(CIO Mag) – Venus des quatre coins de l’Afrique et du reste du monde, acteurs du numérique et décideurs politiques ont répondu massivement à l’appel de la Fédération marocaine des technologies de l’information, de télécommunication et de l’offshoring (Apebi), le jeudi 24 octobre 2019, au Sofitel Jardin des Roses, à Rabat, où s’est ouvert la 4ème édition du salon Africa IT Expo – AITEX.
En première ligne, Mouley Hafid Elalamy, ministre marocain de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Economie verte et Numérique (photo), Saloua Karkri Belkeziz, PDG de GFI Afrique, par ailleurs présidente de l’Apebi, Li Wei, chef de la délégation de la République populaire de Chine, pays invité d’honneur, avec la République du Congo représentée par Franck Parfait Sieolo, directeur de Cabinet du ministère des Postes et Télécommunications et Economie numérique. Avec eux, les représentants de 25 pays : Estonie, Bénin, Tunisie, Suisse, France, Etats-Unis, Emirats Arabes Unis, Sénégal, Côte d’Ivoire, Inde, Mali… tous rassemblés sous le Haut patronage de sa Majesté le Roi Mohammed VI pour réfléchir à comment faire du numérique, une nouvelle ressource de l’Afrique et un moteur de croissance.
Changer de logiciel
Pour le ministre Hafid Elalamy, il faut accompagner l’innovation afin de répondre au besoin de digitalisation forte des nouvelles générations. « Nous les Etats, nous avons l’urgence de mettre en place sur le continent africain des infrastructures capables de supporter les générations qui viennent », a-t-il déclaré avant d’affirmer que « nous avons besoin de changer notre logiciel de formation, [car] un des problèmes de l’Afrique c’est sa formation (…) nos formations sont obsolètes pour une grande majorité. »
Sur le continent, la révolution digitale suit à pas forcés la percée de la téléphonie mobile. Pour les jeunes assoiffés de liberté, sachant désormais ce qui se passe ailleurs, cette révolution arrive à point nommé avec des concepts nouveaux tels que le Big data, l’internet des objets et la 5G. Des concepts tout aussi desrupteurs que le Machine learning et l’intelligence artificielle. Autant de tendances qui augurent une transformation totale des pratiques, qu’elles soient professionnelles ou touchant le quotidien du citoyen.
Ce qui ne manque pas de susciter de la méfiance au sein de toute une génération, “au moins chez celle qui n’est pas née avec le digital”, a dit le ministre. Et d’ajouter : « Nous donnons l’impression de vivre cette transformation digitale, mais en réalité, nous sommes un peu effrayés de la subir. »
M. Elalamy a par la suite encouragé l’ancienne génération à travailler avec un esprit d’ouverture en soutenant la révolution numérique qui, non seulement, charrie des promesses de développement considérables dans tous les secteurs d’activité mais représente surtout une opportunité « phénoménale » pour l’Afrique « de rattraper son retard et de prendre de l’avance ».
Le modèle chinois
L’Afrique a été, à bien des égards, le pourvoyeur de main d’œuvre de base et le fournisseur de matières premières à prix relativement modérés. Mais le continent, à en croire Saloua Karkri Belkeziz, n’a pas véritablement profité de cette manne et reste le plus pauvre et le moins développé de la planète. « Les nouvelles technologies lui donnent l’occasion d’inverser la tendance », a affirmé la présidente de l’Apebi.
Et de poursuivre en ces termes : « Il faut que nos gouvernements prennent conscience de l’importance de la disruption que crée cette nouvelle révolution technologique et saisissent l’opportunité pour imprimer à nos pays africains la transformation radicale pour leur mise à niveau et éviter l’écueil de n’être que le pourvoyeur de développeurs en laissant filer notre jeunesse branchée et le fournisseur des métaux rares dont a besoin le nouveau monde technologique. »
Grâce à la science et aux différentes technologies, la Chine, pays le plus peuplé du monde qui fête cette année ses soixante-dix ans de régime, est en passe de devenir la première économie mondiale. « Elle a été incontestablement pendant des années l’usine du monde. Elle est la seule à pouvoir disputer aux Etats Unis sa suprématie technologique », a déclaré la présidente de l’APEBI.
Forte de son expérience, la Chine a beaucoup à partager avec l’Afrique dont la part dans le commerce international reste encore très faible. C’est tout le sens de sa présence à l’AITEX 2019. « Nous espérons que cette coopération bilatérale pourra saisir toutes les opportunités grâce aux TIC », a renchéri Li Wei, chef de la délégation de la République populaire de Chine.
Anselme AKEKO, depuis Rabat au Maroc
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