L’Association Burkinabè des Domaines Internet (ABDI) a installé mi-mars son Secrétaire Exécutif. Recruté à ce poste, Izaï Toé aura pour mission de conduire les stratégies de développement d’Internet au Burkina Faso.
(Cio Mag) – Pour travailler au développement d’Internet au Burkina Faso, les acteurs publics et privés du secteur des Technologies de l’Information et de la Communication se sont regroupés au sein de l’ABDI, Association Burkinabè des Domaines Internet. Officiellement reconnue par le gouvernement burkinabè en juin 2018, elle rentre dans le vif de son sujet avec le lancement des activités du Secrétariat Exécutif, bras opérationnel de l’Association.
Ainsi, installé dans ses fonctions, le Secrétaire Exécutif, Izaï Toé a pour mission de développer les stratégies nécessaires pour atteindre les objectifs de l’Association. Ces derniers s’articulent autour de quatre points : la gestion des noms de domaine Internet .bf, la migration des adresses IPv4 vers IPv6, la promotion du contenu local sur Internet et la création d’un fonds de soutien au développement de l’Internet.
Promouvoir le .bf, territoire numérique du Burkina Faso
Le nouveau Secrétaire Exécutif de l’ABDI est convaincu qu’il faut mettre en valeur le .bf, le domaine de premier niveau du Burkina Faso. C’est une question d’affirmation d’identité d’appartenance au territoire burkinabè sur Internet, explique-t-il à Cio Mag. Avec seulement de nos jours environ 1500 noms de domaine enregistrés avec le .bf, « l’exploitation et l’usage paraissent dérisoires au regard du potentiel que présente le .bf », constate l’Association. « On a véritablement besoin que les entreprises, les institutions et toutes les structures burkinabè s’identifient au .bf pour montrer leur attachement à la nation burkinabè sur Internet », explique Izaï Toé.
Convaincue de la nécessité d’engager des actions de promotion pour booster l’utilisation du nom de domaine Internet de premier niveau .bf, l’ARCEP (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) a suscité la mise en place d’une organisation multipartite des acteurs d’Internet de la société civile. C’est cette initiative qui a abouti à la création de l’ABDI.
Fraîchement installé, le Secrétariat Exécutif a pour entre autres missions, le ‘’branding’’ du .bf. Le « lancement officiel de la convention de délégation de la gestion des noms de domaine .bf signée avec l’ARCEP et des activités de l’ABDI » donneront le ton à cette ambition de promotion.
Dans le pipeline, l’ABDI prévoit la mise en place de bureaux d’enregistrement. Ces acteurs contribueront à « lancer l’industrie des noms de domaine autour du .bf au Burkina Faso », précise Izaï Toé. Une fois accrédités, « les bureaux d’enregistrement devront assurer la promotion et la revente des noms de domaine de premier niveau .bf », ajoute le Secrétaire Exécutif. Dès janvier 2022, l’ABDI espère lancer cet arsenal pour « atteindre le plus grand nombre de titulaires de noms de domaine de premier niveau du Burkina Faso ».
De la nécessité de migrer vers l’IPv6
L’Association Burkinabè des Domaines Internet a aussi pour mission de conduire la stratégie de migration des adresses IPv4 (Internet protocol Version4) vers IPv6. Avec la possibilité de créer plus d’adresses IP et le meilleur chiffrement des données, l’IPv6 contribuera au développement d’Internet dans le pays. Elaborée depuis 2015-2016, la stratégie de migration du Burkina Faso devrait être déployée d’ici mi-2021 par l’ABDI. Mais avant, « elle va connaître une mise à jour, en tenant compte des mutations de l’écosystème et des nouveaux acteurs », confie le Secrétaire Exécutif.
Pour réussir cette migration, « le gouvernement burkinabè négocie en ce moment un partenariat avec Afrinic, responsable du registre régional des adresses Ip desservant l’Afrique », précise Izaï Toé. Parallèlement à ces actions, l’ABDI envisage la mise en place d’une Task Force, un comité spécialisé pour accompagner son Secrétariat Exécutif dans le déroulement de la migration. Sans oublier, un forum de l’écosystème « pour engager des discussions et avoir des recommandations pour assurer avec efficacité cette migration », espère le patron de l’organe opérationnel de l’ABDI.
