Dans le numéro 69 de CIO Mag à paraître mi-avril, la thématique abordée a trait au télétravail et à la cybersécurité. Le directeur général de l’Ecole supérieure multinationale des télécommunications (ESMT), Adamou Moussa Saley, est intervenu sur le sujet des viviers de la cybersécurité en Afrique. Il y parle des formations en cybersécurité que propose l’EMST, la fuite des cerveaux et la nécessité d’adapter les formations à l’emploi.
Propos recueillis par Michaël Tchokpodo & Camille Dubruelh
CIO Mag : Quelles sont les formations spécialisées dans le domaine de la cybersécurité sur le continent ?
Adamou Moussa Saley : Nous assistons à un développement des services digitaux depuis quelques années, plus précisément les services financiers digitaux au niveau des établissements bancaires. Au niveau des autres entreprises publiques et privées, le phénomène de la transformation digitale a pris une place importante avec la refonte de leurs systèmes d’informations. Pour favoriser l’efficacité et atteindre leurs objectifs, il faut sécuriser au maximum les infrastructures, les accès aux plateformes et réduire les risques liés aux données.
“Cette ‘Digitalization’ a accéléré la prolifération de toutes sortes de menaces liées à la cybercriminalité.”
Il revient, dès lors, à toutes les structures de se doter des compétences techniques et managériales pour sécuriser leurs activités. Ainsi, à l’ESMT nos formations sont axées sur la sécurité des infrastructures, la gestion des accès, la protection des données. Elles sont dédiées à plusieurs cibles dont les étudiants par le biais de la formation initiale et les cadres et techniciens des entreprises par la voie de la formation continue.
Nous avons des partenariats très forts avec CISCO, Huawei dont leurs solutions, au regard de la convergence, permettent d’apporter des solutions urgentes. Nous utilisons ces équipements dans la formation et la montée en compétences sur la durée des employés des grandes structures africaines.
Quels types de formation faut-il privilégier entre le scolaire, l’universitaire ou la formation online ?
Une formation répond à un problème ponctuel et un ou des besoins précis. Cela veut dire qu’elle doit être renouvelée régulièrement sur la durée pour favoriser la montée en compétences dans ce domaine au regard de l’avancée technologique.
“Notre formation est hybride; en fonction du public cible que nous adressons, nous adaptons le dispositif pédagogique approprié.”
Aujourd’hui, avec le Covid-19, nous priorisons les formations en ligne pour la partie théorique et la formation en présentiel pour les aspects pratiques tout en tenant compte des mesures barrières. Nous avons dans les pipelines, de nouveaux dispositifs pédagogiques qui étaient validés lors de notre conseil pédagogique et scientifique. Il s’agit de la formation en alternance ou en apprentissage qui a un double objectif, la question de l’employabilité et celle relative à la capacité d’intégration rapide en entreprise.
Les emplois proposés autour de la cybersécurité en Afrique sont-ils en adéquation avec les formations ?
A l’ESMT, l’employabilité n’est pas qu’un concept, c’est une préoccupation que nous prenons en compte dans le dispositif pédagogique. Notre objectif est que les compétences soient alignées aux besoins du marché du travail.
Le conseil scientifique par exemple, que nous avions instauré – qui consiste à une concertation du monde professionnel pour la prise en compte de leur préoccupation – est une solution à l’adéquation compétences/emplois dont nous nous sommes appropriés.
Nous nous inspirons du référentiel de compétences dans les thématiques porteuses de valeurs ajoutées et surtout l’implication des experts professionnels dans l’élaboration des curricula.
Comment éviter la fuite des cerveaux et des compétences dans ce domaine ?
Nos Etats pourront aider en donnant plus de moyens aux écoles pour former la jeunesse dans les domaines porteurs d’avenir. Cela passe par la subvention et l’accompagnement financier. De l’autre côté, il faut développer l’entreprenariat et faciliter les démarches de création d’entreprises mais surtout soutenir les jeunes talents.