Des start-up béninoises donnent un nouvel écho à des pratiques historiquement traditionnelles. Pour impulser l’inclusion financière, elles digitalisent la tontine collaborative, l’épargne version Systèmes financiers décentralisés (SFD), ainsi que les moyens de paiement.
Par Michaël Tchokpodo
Juché sur sa moto, Kossi A. slalome entre véhicules et les engins à deux roues, dans un faubourg de Cotonou, la capitale économique du Bénin. Son taxi-moto n’effectue pas une course, mais il rejoint le centre de santé le plus proche. La température de sa fille de trois ans est supérieure à 38 °C. « J’ai de la chance, dit-il, j’ai pris ma levée de 20 000 FCFA aujourd’hui. Même si je n’arrive plus à l’utiliser pour payer mes dettes, je pourrai au moins soigner mon enfant. » Sa chance, Kossi l’a provoquée en souscrivant à Tonti+, une tontine digitale, qui utilise un portefeuille mobile money et une application mobile. Elle alimente un porte-monnaie commun, lequel sert à reverser la mise totale des participants au titulaire de la levée rotative, le moment venu. A l’instar du système traditionnel, le modèle économique reste le même. Le gestionnaire de la tontine prélève un pourcentage et, dans son cas, le banquier ambulant prend une part sur 30 jours de cotisation.
Au Bénin, la tontine a historiquement été un moyen d’épargne collaboratif. « Elle fonctionne comme un filet social pour les populations », fait remarquer Gilles Kounou, fondateur d’Open SI, une compagnie béninoise qui accompagne les entreprises et les institutions dans leur transformation digitale. L’entreprise a remis la tontine au goût du jour grâce au numérique. Et ce système d’épargne collective pare aux vulnérabilités sociales auxquelles sont exposés les conducteurs de taxi-motos (ils sont estimés à plus de 250 000 au Bénin) et les artisans (évalués à 240 000, selon le recensement national de 2019 des artisans béninois). (…)