RDC : état des lieux de la réglementation et de la politique de cybersécurité

La cybersécurité est devenue un enjeu crucial pour la République démocratique du Congo (RDC) à l’ère de la transformation numérique. Depuis 2019, le pays a mis en place plusieurs initiatives visant à renforcer son cadre législatif et réglementaire en matière de cybersécurité et de protection des données personnelles. Focus !

Au cœur de l’Afrique, la République Démocratique du Congo s’engage activement à renforcer ses cadres réglementaires et ses politiques en matière de cybersécurité. Les autorités congolaises ont entrepris de multiples démarches pour aligner le pays avec les normes internationales de sécurité numérique. Bien que des progrès aient été réalisés, de nombreux défis demeurent. Depuis l’adoption du Plan national du numérique en 2019, la RDC a franchi des étapes significatives, telles que la création du Ministère du Numérique et l’Adoption de la Stratégie nationale de Cybersécurité en 2022. Renforçant ainsi la structuration des initiatives relatives à la protection des systèmes informatiques.

« Ces instruments de gouvernance visaient à améliorer la planification et la mise en œuvre de la transformation numérique en RDC », a déclaré Prosper Ntetika, avocat spécialisé en Droit du numérique, doctorant et chercheur en Droit et président du Think Tank Law and Technologies-RDC.

De même, depuis l’adoption de la Stratégie Nationale de Cybersécurité en 2022, la cybersécurité est devenue un élément essentiel de toute initiative numérique. « Cette Stratégie a enrichi le Livre IV du Code du numérique, notamment en matière de sécurité des systèmes informatiques, permettant aux secteurs concernés, comme le secteur bancaire, d’adapter leurs réglementations », ajoute-t-il.

RH en cybersécurité et sensibilisation

Dans ce pays, le vivier de talents en cybersécurité s’élargit progressivement, porté par un intérêt croissant des jeunes pour les métiers du numérique. Cette dynamique renforce la sensibilisation aux enjeux de la sécurité informatique dans les grandes villes, telle que Kinshasa, la capitale, Lubumbashi, dans l’Est Sud et Goma, dans l’Est. Tandis que le secteur public investit dans la formation des gestionnaires de systèmes d’information, le secteur privé intensifie ses efforts pour attirer et accompagner les jeunes dans ce domaine stratégique.

Des organisations comme Women In Tech RDC et la fondation Africa Cyber Education jouent un rôle clé en mettant un accent particulier sur la formation des jeunes filles, contribuant à une inclusion accrue dans le secteur.

« Il serait pertinent d’élargir cette dynamique aux provinces, notamment en renforçant la connectivité, en améliorant l’application du cadre légal existant et en créant des institutions académiques et scientifiques dédiées à la cybersécurité et aux autres domaines du numérique », souligne Me Ntetika, qui salue les efforts des différentes parties prenantes pour le développement du secteur en RDC.

La prise de conscience autour des enjeux numériques se renforce aussi en République Démocratique du Congo. Divers acteurs, qu’ils soient publics ou privés, déploient des actions pour sensibiliser la population, les entreprises et les administrations aux dangers de la cybercriminalité. Par exemple, le Think TankLaw and Technologies a lancé un guide en accès libre, visant à accompagner les différents acteurs dans leur conformité aux normes relatives à la protection des données personnelles. « Ce document en open source permet effectivement une meilleure appropriation des règles applicables en matière de protection des données personnelles et s’adresse aux entités tant du secteur public que du secteur privé », rappelle notre source.

Coopération régionale et internationale

Sur le plan continental, l’effort de Kinshasa s’inscrit dans une dynamique de transformation numérique et d’intégration africaine. Un exemple notable est l’Ordonnance-Loi n° 23/008 du 10 mars 2023, qui ouvre la voie à la ratification de la Convention de l’Union Africaine sur la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel, plus connue sous le nom de Convention de Malabo. Selon Me Ntetika, cette adhésion permet au pays de « bénéficier d’une coopération renforcée et de partager des bonnes pratiques avec d’autres pays africains ».

Des défis à relever

Bien que le pays ait accompli des progrès notables dans le domaine de la cybersécurité, notamment à travers l’adoption de la Stratégie nationale de cybersécurité et l’amélioration du cadre législatif, plusieurs défis demeurent. En particulier, ceux relatifs à l’harmonisation des réglementations, au développement des infrastructures et à l’éducation à la cybersécurité. Selon l’avocat spécialisé en Droit du numérique, plusieurs mesures sont essentielles, notamment celles de souligner que « la cybersécurité a un coût ». De ce fait, il est crucial que « l’État consacre davantage de ressources à cette problématique, en mettant l’accent sur la formation et l’optimisation des infrastructures », précise-t-il.

Une autre stratégie importante dans ce domaine consiste à renforcer la « coopération avec les partenaires régionaux et internationaux afin de garantir un cyberespace sûr et résilient » en République démocratique du Congo.

Enfin, un travail considérable demeure nécessaire pour instaurer une culture réelle de la cybersécurité au sein de la population et des entreprises. « La création d’une politique nationale de sensibilisation et de formation numérique pourrait être essentielle pour progresser dans cette voie », conclut Me Ntetika.

Enock Bulonza

Journaliste spécialisé dans les TIC et la santé, passionné par les technologies émergentes, et correspondant de Cio-Mag pour la région des Grands Lacs africains.

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