En 2018, un vent violent a renversé l’éolienne qu’il avait installée, à titre expérimental, dans son village, à 100 kilomètres de Ouagadougou, au Burkina Faso. Cet incident n’a pas ébranlé la détermination à innover d’Abdoul Rafat Ouedraogo. Pour lui, entreprendre est une question vitale. Peu importe les conditions !
Avant même de décrocher son Baccalauréat en Electrotechnique, Abdoul Rafat Ouedraogo avait déjà créé deux voitures électriques. Dans l’atelier de construction métallique de son père, le jeune burkinabè a d’abord construit une voiturette électrique pour son jeune frère. Puis, entre 2015-2016, il a réalisé celle qui fera plus tard le buzz et qui le révélera au grand public. Son invention, le jeune homme, plutôt discret, l’a testé loin des regards. Mais, son directeur d’école et son surveillant, qui était venus le féliciter pour l’obtention de son Bac F3 – Abdoul Ouedraogo était parmi les trois premiers du Burkina Faso -, ont découvert sa voiture électrique. Ils l’ont alors filmé et ont posté la vidéo sur les réseaux sociaux. C’est à ce moment-là que le jeune inventeur est sorti de l’anonymat !
En 2018, Abdoul Rafat Ouedraogo a pu téléguider sa voiture électronique. Il a mené cette expérimentation dans la perspective de doter les forces armées burkinabè, dans la lutte contre le terrorisme, de voitures cobayes. Le but étant de minimiser les risques de pertes humaines lorsque des voitures de l’armée sautent sur des mines.
Féru d’innovation, Abdoul Ouedraogo est convaincu d’une chose : « On n’a pas besoin d’attendre un encouragement de l’extérieur pour entreprendre ». Il considère qu’entreprendre, c’est donner du sens à la vie. Cela consiste à trouver des solutions à tous les problèmes. « Si nous sommes là où nous en sommes aujourd’hui, c’est parce que nous n’avons pas suffisamment entrepris », explique-t-il, en parlant du continent africain.
Enregistreur biométrique
Passionné d’électronique et d’automobile depuis son enfance, il a commencé en dessinant ses propres modèles de voitures avec des boîtes de conserve. C’est ce qui l’a par la suite décidé à étudier l’électrotechnique. Après son bac, Abdoul Rafat Ouedraogo a obtenu une bourse marocaine. Cinq ans plus tard, il a obtenu son diplôme d’ingénieur en Electrotechnique à l’Ecole nationale de Sciences appliquées de Khouribga, au Maroc. Le jeune diplômé n’en a pas perdu pour autant sa passion. Dans sa quête de solutions pour relever les défis du quotidien, il a pensé et développé, en 2019, un enregistreur biométrique de présence. L’idée a été de répondre à la nécessité de contrôler les absences en 4e et 5e années d’ingéniorat dans son établissement. La mise en place de cet appareil traduit bien l’état d’esprit de Rafat Ouedraogo et sa conception de l’entrepreneuriat. Aujourd’hui, ses équipes travaillent d’ailleurs au déploiement de ce dispositif dans des établissements scolaires du Burkina Faso.
Le jeune inventeur a par la suite découvert le monde professionnel. Sa première expérience s’est déroulée au Bénin, en septembre 2021, dans l’entreprise où il a effectué son stage de fin de formation. Il a signé un contrat avec SICA ADVISORS CAPITAL, une société spécialisée dans les grands travaux de construction dans les pays en développement. Pour obtenir ledit stage à la fin de sa formation au Maroc, Abdoul Rafat Ouedraogo a dû payer de sa personne sur LinkedIn. Les entreprises hésitaient à recruter des stagiaires à cause de la pandémie de Covid-19. Le jeune burkinabè a alors mis en avant ses compétences et huit mois plus tard, il a décroché son premier emploi.
Oser aller loin
La démarche de l’ingénieur en électrotechnique consiste à « toujours oser innover ». « Si je ne fais rien, je m’ennuie », confie-t-il. Abdoul Ouedraogo considère qu’il n’existe pas de barrière infranchissable dans son univers. Et que son propre parcours en est l’illustration. Pour preuve, il a toujours eu recours à des ressources extérieures à sa formation pour avancer dans ses recherches. « Même mon école reconnaît ses limites dans la mise en place de mes innovations », constate-t-il.
Il conseille aux jeunes africains d’être en perpétuelle recherche de savoir. « On n’est pas obligé de tout maîtrise pour commencer. Il faut avancer à petits pas. En dépit des obstacles, qui sont inévitables, il y a toujours un chemin ». A travers son témoignage, l’on comprend aisément qu’Abdoul Rafat Ouedraogo n’a pas cessé de s’auto-former grâce aux ressources disponibles sur le Web. Cette attitude, il la conseille aux jeunes qui souhaitent évoluer, quel que soit le domaine investi. Grâce à sa détermination et au soutien de sa famille Abdoul Rafat Ouedraogo est à présent un entrepreneur confiant et débordant d’initiatives.