourrait occasionner la ruée vers cet opérateur. Définitivement, entre MTN et Moov, il faut un troisième opérateur qui sera le messie.
Michaël Tchokpodo, Bénin