“Le numérique fait partie de notre vie quotidienne, ce qui m’oblige dans les prochains mois à mettre sur pied un centre multimédia à Bandja.”
Ce sont les propos d’un maire assez moderne. Un visionnaire a-t-on coutume de dire dans le Haut-Nkam, région de l’Ouest du Cameroun, où il assume les reines de la commune de Bandja et du Syndicat des Communes du Haut-Nkam. Expert fiscaliste agréé CEMAC, élu meilleur gestionnaire de l’année 2016, Djimgou Barthélémy reste soucieux du développement des jeunes de sa municipalité. Si beaucoup d’idées foisonnent dans son esprit, celle de la création d’un centre multimédia lui tient à cœur. Après le premier Forum sur à l’économie numérique tenu en mai dernier à Yaoundé, le maire de la Commune de Bandja a compris, selon les confidences, que le numérique fait partie de notre quotidien et que celui qui n’est pas connecté aux TIC est un homme sans boussole. Fort de ce constat, le maire Djimgou Barthélémy envisage dans les prochains mois, la création d’un centre multimédia. Objectif ? Encourager les jeunes de sa commune à s’investir davantage dans les filières sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM).
CIO Mag : Dites-nous M. le maire comment va s’opérer cette idée en faveur des jeunes ?
Djimgou Barthélémy : Vous savez, le fait que l’on soit en zone urbaine ou rurale ne nous dispense pas du développement. Et celui qui aujourd’hui croise les bras à cette grande heure de la communication est presque inexistant sur la planète. Fort de tout cela, je ne suis pas prêt à accepter de voir les citoyens de la Commune dont j’ai la charge rester à la traîne. Il est important que nous avancions avec le développement. Il est donc grand temps de s’arrimer aux TIC comme le chef de l’État S.E. Paul Biya a convié les Camerounais à s’y mettre. En ce qui me concerne, je vais me mouvoir pour permettre à la jeunesse scolaire de l’Arrondissement de Bandja, à travers un centre multimédia, de s’approprier l’outil informatique, à vivre au quotidien le numérique sur tous les aspects. Parce que aujourd’hui, le numérique fait partie de notre quotidien et nul ne peut ou alors aucune structure ne saurait priver les siens des avantages des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication. Le dernier forum international organisé à Yaoundé sur l’économie numérique m’a personnellement inspiré et m’a permis de comprendre qu’il faut envisager dès à présent des actions dans le domaine du numérique. Les nombreux échanges m’ont également permis de comprendre qu’il faut voir grand, qu’il faut permettre à la jeunesse de ma Commune d’être à la page du numérique. Ce qui se fera dans ce sens est contenu dans un programme dont je suis encore en train de peaufiner. Dès qu’il sera finalisé avec les techniciens, nous allons solennellement ouvrir ce centre multimédia.
“Nous jouissons aujourd’hui des commodités nécessaires en termes d’énergie”
Est-ce seulement le rêve de faire comme les autres qui vous a le plus motivé ?
La motivation première vient de ce que je vous ai dit plus haut. Aussi, Internet et la fréquentation des réseaux sociaux ne doivent plus seulement se faire sur les portables, encore que ce n’est pas tout le monde dans la commune de Bandja qui a la facilité de disposer d’un téléphone androïde ou d’un smartphone haut de gamme. Pour faire certains travaux , j’estime qu’il ne faut plus aller au centre ville. Nous jouissons aujourd’hui des commodités nécessaires en termes d”énergie pour travailler avec nos ordinateurs. Mais surtout, il faut souligner que la principale motivation c’est de voir aussi un jeune de ma commune parmi les meilleures startups du Cameroun pourquoi pas au-delà des frontières du pays à l’exemple de Arthur Zang l’inventeur du Cardiopad ; Estelle Ndedi qui est une combattante de l’émancipation de la femme par les TIC ; Diane Audrey Ngako qui a redéfini le concept internet dans la relation avec les consommateurs ; Habsatou Nadia Kalkaba qui a remporté un prix à l’international et bien d’autres. Pour arriver à avoir des startups à ce niveau, il faut motiver et encourager les jeunes dès l’école primaire à travers non seulement ce centre multimédia, mais aussi des prix de fin d’année scolaire aux élèves qui ont des meilleures notes notes en mathématiques ou dans les filières informatiques de nos lycées et collèges. Je vais, pourquoi pas, compter sur l’assistance de certaines structures et organismes comme CIO Mag pour arriver au bout de mon rêve.
