Algérie : les conditions du développement numérique selon Abderrahmane Benhamadi, PCA de Condor

« Le développement du numérique en Algérie ne peut se concrétiser que par la volonté de l’Etat et des communautés économiques et culturelles »

Par Véronique Narame

C’est une histoire singulière que celle de Condor Electronics Spa. Une success story algérienne, qui a commencé avec El Hadj Mohamed Taher Benhamadi et se poursuit avec son fils. Economiste de formation, Abderrahmane Benhamadi (photo) dirige aujourd’hui un des fleurons de l’industrie électronique de l’Algérie. Portrait d’un des patrons les plus influents d’Algérie.  

Au départ, l’entreprise familiale activait dans le commerce de denrées alimentaires et le transport. A présent, la société est spécialisée dans la fabrication d’équipements électroniques, d’électroménager, de matériel informatique et de panneaux photovoltaïques. Elle produit annuellement 1,2 millions de téléviseurs, presque autant de récepteurs satellites, plus d’un demi million de climatiseurs, quasiment le même nombre de machines à laver et 8 millions de tablettes et de téléphones mobiles.

D’autres entreprises font aussi partie du groupe. Elles sont actives dans les domaines de l’agro-alimentaire, de l’emballage, des matériaux de construction, dans la promotion immobilière et la construction, la charpente métallique, la câblerie, la verrerie, l’hôtellerie et le commerce international… « Ces multiples activités nous ont permis de brasser un gros volume d’affaire et de projets », témoigne Abderrahmane Benhamadi.

Pour preuve, Condor Electronics Spa a affiché un Chiffre d’affaires de plus de 650 millions d’euros en 2017 et un résultat à l’export de plus de 10 millions d’euros. Et compte près de 7 000 salariés. Des unités de fabrication sont implantées à Bordj, Alger, Msila, Biskra et Oran. Le réseau commercial et les points de services après-vente couvrent tout le territoire algérien.

Le Groupe est également partenaire dans la réalisation du projet Peugeot Citroën en Algérie, lequel sera localisé à Oran. Et installera prochainement une usine de montage de téléviseurs à Béja, en Tunisie.

Condor Electronics Spa représente un des conglomérats d’entreprises algériennes les plus puissants et les plus actifs dans la sphère économique du pays. « Sur le marché local, nous avons réussi à atteindre un grand nombre de consommateurs et à faire partie des marques algériennes les plus performantes du pays », atteste le patron de Condor. Les produits sont aussi distribués à l’export, en Afrique (Mauritanie, Tunisie, Maroc, Bénin, Congo Brazzaville, Sénégal, Tanzanie et Lybie) et en Europe (France et Italie).

Condor Academy

Le phénoménal essor de Condor tient à sa capacité à utiliser toutes les technologies digitales disponibles. « Parallèlement à la veille technologique, effectuée par nos soins dans le domaine de la production et de l’innovation, Condor a tenu, dès le départ, à moderniser sa gestion en adoptant les meilleurs ERP disponibles, afin de mieux maitriser le flux des données. Cela a eu pour impact d’améliorer les performances de notre entreprise, d’accroitre la mobilité de nos éléments et d’effacer les distances avec nos différents partenaires ». Des partenaires localisés aux quatre coins du globe. Les fournisseurs sont principalement des fabricants de haute renommée internationale, localisés en Chine, en Corée, en Egypte en France, en Espagne, aux USA…

« Aujourd’hui, poursuit Abderrahmane Benhamadi, il est impératif de bâtir une stratégie digitale et de la décliner concrètement. Il s’agit d’un processus continu et l’apprentissage se fait au fur et à mesure, car les techniques ne cessent d’évoluer. » Et le meilleur moyen d’y parvenir est d’investir le champ de la formation. Ce qu’a fait Condor en créant Condor Academy, une entreprise entièrement dédiée à la formation, qui aura pour mission de satisfaire les besoins croissants de Condor Group. « Son staff a été sélectionné parmi les meilleurs du domaine et dans un futur proche, Condor Academy proposera ses services aux entreprises et au public, afin de partager les connaissances et les technologies acquises pour le bien de la communauté », expose Abderrahmane Benhamadi.

Avec Condor Academy, l’entreprise va au-delà de ce que la législation algérienne impose. « Chez Condor, il ne s’agit pas seulement d’une obligation réglementaire consistant à consacrer 2% de la masse salariale annuelle à la formation et à l’apprentissage, mais d’un investissement dans l’objectif d’accroitre le développement de l’entreprise. La formation est un outil indéniablement efficace pour le développement des compétences et des connaissances des salariés. Ce ne peut être que bénéfique pour leur performance et leur rentabilité ». Le patron de Condor Electronics Spa revient, par cette voie, à sa vocation première : l’enseignement et la transmission, aux jeunes générations, des savoirs acquis au cours de ses études en Economie.

Implémenter des politiques et des réglementations

Pour Abdelmalek Benhamadi, le secteur algérien des TIC reste prometteur. Il est considéré comme l’une des alternatives économiques au secteur des hydrocarbures. Mais, si l’on veut améliorer encore davantage la qualité des prestations et offrir le meilleur prix possible au public, alors il faut de nouveaux investissements et la réglementation adéquate. « De cette manière, la contribution des TIC au PIB national s’approchera de la moyenne mondiale. »

Le Président du Conseil d’administration de Condor estime que le développement du numérique en Algérie ne peut se concrétiser que par la volonté de l’Etat et des communautés économiques et culturelles. Et en donnant plus de poids et de moyens au Ministère de la Poste, des télécommunications, des technologies et du numérique. « Pour booster le développement de ce secteur, il faut favoriser l’implémentation des politiques et des réglementations nécessaires », fait remarquer Abderrahmane Benhamadi. Il engage à la mise en place, dans tous les domaines, d’une administration et d’un environnement numérique, tout en assurant la sécurité et la confidentialité des informations et des données personnelles. « Les compétences algériennes, au niveau local ou à l’étranger, seraient ainsi appelées à concourir au développement de l’Algérie ».

Paru dans le Dossier Spécial Algérie de CIO Mag N°54 Septembre/Octobre 2018

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