Ghita Mezzour, ministre déléguée chargée de la Transition numérique du Maroc
Le Maroc lève le voile sur une révolution numérique sans précédent avec le lancement de “Maroc Digital 2030”. Cette feuille de route ambitieuse, portée par une volonté inédite de transformer en profondeur l’économie et la société, promet de faire du royaume un acteur incontournable de l’économie numérique mondiale. Si le succès est au rendez-vous, c’est tout un pays qui pourrait en bénéficier, à condition de relever les nombreux défis qui se dressent sur sa route.
Un investissement massif pour un avenir numérique
Dotée d’un budget de 1,1 milliard de dollars sur trois ans, cette stratégie est l’une des plus ambitieuses jamais lancées par le Maroc. Comme l’a souligné le Premier ministre Aziz Akhannouch lors de la cérémonie de lancement : « A travers cette stratégie, l’exécutif vise à former annuellement 100 000 jeunes dans le domaine du numérique et se fixe l’objectif d’employer 240 000 personnes dans le secteur numérique national. »
Les piliers de la stratégie
Plusieurs axes stratégiques ont été définis pour atteindre ces objectifs ambitieux :
La formation : le renforcement des compétences numériques est au cœur de cette stratégie. Le gouvernement prévoit de tripler le nombre de diplômés dans les disciplines numériques d’ici 2027. La simplification des services publics : la création d’un portail unifié des services administratifs est l’une des pierres angulaires de cette réforme. Comme l’a expliqué Ghita Mezzour, ministre déléguée chargée de la Transition numérique : « Ce portail permettra de surmonter les difficultés rencontrées par les citoyens et les entreprises dans leurs démarches administratives. » Le soutien à l’innovation : la stratégie prévoit de soutenir les startups, de créer des incubateurs et d’encourager la recherche et le développement dans les domaines numériques. Le développement des infrastructures : le déploiement de la fibre optique et de la 5G est un autre axe important de cette stratégie.
Des défis à relever
Si les ambitions sont grandes, les défis sont nombreux. La réussite de cette stratégie dépendra de la capacité du Maroc à :
Attirer les talents : former et attirer les talents numériques sera un enjeu crucial.
S’adapter aux évolutions technologiques : le secteur numérique évolue rapidement, le Maroc devra constamment se mettre à jour.
Garantir l’équité numérique : Il est important de veiller à ce que les bénéfices de la transformation numérique bénéficient à tous les citoyens. Un écosystème numérique en plein essor. Pour Chakib Alj, président de la CGEM, cette stratégie est une véritable opportunité pour le Maroc : « L’arrivée d’un nouvel écosystème technologique au Maroc attirera de grandes entreprises technologiques du monde entier, qui s’installeront et produiront dans le pays. » Il a également souligné l’importance de soutenir les startups et de les aider à se développer à l’échelle internationale.
Consensus et co-construction
Le plan d’action est le résultat d’un long processus collaboratif et itératif qui a mené à l’élaboration de la stratégie de digitalisation de l’économie numérique au Maroc. Ce processus, marqué par un dialogue constant entre les acteurs publics et privés, a permis de dégager un consensus sur les objectifs et les actions à mettre en œuvre. La stratégie, bien qu’ambitieuse, est conçue pour être flexible et s’adapter aux évolutions rapides du numérique. La création d’un comité national dédié témoigne de la volonté politique d’accompagner cette transformation à grande échelle. Cette approche inclusive et dynamique assure une meilleure adéquation de la stratégie aux réalités du terrain et garantit sa pérennité. Beaucoup de points ont été définis, avec des indicateurs de performance clairs, en particulier sur la croissance et l’emploi. Cependant, la stratégie n’est pas figée dans le marbre : elle s’inscrit dans une vision 2030 qui doit évoluer avec les réalités et les défis de l’économie numérique. « C’est pourquoi il est crucial de se réunir fréquemment afin de l’adapter au fur et à mesure », souligne pour sa part Redouane El Haloui, Président de l’APEBI, la Fédération des Technologies de l’Information, des Télécommunications et de l’Offshoring.
Pour sa part, Hicham Chiguer, président de l’AUSIM, a souligné la parfaite cohérence entre les objectifs de l’association et ceux de la Stratégie Maroc Numérique 2030. Il a notamment cité la simplification des procédures pour les citoyens et les entreprises, le développement d’un écosystème numérique exportateur, la formation des compétences numériques et le renforcement des infrastructures comme autant de points communs. Selon lui, cette stratégie positionne le Maroc sur une trajectoire ambitieuse pour devenir un acteur majeur du numérique en Afrique.”
Place de l’IA
L’intelligence artificielle constitue un pilier central de la stratégie Maroc 2030. En accélérant l’innovation et en stimulant la croissance économique, l’IA est appelée à transformer en profondeur de nombreux secteurs. Que ce soit dans l’agriculture, la santé, l’industrie ou les services, les applications de l’IA sont multiples et prometteuses. En investissant massivement dans la recherche, le développement et la formation, le Maroc vise à devenir un acteur incontournable de l’IA en Afrique et à renforcer sa compétitivité à l’échelle mondiale.
Par exemple, grâce à l’IA, le Maroc vise à réduire de 30% le temps d’attente pour obtenir un passeport d’ici 2025, tout en augmentant la satisfaction des usagers de 20%.”
La stratégie “Maroc Digital 2030” est un projet ambitieux qui pourrait transformer en profondeur l’économie marocaine. En misant sur la formation, l’innovation et la simplification des services publics, le Maroc espère devenir un acteur majeur de l’économie numérique en Afrique.