Madagascar a accueilli et célébré la 12ème édition des Assises de la transformation digitale en Afrique (ATDA) les 19 et 20 mai sur le thème : « Capital humain : catalyseur d’un écosystème numérique africain performant. » Elle a eu lieu en partenariat avec le Ministère du développement numérique, de la transformation digitale des postes et télécommunications de Madagascar.
(Cio Mag) – « En lançant il y a 12 ans les ATDA à Paris, notre volonté première était de promouvoir une image de l’Afrique qui innove, entreprend et ose ; pour pallier au déficit d’image qui était véhiculé à l’époque », a rappelé Mohamadou Diallo, fondateur des Assises de la transformation digitale en Afrique. L’idée de départ était donc de créer un haut lieu de rencontres entre les acteurs de la transformation digitale en Afrique.
« C’est ce que nous avons fait à travers les ATDA qui, au fil des années, se sont imposées comme étant une rencontre panafricaine des acteurs de la transformation digitale pour discuter des sujets innovants. C’est ainsi que nous avons contribué à renforcer la collaboration entre les différentes parties prenantes afin de créer un écosystème numérique dynamique sur le continent », s’est réjoui Mohamadou Diallo, Président directeur général de Cio Mag, média leader des informations technologiques en Afrique, créé en 2008 et porteur des ATDA.
Douze années plus tard, les ATDA posent leurs valises à Madagascar, après la Suisse en 2022, par respect au principe de rotation entre l’Europe et l’Afrique, né lors des assises du Maroc en 2021. L’écosystème numérique africain, des plus hautes personnalités aux étudiants en formation, s’est réuni autour de partages d’expériences, des cas d’usage et des rencontres B2B pour parler du capital humain comme catalyseur d’un écosystème numérique africain performant.
A ce sujet, une perspective des Nations-Unies annonce que d’ici à 2050, 35% des jeunes dans le monde seront africains. Un tout autre rapport prévoit que d’ici à 2030, il y aura plus de 230 millions de compétences à combler dans le numérique. Alors qu’en 2023, à peine 5 à 10% de ces besoins sont couverts.
S’ouvrir au monde
Face au besoin de formation des millions de personnes dans toutes les régions d’Afrique, Madagascar a accepté être l’épicentre des réflexions qui vont être implémentées sur l’ensemble du continent. Objectif : permettre à l’Afrique d’être au rendez-vous de la 4ème révolution industrielle.
« Nous sommes à un tournant de notre histoire et où les technologies numériques jouent un rôle clé dans la mutation et la modernisation de nos sociétés et de nos économies. J’ai la ferme conviction que la transformation digitale offre de multiples opportunités pour améliorer notre vie quotidienne », rassure Tahina Razafindramalo. Ministre du développement numérique, de la transformation digitale, des postes et des télécommunications de Madagascar.
Face aux défis, Madagascar affiche une volonté politique forte et un potentiel énorme en matière de capital humain. C’est justement l’une des raisons qui justifient l’organisation de cette 12ème édition des ATDA dans le pays. Mohamadou Diallo renchérit : « Madagascar mise sur le digital comme un véritable levier de croissance socioéconomique. Sa position géographique fait du pays, un carrefour entre l’Afrique et l’Océan indien. Ce qui fait que Madagascar est le passage obligé de plusieurs câbles sous-marins. Cela octroie également au pays, la possibilité d’avoir des connexions très robustes. »
Pour le ministre malgache, l’accueil de ces assises s’inscrit dans une démarche d’ouverture du pays au monde et manifeste sa volonté d’apprendre des autres pays en matière de numérique. Mieux, la thématique sur le capital humain a été choisie pour redonner une dimension humaine à un univers dominé par la technologie, une reconnaissance de l’importance de l’intelligence humaine dans la réussite de la transformation digitale.
Créer un écosystème digital africain performant et compétitif
A l’instar des autres pays africains, Madagascar a connu un retard considérable dans le secteur numérique. Le pays fait face à des défis tels que désenclaver son territoire, faire bénéficier des technologies modernes au plus grand nombre, se connecter entre nationaux et avec le reste du monde.
« La transformation digitale ne se résume pas à la technologie. Elle doit avant tout servir les besoins et les aspirations de la population et demeurer sous la maîtrise de l’homme qui l’a créé et non d’une intelligence artificielle pour se réaliser. En investissant dans l’éducation numérique, nous favorisons la création d’un écosystème digital africain performant et compétitif, propice à l’innovation, à la croissance économique, à l’épanouissement individuel et à la contribution du continent africain au développement de l’écosystème numérique », opine le ministre.
Le pays pose des pas de géant. Son président, Andry Rajoelina, citera par exemple la distribution de plus de 500 mille carnets avec des QRCode. Le paiement des bourses sur l’ensemble du territoire qui a permis d’économiser 20 milliards et 16 milliards pour ce qui est du paiement des salaires. 103 points connectés installés dans le pays avec une projection de 410 d’ici fin 2023 afin de faciliter la connexion à Internet pour l’ensemble de la population.
Fier de ces réalisations, le président dira que « tout cela nous a permis d’améliorer la qualité des services, l’efficacité et l’uniformité de l’objectif d’améliorer le service de l’Etat. La digitalisation aura de l’impact dans l’agriculture, l’énergie, la santé, l’éducation ou les services publics. Le numérique et la technologie offrent donc des opportunités d’innovation et d’efficacité sans précédent. »
Après la phase protocolaire des discours de lancement, les officiels ont procédé à la visite du village du digital. C’est un espace convivial dédié à la rencontre et au networking, spécialement aménagé pour accueillir les acteurs clés tels que les partenaires, les startups et les entreprises les plus innovantes.