La 5e édition de la conférence internationale « Financing Investment and Trade in Africa » (FITA 2022) se tient à Tunis les 25 et 26 mai. Ministres, ambassadeurs, CEO, bailleurs de fonds et intervenants du continent et du monde planchent pendant deux jours pour tenter de répondre à cette question : quel plan de relance adopter pour l’Afrique et quels leviers activer pour parvenir à un développement plus conséquent ?
(Cio Mag) – Une date symbolique pour évoquer l’avenir du continent. L’ouverture du FITA 2022 a eu lieu le 25 mai dans la capitale tunisienne, à l’occasion de la journée mondiale de l’Afrique. L’Afrique est toujours « the place to be », a lancé la maîtresse de cérémonie lors de l’ouverture de l’événement.
Au total, plus de 3500 personnes venues de 45 pays sont réunies pour ce rendez-vous international, organisé par le Tunisia Africa Business Council (TABC). Dans cette période tourmentée, après plusieurs années de crise sanitaire et dans un contexte de tensions géopolitiques mondiales, cette participation constitue un message clair quant à l’enthousiasme provoqué par le continent. Les participants en sont convaincus, l’Afrique est bien le continent de l’avenir.
Ainsi, Tunis est, pendant deux jours, la capitale de l’Afrique, à quelques mois de la huitième édition de la conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) qui sera accueilli également en Tunisie. En attendant ce grand événement, un autre pays d’Asie, la Corée du Sud, est à l’honneur pendant cette conférence, signe de l’intérêt mutuel des deux continents.
« Le centre de gravité du monde se déplace vers l’Afrique, avec sa définition large et multidimensionnelle. L’économie mondiale sera beaucoup plus forte avec une économie africaine développée », a déclaré l’ex-ministre des Finances tunisien, Nizar Yaiche. Quant au choix de la Tunisie comme pays hôte, il n’est pas anodin, a-t-il rappelé, puisque le pays concentre l’un des ratios les plus élevés au monde en matière de développeurs et ingénieurs et de plus en plus d’entreprises de haute technologie qui font parler d’elles au niveau mondial. C’est notamment le cas de la startup d’intelligence artificielle Instadeep, dont le fondateur, Karim Beguir, a reçu le prix de l’entrepreneur de l’année. « Je rêve d’une jeunesse africaine qui se développe, et de solutions financières pour soutenir l’innovation. Ce n’est pas quelque chose d’accessoire, mais d’essentiel pour le développement de nos sociétés. La révolution est en train de se faire », a-t-il assuré en recevant son prix. « Nous voyons l’IA comme le fruit d’une compétition géopolitique entre les États-Unis et la Chine. Mais le talent tunisien et africain peut aussi permettre de relever les challenges. Mon rêve est que d’autres entrepreneurs réalisent des choses extraordinaires dans ce domaine.»
Comment le digital peut-il accélérer le développement ?
Si pendant deux jours, les participants débattent autour de thèmes variés comme le financement, le tourisme, les infrastructures, le commerce, la jeunesse africaine, la question des nouvelles technologies est encore loin d’être au centre des débats. Banques, BTP, secteurs traditionnels sont bien plus représentés que le secteur des IT au FITA. Mais une table-ronde était tout de même consacrée au sujet de la digitalisation, facteur de développement durable pour l’Afrique. En effet, selon le rapport e-Conomy Africa 2020 de Google et de la Société financière internationale (IFC), l’économie numérique en Afrique pourrait représenter 5,2 % du PIB du continent à l’horizon 2025, soit un peu plus de 180 milliards de dollars. Ce montant pourrait même atteindre 712 milliards de dollars à l’horizon 2050.
Mamoudou Keita, Directeur de la modernisation du travail du gouvernement guinéen, Oussema Lessis, CEO de la société tunisienne de cybersécurité PWN & PATCH, Akrem Beji, CEO de Medianet, une agence de communication digitale et transformation digitale, Mondher Ayadi, fondateur de la PME multinationale Numeryx et du MDBAN, un réseau de business angels du Maghreb et Alexandre Patrouillault, en charge de la zone MEA pour la Fintech Skaleet, ont débattu et proposé des pistes concrètes pour faire avancer le numérique en Afrique. Il a notamment été question des infrastructures et de la volonté politique indispensable à leur développement, ainsi que l’a rappelé Mamoudou Keita, en donnant l’exemple de la Guinée, aujourd’hui en retard sur cette question de la digitalisation. Oussama Lessis a fait remarquer de son côté que parler d’infrastructures sans évoquer la cybersécurité était contreproductif. A l’aide de chiffres et d’exemples concrets, il a rappelé l’impact financier des attaques, faits de bandes criminelles organisées, sur les organisations publiques et privées.
Il a aussi été question de l’innovation. Comment créer et soutenir les champions de demain pour une Afrique compétitive et résiliente ? Alexandre Patrouillaut s’est servi de l’exemple des Fintech, pour montrer comment, grâce à ce secteur, l’Afrique pouvait « sortir du cash », une véritable piste pour un développement inclusif. Akrem Beji a de son côté évoqué le rôle des entreprises privées dans le soutien à l’écosystème, citant l’exemple de Medianet, qui incube aujourd’hui huit jeunes pousses dans son « Village startup ». Mondher Ayadi a également parlé de l’importance de développer des réseaux de business angels africains pour soutenir cette innovation.
Les participants en sont convaincus : le digital peut et doit aujourd’hui être le moteur pour un véritable développement durable, inclusif et soutenable, en accord avec les Objectifs de développement durable de l’ONU. Le coup d’accélérateur numérique ne peut plus attendre et le secteur public et privé doivent créer les synergies, pour construire ensemble un modèle pérenne pour le numérique africain.