ATDA Abidjan 2018 : le plaidoyer du DG de la Poste de Côte d’Ivoire

(CIO Mag) – Le mercredi 3 octobre 2018, sous les acclamations des participants aux Assises de la transformation digitale en Afrique (ATDA), organisées à la CGECI-Abidjan par CIO Mag en collaboration avec le Patronat ivoirien, le directeur général de la Poste de Côte d’Ivoire a déclaré que « la Poste n’est certainement pas le banquier qui va accompagner et financer des startups ; en revanche, on peut être le partenaire qui peut permettre de faire éclore des talents et des technicités cachés (…) Si tu sais fabriquer une application pour que je puisse ‘’tracker’’ mes colis, mes paquets, etc., tu es le bienvenu. Pourvu que moi [La Poste], je puisse apporter une qualité [de service] à mes clients ».

Au cours du panel sur le thème “Vers quels mécanismes de financement des infrastructures ? Quid de la Gouvernance électronique”, M. Isaac Gnamba-Yao s’est servi d’une anecdote pour inviter les bailleurs de fonds à mieux orienter leurs financements. Cette anecdote, c’est celle d’un mécanicien de 14 ans qui a pu réparer la boîte noire du véhicule du DG. Une prouesse d’autant plus que la panne n’a pu être réglée par des professionnels qui lui avaient même conseillé de passer commande d’une nouvelle boîte noire en Europe.

« Ce gamin n’a jamais eu contact avec un ordinateur. Des petits comme ça, a poursuivi le DG de la Poste de Côte d’Ivoire, vous avez des millions dans nos capitales africaines (…) Il s’agit simplement de les mettre dans les petits centres d’incubation (…) Leur faire toucher un peu l’électronique, allait nous donner de sortir des champions et des érudits du digital dans nos pays. »

Suivant ses propos, c’est de cette manière que « les supers structures, qui sont des zones franches spécialisées dans le boosting du développement numérique, du digital, avec des budgets impressionnants », ou les centres d’incubation, « qui sont encore d’autres opérations de charme et de publicité pour les politiques et les directeurs généraux », se rendront plus utiles au développement du pays.

Services financiers et administratifs

En ce qui la concerne, la Poste peut être selon le DG, l’acteur qui aidera à construire l’écosystème numérique ivoirien. Et comment ? Par la démocratisation des services financiers et la délivrance des services administratifs aux citoyens.

Actionnaire de la Banque d’Abidjan, la Poste de Côte d’Ivoire met à disposition la capillarité de son réseau pour permettre aux populations d’accéder aux services financiers dans toutes les contrées du pays. « On vient de créer une deuxième filiale dans le groupe qui s’appelle Kash Kash, qui est la première solution de paiement digitale multi-services, multi-applications, multi-opérateurs », a annoncé M. Isaac Gnamba-Yao. Non sans déplorer l’absence de solution nationale de paiement électronique en Côte d’Ivoire.

L’institution postale ivoirienne permet également aux candidats des différents concours de la Fonction publique de déposer dans n’importe quel bureau de poste, leurs dossiers de candidature qui sont ensuite acheminés vers le point central qui organise les concours à grand tirage. Ce qui permet de donner la chance à chaque Ivoirien de présenter un concours public sans être obligé de se rendre à Abidjan pour les formalités administratives.

Dans le cadre d’une convention avec l’Union des villes et communes, le postier ivoirien a ouvert le portail documents.ci qui donne la possibilité à toute personne de passer commande d’un extrait d’acte de naissance et de le recevoir dans le bureau de poste qu’il aura identifié ou à son domicile.

Une dette de 29 milliards FCFA

« Ça, c’est la vieille poste de Côte d’Ivoire, sans moyens, sans milliards de francs CFA de “boosting” du digital qui l’a mis en place. Alors que nous sommes informés d’une grosse volonté de l’Etat de Côte d’Ivoire de faire des services électroniques pour les citoyens. Mais en tous cas, la plateforme de prestation de services administratifs aux citoyens qui marche en Côte d’Ivoire aujourd’hui est développée par la pauvre Poste de Côte d’Ivoire, qui a un endettement de près de 29 milliards de francs CFA », a déclaré M. Gnamba-Yao.

Pour rappel, l’institution postale ivoirienne a été amputée de ses services financiers au nom d’une orientation de la Banque mondiale préconisant la séparation des services financiers des services postaux. Parce que les postiers ne seraient pas capables de gérer la manne d’argent issue des mandats postaux. Il s’en est suivi la création de deux sociétés d’Etat : la Caisse d’épargne et la Poste de Côte d’Ivoire, qui a fait sa descente aux enfers.

Malgré les solutions qu’elle a développées ces dernières années, l’encadrement pour accéder aux financements des bailleurs de fonds reste toujours « contraignant ». Le directeur général a donc profité des ATDA Abidjan 2018 pour lancer un appel aux bailleurs internationaux, afin de trouver ensemble le meilleur modèle de financement qui permettra à la Poste d’apporter davantage de services aux citoyens.

Anselme AKEKO – Abidjan

Anselme AKEKO

Responsable éditorial Cio Mag Online
Correspondant en Côte d'Ivoire
Journaliste économie numérique
2e Prix du Meilleur Journaliste Fintech
Afrique francophone 2022
AMA Academy Awards.
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