L’Afrique s’impose comme le premier continent de l’entrepreneuriat féminin, avec 24% de femmes entrepreneures, contre 6% en Europe et en Asie centrale, selon une étude du cabinet Roland Berger (2020). Toutefois, selon un récent rapport de la Banque mondiale intitulé « Les Bénéfices de la parité », en Afrique subsaharienne, les femmes entrepreneures réalisent malgré tout des bénéfices inférieurs à ceux des hommes, – 34 % de moins en moyenne -. Pourtant, elles ont un rôle central à jouer dans le développement des pays africains, l’entrepreneuriat étant un impératif aussi bien économique que social.
Les femmes, colonne vertébrale de l’économie africaine
Sur le continent, les femmes représentent près de 60% de la population active et jouent, de ce fait, un rôle primordial dans le développement des pays. Socle des économies, elles occupent par exemple une place centrale dans le secteur agricole, représentant environ 60% de la main-d’œuvre selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, en 2020. Elles jouent de ce fait un rôle crucial dans le développement de la sécurité alimentaire. L’exemple agricole nous le prouve, les femmes en Afrique sont porteuses d’un véritable dynamisme économique. Celui-ci est également visible dans le secteur entrepreneurial, puisque le continent comptait plus de 600 millions de femmes entrepreneures en 2021.
Malheureusement, alors que les nouvelles technologies représentent de multiples avantages et pourraient être un démultiplicateur de richesses pour ces femmes, leur participation dans l’économie numérique est relativement faible, les empêchant ainsi de développer pleinement leurs activités. Pourtant, la création d’entreprises est essentielle pour l’économie des pays africains, celle-ci étant notamment vecteur d’innovation et permettant la création d’emplois, réduisant dès lors le taux de chômage. En prenant part à la révolution numérique en cours, les femmes pourraient démultiplier leur potentiel économique et ainsi être des acteurs de poids dans la croissance et le développement du continent.
Cependant, l’entrepreneuriat féminin en Afrique est confronté à une série de défis. Les normes culturelles, sociales et légales nécessaires à la création d’une entreprise sont telles que sur le continent, les femmes entreprennent plus par nécessité, c’est-à-dire à des fins de subsistance, que par opportunité. Or, par définition, l’entrepreneuriat de subsistance a tendance à créer des petites entreprises et aux besoins de financements modestes, ce qui a tendance à repousser les investisseurs, réduisant de fait un accès au financement pourtant nécessaire.
Un accès au financement disparate….
Si en Afrique, 37% des femmes sont bancarisées, – contre 48% de la population masculine -, seules 5% d’entre elles obtiennent des crédits. Leurs actifs immobiliers sont, en effet, jugés trop insuffisants pour garantir leur solvabilité auprès des banques. Cependant, certains pays africains font figure d’exception et enregistrent un taux de bancarisation des femmes supérieur à 40% (Roland Berger, 2020). Ces pays, regroupés sous la dénomination de « pays locomotives » (Afrique du Sud, Botswana, Ghana, Kenya, Malawi, Namibie, Nigeria, Ouganda et Zambie), ont un écosystème financier robuste. L’entrepreneuriat féminin y est favorisé par un taux d’alphabétisation élevé, un meilleur accès à l’enseignement supérieur et à des formations spécialisées. Les normes culturelles agissent aussi en faveur du développement de l’entrepreneuriat des femmes, car ces dernières disposent de droits plus équitables en matière d’héritage que dans d’autres pays africains, ceci renforçant dès lors considérablement leur solvabilité et leur capacité à contracter des emprunts bancaires.
…doublé d’un accès limité à des programmes de formation
L’accès aux financements n’est pas le seul frein au développement de l’entrepreneuriat féminin en Afrique. En effet, pour être pleinement efficaces, ces financements doivent s’accompagner de programmes de formation mettant particulièrement l’accent sur les nouvelles technologies, le numérique étant à même d’opérer d’importants changements. En effet, alors que le continent prend activement le chemin de la Quatrième Révolution industrielle, le développement de l’Afrique sera de plus en plus porté par les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC).
Cependant, si les femmes ont pleinement pris conscience de l’importance des technologies comme duplicateur de richesses, peu d’entre elles y ont réellement recours par manque de formations. Une étude de la GSMA a pourtant souligné l’apport considérable que représenterait l’accès des femmes aux TIC dans la hausse des revenus par habitant, celui étant alors susceptible d’augmenter de 20% d’ici à 2030. Cette étude souligne la place croissante que tendent à prendre les nouvelles technologies sur le continent africain, celles-ci répondant à un impératif aussi bien économique que social. Le recours au numérique permettrait alors aux femmes d’être davantage intégrées dans l’économie réelle. Ainsi, afin de permettre aux projets d’entreprises portés par les femmes de pleinement se concrétiser, l’investissement dans les secteurs de l’éducation et de la formation se révèlent essentiels.
C’est dans cette optique que Huawei met la formation des jeunes talents – y compris des femmes -, dans le domaine des TIC, au premier plan de sa stratégie de développement en Afrique. TECH4ALL, Seeds for the Future ou encore la ICT Academy sont des initiatives et programmes d’accompagnement mis en place par l’équipementier chinois, en collaboration avec de nombreuses universités africaines, pour former les nouvelles générations aux métiers du numérique. Ainsi, depuis 2016, la Huawei ICT Academy a bénéficié à près de 56 000 personnes réparties sur 318 universités, dans une vingtaine de pays africains. Au-delà de son action sur le continent africain, l’engagement continu de Huawei pendant la pandémie s’est également traduit à l’échelle mondiale. Le géant chinois a ainsi mobilisé 5 millions de dollars au profit de la Huawei ICT Academy Development Incentive Fund (ADIF), permettant notamment d’ouvrir près de 130 ressources MOOC (formation en ligne) couvrant des domaines techniques avancés tels que l’intelligence artificielle (AI), la 5G et l’Internet des objets (IoT) ; mais également de former 50 000 étudiants grâce à l’auto-apprentissage et aux cours prodigués en ligne.
Avec une contribution de 250 à 300 milliards de dollars, soit entre 12% et 14% du PIB total du continent africain (Roland Berger, 2020), les femmes entrepreneures jouent un rôle essentiel en termes de prospérité économique. Un rôle d’autant plus essentiel pour réduire les conséquences de la pandémie de la Covid-19, qui ont été particulièrement destructrices pour les économies des pays africains. Il est donc urgent de prendre des mesures pour encourager et soutenir l’entrepreneuriat féminin à l’échelle du continent. Pour ce faire, il est essentiel de mettre en place des politiques de réglementations liées à l’inclusion financière à l’échelle de chaque pays, sur le modèle de la Côte d’Ivoire, qui a par exemple mis à disposition des femmes entrepreneures un fonds doté de cinq milliards de FCFA pour faciliter l’accès au crédit. Il est également important d’encourager les partenariats publics-privés dans la formation des femmes à l’image de l’initiative Women In Africa (WIA), qui propose des formations assurées par les experts des universités et des grandes entreprises dans les domaines de l’agriculture, de la fintech, ou encore du numérique. Ensemble, ces axes d’amélioration devraient in fine insuffler une nouvelle dynamique et ainsi assurer un tissu entrepreneurial féminin robuste en Afrique.
Parce qu’elles constituent la colonne vertébrale des économies africaines, les femmes ont un rôle majeur à jouer dans le développement socio-économique de leurs pays. L’entrepreneuriat constitue également un puissant vecteur de leur émancipation et de leur autonomisation. Il est donc essentiel de les aider à entreprendre.