À l’approche des élections ou à l’annonce des résultats, la tension est palpable au Tchad et au Niger, où les organisations et les populations condamnent les perturbations/coupures de la connectivité internet et d’autres moyens de communications par téléphone.
(CIO Mag) – Netblocks, le moniteur Internet indépendant travaillant à l’intersection des droits numériques, de la cyber sécurité et de la gouvernance Interne a rapporté que la connectivité internet au Tchad est gravement perturbée depuis hier dans un contexte de « raid armé meurtrier » dans la maison d’un opposant politique.
« Les mesures montrent que la connectivité nationale a été interrompue à partir d’environ 9 h 00, heure locale, tombant à 60% des niveaux ordinaires à 9 h 30, corroborant les rapports d’utilisateurs faisant état de difficultés à se connecter à partir de la capitale N’Djaména, » a indiqué Netblocks.
⚠️ Confirmed: Internet disrupted in #Chad amid reports of deadly standoff at opposition candidate Yaya Dillo's house; real-time network data show national connectivity down to 60% of ordinary levels from ~9:30 am local time; incident ongoing 📉 #Tchad
📰 https://t.co/SsI6N9FCCe pic.twitter.com/vLvI3em4uc
— NetBlocks (@netblocks) February 28, 2021
Selon qui la perturbation aux variations régionales et affectant les principaux réseaux cellulaires Airtel et Tigo ainsi que certains services de téléphonie fixe se poursuit ce lundi 1er mars 2021 avec « seulement une légère augmentation de la connectivité observée depuis le début ».
Une occasion pour le moniteur de rappeler certains faits qui démontrent la « longue histoire de contrôles de l’information utilisés pour gérer les discours publics lors de crises politiques et d’incidents de sécurité » dans ce pays d’Afrique Centrale.
Notamment la restriction du service de messagerie whatssap le 22 juillet 2020, à la suite d’une altercation meurtrière impliquant des militaires à N’Djamena. La volonté d’empêcher la « diffusion de messages d’incitations à la haine et à la division » en guise de « mesure temporaire » a été rapportée par le porte-parole du gouvernement le mois d’après, précisément le 3 août 2020.
Ces perturbations d’internet ne sont également pas sans conséquences sur le plan économique. En effet au cours de la même année le pays a perdu 23,1 millions de dollars en 3936 heures d’arrêts des réseaux sociaux et 672 heures de pannes internet. Selon un rapport de Top10VPN, un groupe d’examens approfondis et de recherches indépendantes de VPN.
Déjà en 2019, pour agir contre le blocage des réseaux sociaux et le coût exorbitant d’accès à Internet au Tchad, Internet Sans Frontières (ISF) avait lancé une campagne mobilisation internationale.
Lire : Censure d’Internet : l’Afrique subsaharienne perd 237,4 millions de dollars en 2020 (Rapport)
D’après le directeur du groupe pour l’Afrique, Abdelkerim Yacoub Koundougoumi suite au théâtre d’affrontement meurtrier déroulé au domicile de l’opposant Yaya Dillo, le régime ayant constaté les échanges qu’il entretenait avec ISF, a décidé de couper l’internet, de couper la téléphonie, d’isoler et de cacher ce qui se passe actuellement au Tchad.
Pour lui, c’est une méthode de dissimulation « des méfaits condamnés par la communauté internationale », a-t-il déclaré sur TV5 monde Afrique.
Elections contestées et internet bloqué au Niger, Mali en transition dirigé par une junte, raid sur les opposants au Tchad. Ce n'est pas tout à fait la Fête à la Démocratie chez nos partenaires du G5 Sahel https://t.co/SSuUj0TZUV
— Yvan Guichaoua (@YGuichaoua) March 1, 2021
Au Niger le hashtag #WhatshappeningInNiger est devenu la tendance après les difficultés d’accès à l’internet depuis le 23 février à la suite de l’annonce des résultats contestés de la présidentielle.
Ali Idrissa, le responsable du réseau nigérien pour la transparence et l’analyse budgétaire a d’ailleurs annoncé « une plainte contre l’Etat du Niger et les compagnies de téléphonie pour la coupure d’internet qui viole le droit au travail, la liberté d’expression et d’information ».
Aurore Bonny