La 12ème édition des Assises de la transformation digitale en Afrique (ATDA) a duré deux jours, les 19 et 20 mai, en terre malgache. Au cours de la seconde journée, Pierryl Massal, VP-Global head of business development and customer engagement chez Atos est intervenu sur le thème : « la Smart City : aucune intelligence sans approche centrée sur l’humain. »
(Cio Mag) – A l’entame de ce face-à-face, l’invité est revenu sur l’historique et la définition d’une Smart City afin de recentrer le débat.La notion de Smart City, dira-t-il, est née dans les années 2000 pour répondre à un déficit d’optimisation des infrastructures physiques et digitales. En ce temps, l’adressage de l’infrastructure sociétale avait été mis de côté. Un point qui a été corrigé en 2015 par les Nations-Unies à travers l’agenda 2030 et l’ensemble des Objectifs de développement durable (ODD) visant à remettre l’humain au centre des Smart Cities.
D’après Pierryl Massal, « la cité est définie comme une entité géographique qui fait référence à une zone urbaine, dense et moderne. C’est en son sein que se retrouvent deux composants majeurs : la population et les infrastructures. Les infrastructures se déclinent à travers 3 éléments : les infrastructures physiques, les infrastructures digitales et les infrastructures sociétales. » La notion de « Smart » fait donc référence au numérique qui est transverse à l’ensemble des ODD.
A cette définition, correspondent deux Smart Cities en Afrique. Celle de Madagascar sur laquelle Atos a travaillé avec le gouvernement pour apporter une dimension numérique dans le secteur agricole, notamment la filière riz. Objectif : atteindre l’objectif 2 des ODD relatif à « zéro faim. » « Nous avons essayé de comprendre réellement et opérationnellement les problématiques de cette filière afin d’utiliser l’outil numérique dans une perspective d’amélioration et de traitement des points de problématique qui ont été constatés », précise Pierryl Massal. La même stratégie est actuellement en cours en Egypte où Atos aide le gouvernement à construire à partir d’une terre où il n’y a rien, toute une zone urbaine.
« Dans cette stratégie de développement urbain, avoue l’expert, le numérique ou la notion de Smart City a été pris en compte. Mais dans une perspective de services à la population qui sera amené à s’installer sur cette zone résidentielle et administrative. Chez Atos, c’est dans cette perspective que nous avons depuis toujours essayé de travailler cette notion de Smart City. Cela nous permet d’éviter une approche purement technologique qui a toutes les choses d’offrir des résultats insatisfaisants parce que quelque part hors sol. »
Modèle économique durable
De son point de vue, le VP-Global head of business development and customer engagement chez Atos estime que les ODD ont apporté de la valeur et du capital humain comme étant un pilier fondamental de ces objectifs. Une réalité qui n’était pas prise en compte au départ. C’est l’UN Habitat qui a donc œuvré à la prise en considération de la dimension humaine associée à la technologie au sein des Smart Cities. « La démarche de la Smart City est avant tout basée sur l’exploitation de la donnée, quelle que soit la source de cette donnée. Autour de l’exploitation de la donnée, on va chercher à créer de la valeur qui traite des besoins réels de la population », renchérit-il.
Pour lui, les compétences à valoriser au sein de la Smart City portent sur la cybersécurité, l’intelligence artificielle, le machine learning et l’IoT. Celles-ci lles sont valables aussi bien en occident qu’en Afrique si on veut être capable d’adresser la Smart City. Un autre aspect très important concerne le partenariat entre les acteurs privés et publics. « Pour être capable de créer un écosystème transparent ouvert le plus large de la donnée, vous allez devoir mettre autour de la table à la fois les autorités publiques, le secteur privé et la population. Pour y arriver, les modèles économiques doivent être durables parce que sinon, très rapidement le projet va s’arrêter », confie Pierryl Massal.
Dans ce cas, l’exemple type d’Atos, c’est d’envisager un système d’autofinancement pour éviter des points de blocage pouvant maintenir le projet à la phase pilote et l’empêcher de passer à l’échelle industrielle. « Dès le départ, conseille-t-il, il faut avoir l’ensemble des acteurs qui participent au projet et le construire sous l’angle d’un modèle économique qui soit soutenable dans la durée, même si de façon initiale un financement public peut être particulièrement important et nécessaire. »