(CIO Mag) – Ce qui était bien parti pour être considéré comme un exemple d’Open Innovation entre un grand groupe bancaire et une Fintech tourne finalement au vinaigre. Et pour cause ! A en croire Jeune Afrique, dans sa parution 2988 du 15 au 21 avril 2018, la société gabonaise e-Doley Finance s’apprêterait à « diligenter des poursuites contre BGFI Bank ». Le nœud de l’affaire ? e-Doley accuse la BGFI Gabon de s’approprier une technologie développée dans le cadre d’un partenariat et dont e-Doley disposerait le brevet. Selon ce que révèlent nos confrères de J.A, la banque aurait rompu unilatéralement les contacts avec son partenaire après avoir émise l’idée d’acheter la technologie développée et alors que E-Doley se proposait d’analyser la demande. J.A cite Ernest Akendengue Tewelyo, gérant de e-Doley qui rappelle que les deux entités ont engagé leur collaboration sur la base « d’un partenariat devant leur permettre de partager des bénéfices pour chaque transactions réalisées ». Une attitude à laquelle la Fintech entend répondre par une action en justice. Le préjudice serait de plusieurs dizaines de milliards de francs CFA. La Fintech a d’ores et déjà commis des avocats qui devraient porter l’affaire devant les tribunaux français et gabonais.
La BGFI trahit-elle son engagement ?
23 décembre 2015 ! La banque lance son service mobile, BGFI Mobile. A l’époque, c’était le cadeau de noël pour les clients. La BGFI serait-elle passée pour un père noël ? Ou l’est-elle réellement ? Le feuilleton qui s’annonce devant les tribunaux vont éclairer l’opinion. Mais si les accusations portées contre la BGFI s’avèrent, elles porteraient un sérieux coup au discours de la banque. En effet, les dirigeants l’établissement n’ont cessé de soutenir ces trois dernières années que la Fintech est l’avenir de la banque, comme l’avait souligné Afrique La Tribune dans l’une de ses publications, début décembre 2017. Nos confrères reprenaient à l’époque le président-directeur général du groupe BGFI Bank, Henri-Claude Oyima. Cette position est en contradiction avec l’affaire qu’annonce Jeune Afrique. Et pour certains observateurs, « l’affaire est suffisamment sérieuse pour s’en préoccuper » ; car pensent-ils que ce faisant, « BGFI aurait eu une attitude visant à étouffer un talent africain de la Fintech ». Ce qui apporte de l’eau au moulin de ceux qui s’inquiètent, c’est justement cette déclaration d’Ernest Akendengue Tewelyo rapportée par J.A dans laquelle le gérant de la Fintech e-Doley, toujours à propos de sa technologie, soutenait qu’« une phase de test avait été engagée au premier trimestre de 2015 ».
C’est donc une affaire invraisemblable qui pourrait être jugée prochainement en France pour la BGFI Bank qui, dans ses ambitions, affiche le désir de faire de la finance digitale un levier de son développement. BGFI est-elle prête à étouffer une jeune pousse africaine comme le soupçonne e-Doley ? Le feuilleton e-Doley / BGFI pourrait devenir le procès du siècle sur un continent en pleine digitalisation et où l’on ne cesse d’évoquer les enjeux de la protection des innovations des jeunes startups.
« Si BGFI Bank se targue d’avoir été le premier acteur financier africain à avoir signé le Pacte Mondial des nations Unies visant à promouvoir le développement durable à travers la défense des droits de l’homme, la préservation de l’environnement et la lutte contre la corruption, ce profil est biaisé à travers le conflit qui l’oppose à la FinTech e-Doley », fait observer une autre source du dossier.
Souleyman Tobias