Mais cela nécessite des équipements adéquats?
Nous disposons au niveau de la commune de salles appropriées pour abriter un tel service. Nous allons nous appuyer sur certaines relations tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays pour l’équipement en machines. Les élites de la commune qui sont hors du pays vont aussi être sollicitées. Parce que ces gens de la diaspora savent pertinemment qu’ils ont laissé leurs cadets au Cameroun. En tout cas, nous avons beaucoup d’idées dans ce sens et pensons qu’il est temps de commencer à y songer.
“Nous allons éviter que le centre multimédia de Bandja soit un lieu de dépravation des mœurs”
Que pensez-vous des comportements peu recommandables sur les réseaux sociaux ?
Il est important de souligner que l’éducation d’un enfant commence à la maison. Ce sont les parents qui sont les premiers éducateurs des enfants dans tous les domaines. A ce stade, si les parents savent que les réseaux sociaux sont un danger pour l’enfant, ils sauront quoi dire à leurs progénitures. D’ailleurs, si vous ne le faites pas le dehors ou la société va s’en occuper et c’est vous qui allez plus tard regretter. Les jeunes aujourd’hui vont sur internet ou fréquentent certains réseaux sociaux sans l’avis de leurs parents. Au niveau de notre commune, nous avons des services sociaux qui ont un programme d’éducation de la jeunesse sur plusieurs aspects de la vie en société. Le vivre-ensemble, le bien-être social sont pour moi comme les socles de la réussite de toute société. Nous allons nous y employer pour éviter que la fréquentation du centre multimédia de Bandja soit un lieu de dépravation des mœurs. Nous allons organiser des causeries éducatives dans ce sens et dire à nos enfants le bien fondé de l’utilisation du numérique. Dans sa majorité, cette jeunesse sait pertinemment qu’elle doit aller sur Internet pour faire des recherches en vue d’approfondir ses connaissances. Si nous instituons des prix chaque année aux meilleurs élèves, aux jeunes chercheurs, à ceux qui ont envie de créer des startups, je crois que les jeunes de la commune de Bandja sauront sur quoi basé leur recherche au quotidien.
Par dessus-tout, quels sont les objectifs que vous visez ?
Je ne vais pas revenir sur ce que j’ai dit. Je me souviens que monsieur le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation René Emmanuel Sadi qui a représenté le chef d’État à l’ouverture du premier Forum sur l’économie numérique a dit, permettez que je cite: «Dans le contexte mondial marqué par la mutation vers le tout numérique, le Cameroun s’est résolument engagé dans cette nouvelle économie, celle dite numérique, aujourd’hui unanimement perçue par tous comme le secteur le plus dynamique de l’économie mondiale. Dans cette optique, le gouvernement a été engagé à accorder à ce secteur toute l’attention méritée.» Vous comprenez que je partage son idée. Aussi, que le plus important pour la commune de Bandja est de mener une vaste campagne de vulgarisation des inventions et innovations des jeunes dans le domaine du numérique auprès des opérateurs économiques et autres élites de notre Arrondissement. On doit également mobiliser et sensibiliser tous les acteurs de développement sur l’utilisation du numérique. Le monde est en pleine expansion depuis l’avènement de l’internet et c’est primordial que tout le monde s’arrime. L’autre avantage c’est que l’économie numérique est une niche d’emplois direct et indirect pour les jeunes, et je souhaite que les jeunes de la commune de Bandja en bénéficie.
Un dernier mot ?
Je vous remercie et je vais vous solliciter pour la vulgarisation de ce centre multimédia de la Commune de Bandja. J’invite par votre canal les âmes de bonne volonté à nous venir en aide pour l’encadrement de notre jeunesse dans ce domaine très prisé de l’économie numérique, surtout les élites de la diaspora camerounaise et les structures d’encadrement, afin de permettre aux jeunes filles et garçons de mon Arrondissement de devenir des startups dans les meilleurs domaines du numérique.
Propos recueillis par Jean-Claude NOUBISSIE