Promouvoir le .bf, favoriser la création de plus d’adresses IP sécurisées, sont des préalables pour encourager la production de contenus ‘’burkinabè’’ pour Internet.
Encourager la production de contenus locaux
Au Burkina Faso, encourager la production de contenus locaux passe par deux impératifs. Le premier, c’est l’hébergement. Pour Izaï Toé, « disposer d’hébergeurs au niveau africain est un défi majeur ». Il rappelle les statistiques estimant à seulement 1,3% le nombre des datacenters en Afrique. Conscient de ce déficit continental, le Burkina Faso a investi environ 36 milliards de Francs CFA sur les cinq dernières années pour se doter d’un Cloud national. « Le projet G-Cloud permet d’assurer l’hébergement au niveau national des plateformes numériques ». L’ABDI s’engage alors dans la sensibilisation des acteurs locaux appelés à héberger leurs contenus dans le Cloud national.
Le second défi, c’est la production effective et massive de contenus. Trois actions sont muries en ce sens. La mise en place d’une plateforme d’hébergement de site web de moindre coût, le déploiement d’une solution nationale de messagerie publique et l’élaboration d’un répertoire national des adresses mails des institutions, entreprises etc… Ces initiatives devront permettre de promouvoir, d’héberger et donc de valoriser la production de contenus locaux. L’ABDI espère d’ici 2022 mettre à la disposition des burkinabè un plan d’action pour encourager cette production locale de contenus.
L’Association peaufine un plan d’action triennal pour booster le développement de l’Internet au Burkina Faso. En accord avec l’ARCEP, elle projette la mise en place d’un fonds de soutien de développement de l’Internet. Encore en projet, ce fonds pourrait être financé entres autres par la commercialisation des noms de domaine de premier niveau .bf, la contribution des organisations membres de l’ABDI, de l’ARCEP, du ministère en charge de la transformation digitale, des partenaires techniques et financiers. « Ce fonds pourrait être en place d’ici 2022 », espère Izaï Toé. Le processus de mise en place du fonds définira aussi les bénéficiaires et les mécanismes de son fonctionnement.
L’Association Burkinabè des Domaines Internet a été reconnu par les autorités burkinabè en juin 2018. Elle est régie par la Loi n°064-2015/CNT du 20 octobre 2015 portant liberté d’association au Burkina Faso et la Loi n°011-2010/AN du 30 mars 2010 portant réglementation de la gestion des noms de domaine sous le domaine de premier niveau .bf ; En confiant son Secrétariat Exécutif à Izaï Toé, l’ABDI a misé sur l’expertise d’un acteur qui a fait ses preuves dans la consolidation de l’écosystème numérique du Burkina Faso.
Un Secrétaire Exécutif averti !
Ingénieur de conception des réseaux, systèmes informatiques et télécommunication, Izaï Toé a été, depuis 2003, au cœur des grands chantiers TIC, Télécoms et Internet du Burkina Faso. L’ex- Directeur Général des TIC au Ministère du Développement de l’Economie Numérique et des Postes (2016-2019) est aussi un ancien de l’ANPTIC, l’Agence nationale de Promotion des TIC. Il y a coordonné, entre autres, l’exploitation du Réseau Informatique Nationale de l’Administration (RESINA). Chef du Projet e-Conseil des Ministres, Izaï TOE a supervisé également le volet opérations et support du Projet G-Cloud, du groupe technique chargé de la mise en place du premier point d’échange internet (BFIX). Membre de l’équipe technique de mise en place du point d’atterrissement virtuel (PAV) du Burkina Faso et de l’unité de gestion des projets Intranet Gouvernemental, le nouveau Secrétaire Exécutif de l’ABDI a un parcours qui plaide en sa faveur, quant à sa capacité à déployer les stratégies nécessaires au développement d’Internet au Burkina Faso.
Souleyman Tobias