La 12ème édition a été ouverte par le Président de la République de Madagascar, Andry Rajoelina, au centre sur la photo.
La 12ème édition des ATDA, organisée par Cio Mag, en partenariat avec le Ministère du Développement Numérique, de la Transformation Digitale, des Postes et des Télécommunications, dans la capitale malgache, avait cette année pour thème « Capital humain, catalyseur d’un écosystème numérique performant ». Pendant deux jours, les débats autour de ce thème ont rassemblé les acteurs publics et privés du numérique africain, ainsi que plusieurs ministres africains du secteur, qui ont, en parallèle, tenu leur Conseil des ministres du numérique sous la houlette de l’Alliance Smart Africa. Reportage.
(Cio Mag) – Les deux jours ont été tout aussi riches qu’intenses en termes d’échanges lors de la 12ème édition des ATDA qui se sont déroulées à Antananarivo, la capitale de Madagascar, les 19 et 20 mai derniers. Le public a aussi bel et bien été au rendez-vous au Novotel Center, site d’accueil de l’événement, pour suivre les conférences et les tables rondes que pour visiter le Village numérique où différentes entreprises et associations de l’écosystème digital africain et malgache ont exposé et réseauté.
Fidèle à son engagement de catalyseur de bonnes pratiques, les ATDA, les premières organisées en Afrique subsaharienne, n’ont pas failli à leur mission, celle de réunir les acteurs africains et du monde entier des secteurs publics, privés, de la société civile et des bailleurs de fonds autour des problématiques liées aux enjeux de la transformation numérique sur le continent. Plus de 600 participants, dont 200 venus de l’étranger, ont été enregistrés. Plusieurs ministres et chefs de délégation de haut niveau (Maurice, Burundi, Ghana, Zambie, Comores, Mauritanie, Congo, RD Congo, Côte d’Ivoire…) ont rehaussé de leur présence le rendez-vous continental, qui a retenu comme thème « Capital humain : catalyseur d’un écosystème numérique africain performant ».
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Notons aussi la présence de personnalités de premier plan du monde de l’entreprenariat et des investissements, tels que le patron du Groupe Axian, Hassanein Hiridjee, l’étoile montante de la Edtech, Matina Razafimahefa, Guillaume Bonnard de Thomson Broadcast, Alpha Barry d’Atos Afrique, Pierre-Paul Ardile d’Arkeup ou encore Youssef Aït Kaddour de Huawei Northern Africa. Côté panelistes, les ATDA 2023 n’ont pas non plus manqué d’ambition en faisant intervenir, en présentiel ou à distance, des figures bien connues comme Khassoum Dia d’Itech Solutions, Jérôme Ribeiro d’Human AI, Jean-Michel Huet de BearingPoint, Frédéric Debord d’Orange Madagascar, Ghita Lahlou de Sana Education, Gautier Vasseur de la Berkeley University (en vidéoconférence) ou encore Douglas Mbiandou, le fondateur de l’association 10.000 Codeurs.
Une inauguration au sommet
Mohamadou Diallo, fondateur des ATDA, n’a pas caché sa satisfaction quant au succès obtenu par l’événement. « Je suis complètement comblé par la réussite des assises », a-t-il confié lors de la cérémonie de clôture avant de remercier les partenaires dont Smart Africa, l’initiative portée par les Chefs d’Etat africains qui place les TIC au cœur de l’agenda du continent, représentée pour l’occasion par son CEO, Lacina Koné. Le fondateur de CIO Mag n’a pas non plus manqué de noter avec enthousiasme la présence notable des partenaires techniques et financiers de Madagascar aux Assises comme la Société Financière Internationale (SFI), World Food Programm ou le Projet Pôle Intégré de Croissance de la Banque mondiale.
« La 12ème édition a été ouverte par Son excellence, le Président de la République de Madagascar, Andry Rajoelina, qui a démontré encore une fois son intérêt pour les nouvelles technologies, mais surtout l’espoir et la confiance qu’il porte envers les jeunes en visitant les différents stands du Village numérique », a aussi tenu à souligner Mohamadou Diallo. De fait, la présence du Chef de l’État a permis d’adresser un message clair : Madagascar souhaite se positionner comme l’un des pays acteurs de la transformation numérique du continent africain. Pendant ces deux jours, le pari était en tout cas gagné : la Grande Île était le cœur des échanges sur le numérique africain.
Pour sa part, le ministre en charge du développement Numérique de Madagascar, Tahina Razafindramalo, dont le département s’est beaucoup mobilisé pour garantir la réussite des assises, a rappelé que Madagascar a une population jeune, engagée et passionnée par le savoir et avide de connaissances. « La grande Île possède une connectivité haut débit parmi les meilleures en Afrique, ce qui constitue un avantage considérable. Le pays dispose également d’un écosystème numérique privé dynamique, notamment dans les secteurs du Business Process Outsourcing, Call Centers et des Entreprises de Services Numériques. Toutes ces raisons sont autant d’atouts pour Madagascar pour réussir sa transition numérique », a-t-il ajouté. Le représentant du gouvernement, après avoir présenté les recommandations issues des assises, dans l’après-midi de samedi, a aussi mis l’accent sur la promesse du président Rajoelina de servir de porte-parole pour porter les engagements forts et les messages de sensibilisation auprès de ses pairs africains.
