Organisé par Cio Mag, le magazine panafricain de référence sur les TIC et la Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel (CNDP) sous la sponsorisation de l’Agence de Développement du Digital (ADD) et l’Université Mohamed VI polytechnique de Benguerir (UM6P), le 10ème anniversaire des Assises de la Transformation Digitale en Afrique (ATDA) a permis ce jeudi 25 novembre 2021 à des Keynotes d’envergure de dérouler des exposés autour des nécessités au développement numérique du continent africain.
C’est une première journée enrichissante parmi les deux traditionnelles de ce rendez-vous annuel du digital qui a meublé l’UM6P.
Entre de multiples échanges organisés selon un programme bien préétabli, cinq thèmes principaux ont été mis en avant par des invités aguerris.
Sur les leviers numériques pour un développement inclusif et durable, Mohammed Benmahjoub, le directeur général de l’opérateur des télécommunications marocain INWI, a réitéré l’essentialité de l’humain.
Il a évoqué le digital en tant que catalyseur confirmé de la croissance, stimulateur de la résilience économique et prérequis du développement humain.
Il y voit un outil essentiel pour une croissance universelle dépassant la disparité territoriale des ressources en réduisant la disparité de l’accès à l’éducation et pour le dépassement de l’hétérogénéité de la densité médicale via une prise en charge médicale par tous et pour tous grâce à la télémédecine.
Mais également pour l’élargissement du besoin de création de richesse via l’auto emploi et l’entreprenariat décentralisé grâce au très haut débit.
Avec INWI, a-t-il expliqué, ces leviers reposent également sur des capacités cloud performantes sécurisés et souveraines essentiels, un plan national haut débit permettant déjà de réduire la fracture numérique pour désenclaver autant de communes isolées ainsi que la roadmap de plusieurs data centers souverains pour des usages différents et une ligne de solutions de cyber sécurité pour protéger les actifs numériques des acteurs du public.
Croissance exponentielle du trafic des données
Ensuite, l’assistance a eu droit à un état des lieux et une vision pour le cloud africain avec Elisabeth Medou Badang, la vice-présidente d’Orange Afrique et Moyen Orient,
« Dans 17 pays dans lesquels nous travaillons, nous avons vu une croissance exponentielle du trafic des données. Dans certains pays, nous avons vu une augmentation de 60% en quelques jours, » a-t-elle rapporté citant également « le dédoublement du débit moyen » utilisé par les clients de l’opérateur des télécommunications Orange.
L’accélération dans un certain nombre d’usages des réseaux sociaux, du télétravail, d’usage des plateformes de streaming ou encore du commerce en ligne est selon elle à l’origine de ce constat.
Il ressort de son discours que la crise sanitaire liée à la Covid-19 a véritablement accéléré la pénétration de haut débit mobile, le dédoublement des clients 4G en deux ans au sein du groupe qu’elle dirige sans oublier une croissance de 30% observée en 2021.
« C’est une véritable phase de boulimie digitale que traverse l’Afrique aujourd’hui. Heureusement chez orange, nous avons su accompagner ces évolutions-là grâce à la robustesse de nos réseaux qui sont en constante adaptation, » a déclaré Badang.
Elle perçoit l’accès et les services, le cadre règlementaire et le potentiel humain comme les leviers sur lesquels il faudra agir pour accélérer le développement du cloud en Afrique.
« L’un des éléments clés pour l’adoption de cette infrastructure est l’amélioration de la culture de sa culture », a-t-elle ajouté prônant par la même occasion « une concertation de l’ensemble des acteurs régionaux et internationaux pour poser les jalons d’une harmonisation indispensable de régulation ».
Mais « pourquoi le Cloud ? » s’est interrogé par la suite Mounir Soussi le Vice-président pour le Cloud et l’intelligence artificielle (IA) en Afrique du Nord. A l’occasion, il abordait le quid d’un cloud souverain et du cyber sécurité ?
« A l’aube d’une quatrième transformation industrielle, la donnée, le cloud et l’IA constituent un trio permettant aux gouvernements et aux entreprises de fournir les meilleurs services aux usagers. Dans ce trio changeant différentes industries telles que le mobile money, les nouvelles formes de transport et autre, le cloud est la fondation de distribution, » a-t-il répondu.
Selon lui, cette infrastructure pour qu’elle soit souveraine en Afrique, les Etats africains, doivent y consacrer une grande partie de leurs investissements car ils n’ont pour l’heure « pas la vraie part du gâteau de la révolution qui se prépare ».
Quoique le retard sur l’adoption du cloud « n’est pas qu’un problème africain mais mondial » a-t-il reconnu.
Souveraineté : « pas une fin en soi », l’humain plus important
« Cette souveraineté est essentielle, n’attendons pas pour vivre le même constat d’échec que l’Europe subit, » a ajouté Soussi.
D’après lui, Huawei propose aux Etats, le cloud souverain en fondation développé en trois formes dont le cloud sécurité, gouvernemental et le commercial.
Quatrième Keynote, Imad Haddour,le vice-président d’Inetum a exposé sa vision des leviers de développement économiques et de souveraineté numérique. Ladite souveraineté n’est pour lui « pas une fin en soi ».
« Ne nous trompons pas de combat. Le plus important, ce sont les ressources humaines qui construiront et feront développer les Datacenter en Afrique, » a-t-il dit.
Selon lui, le challenge à relever est celui d’avoir une démarche holistique pour mener à bien les projets de manière agressive.
Reconnaissant le développement des écosystèmes digitaux comme le meilleur levier pour redynamiser les économies en Afrique, il a recommandé que la transformation digitale soit effectuée en « collaboration accrue entre les gouvernements, les entreprises et les citoyens ».
Le cinquième orateur principal était Touhami Rabii, président de GEMADEC, une entreprise marocaine qui accompagne la digitalisation des entreprises depuis une quarantaine d’année.
Touhami a présenté l’initiative B21- Biometry to Africa, « un projet d’envergure » récemment lancé par son entreprise pour apporter à l’Afrique « une infrastructure résiliente et pérenne pour des services d’authentification et d’identification des populations ».
« Notre objectif est d’accompagner les gouvernements africains à mettre en place des registres nationaux souverains, » a-t-il dit.
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