Des échanges inspirés et inspirants…
Au niveau des interventions et des échanges, les ATDA sont demeurées fidèles à leur engagement de catalyseur de bonnes pratiques, une plateforme d’intelligence collective avec une feuille de route et des recommandations. Des formations aux compétences en passant par la diversité et la démographie, les sujets traités lors de la table ronde inaugurale ont donné le ton. L’intervention de Lacina Koné sur les infrastructures, les écosystèmes et la gouvernance est aussi parvenue à capter le public, tout comme les échanges autour de l’Edtech, les startups, les académies et la cybersécurité.
Sur ce dernier sujet, Youssef Aït Kaddour de Huawei Maroc a beaucoup insisté sur la nécessité pour le continent de s’intégrer davantage dans un contexte mondialisé et d’accorder une place centrale à la cybersécurité, en renforçant le cadre législatif et en misant sur les technologies les plus avancées. Impossible, en outre, de revenir sur les ATDA 2023 sans toucher mot à la séance baptisée « Women in Tech » qui a eu pour guest speaker, Marcelle Ayo de la Société Financière Internationale et comme grand témoin la physicienne congolaise Raïssa Malu. Les discussions modérées par Wassila Kara Ibrahimi ont été suivies avec beaucoup d’intérêt par une assistance bien fournie.
Mais l’un des panels où les échanges étaient passionnés est la table ronde sur l’intégration régionale et les partenariats publics-privés. Parmi les panélistes, le CEO du Groupe Axian, Hassanein Hiridjee, a martelé que le secteur privé est au cœur de la dynamique et mérite le soutien fort des gouvernements. « Soyez à l’écoute de votre secteur privé, ne ratons pas la révolution. On n’y arrivera pas si les gouvernements ne tendent pas la main aux entreprises », a-t-il lancé avant de soutenir avec une certaine vigueur qu’il est tout aussi important de rééquilibrer les forces mondiales au niveau du numérique, car les GAFAM ne contribuent pas assez à l’émergence digitale de l’Afrique. Il a ainsi indiqué qu’il était nécessaire de réfléchir à un rééquilibrage de la fiscalité entre les GAFAM et les gouvernements et l’usage des réseaux des opérateurs par les GAFAM (fair share). « Donnons-nous la main pour réaliser les projets infrastructurels couteux », a-t-il aussi affirmé.
De son côté, Freddy Mpinda, Conseiller auprès du Ministre du Numérique de la RD Congo, a souligné que la priorité reste la formation des décideurs, qui doivent être au fait des enjeux liés au développement numérique. Des spectres de fréquence à la souveraineté numérique, en passant par les infrastructures à mettre en place et les licences, il existe en effet différents points que les responsables publics doivent maitriser pour pouvoir jouer pleinement leur rôle dans la mise en œuvre de la politique de développement du secteur. « Aujourd’hui, c’est comme si on mettait des agents de police aveugles sur la route », a-t-il fait remarquer.
Quant à Jean-Michel Huet, associé chez BearingPoint, il a surtout noté que si l’Afrique compte aujourd’hui autant d’habitants que la Chine, elle ne peut encore parler d’une même voix. Ce qui constitue un handicap certain pour faire avancer les dossiers de taille comme la régulation ou encore la construction des infrastructures.
Village numérique et innovations
Grande nouveauté de cette 12ème édition, le Village numérique a aussi accueilli divers programmes et interventions enrichissantes. L’espace convivial dédié à la rencontre et au networking, spécialement aménagé pour impliquer les acteurs clés tels que les partenaires, les startups et les entreprises innovantes, a vu notamment la tenue d’une masterclass sur le futur du travail dans le numérique et le « Hackathon des ATDA » organisé avec l’incubateur NextA du groupe Axian. Et c’était lors de la belle soirée de gala du samedi 20 mai que les gagnants du concours ont été annoncés et présentés.
En parallèle de ces ATDA, s’est aussi tenu le Conseil des ministres du numérique de Smart Africa. L’événement hybride a réuni les ministres et les représentants de 14 États membres, dont les huit ministres africains présents. Ce conseil a notamment permis la signature de la déclaration Smart Africa Trust Alliance (SATA) par la République du Congo.
Retrouvez ici l’ensemble des recommandations des ATDA
Baisser de rideau donc des toutes premières ATDA organisées en Afrique subsaharienne. Promesse est faite de revenir, dès que possible, sur le continent, voir même de nouveau à Madagascar.
Par Liva Rakotondrasata