(CIO Mag) – Jasmin Choake est l’un des jeunes entrepreneurs camerounais primés pour « leurs contributions brillantes dans la transformation de l’agriculture grâce à l’utilisation des TIC ». Interviewé par CIO MAG, il s’est exprimé sur les apports de sa startup dénommée Agribizz à l’essor du secteur agricole dans son pays, et est convaincu que « le développement de l’Afrique ne pourra se faire sans les nouvelles technologies”.
Dans le cadre de la troisième édition du forum sur la contribution des startups dans le développement de l’économie organisée par l’Agence nationale des technologies de l’information et de la communication (ANTIC) à Yabassi au Cameroun, Agribizz, PromAgric et Afoup distribution ont reçu des primes en matériels pouvant les accompagner dans leurs activités.
Les activités de Jasmin Choake à travers sa jeune société incorporée au Cameroun depuis février 2018 reposent sur les services technologiques tels que l’usage des drones. Lesquels permettent d’élaborer des cartographies des espaces agricoles, des analyses des terres et tres prochainement la pulvérisation des exploitations agricoles.
Il pense se servir de l’intelligence artificielle pour répondre à moult problématiques liées à l’agriculture.
« Sur le court terme, nous visons la mise en place des solutions employant des drones pouvant permettre la détection des maladies sur les plantes, déterminer le niveau de fertilisation des sols et prédire les différentes récoltes », rapporte-t-il.
« Nous voulons entreprendre des projets pilotes avec des entreprises du secteur pour ressortir l’importance de l’usage des drones dans les grandes exploitations agricoles. Associée à cela une démarche académique et professionnelle. Sur le long terme, nous comptons nous étendre dans tout le Cameroun en travaillant avec des mairies et des municipalités et plus tard dans la zone CEMAC; et beaucoup plus loin », a-t-il ajouté. Pour y parvenir, il reconnait la nécessité d’un « travail minutieux ».
Cependant, il n’est pas chose facile de trouver la ressource humaine nécessaire. « Etant dans un domaine extrêmement innovant, nous ne trouvons pas beaucoup de jeunes formés dans ces différents secteurs encore peu connus du grand public », a expliqué Jasmin.
Il trouve qu’il y a un manque de formations et un besoin de sensibilisation des populations. Il a constaté que « les agriculteurs ont encore recours aux usages, méthodes et matériels archaïques. Mais aussi qu’ils ont du mal à pouvoir changer ces conditions. Lorsque vous leur apporter des solutions alternatives plus faciles, ils estiment que cela leur prendra du temps et qu’il est risqué d’abandonner les vieilles méthodes » rapporte t’il.
A cet effet, le spécialiste en commerce préconise « une sérieuse sensibilisation » démontrant l’intérêt des nouvelles technologies et des formations ainsi que l’accessibilité des modèles des matériels à des coûts abordables.
Pour le promoteur d’Agribizz, ces impératifs et l’usage des TIC en général « vont contribuer vraiment à de très grandes échelles à apporter de nombreuses solutions en Afrique, ce dans tous les domaines possibles”. Et d’après lui, le développement du continent ne pourra se faire sans l’apport des TIC.
Cependant, il regrette que bon nombre de pays africains soient encore loin de cet idéal. « Car le développement numérique suppose un certain nombre de préalables tels que l’accès à internet. Lequel n’est pas toujours la chose la plus évidente partout en Afrique. L’accès aux outils technologiques et les formations dans le numérique manquent également », a précisé l’entrepreneur.
Dans un même élan, il note que « les Africains et leurs dirigeants devraient se pencher sur les diverses problématiques liées à l’agriculture et aux TIC parce que l’économie numérique est un moteur de développement ».
Source d’emplois
Pour contribuer à ce développement, le jeune camerounais a voulu mêler son expérience obtenue au sein des firmes technologiques et sa passion pour l’agriculture depuis sa plus tendre enfance pour se lancer dans l’entreprenariat. Ce, afin de faire décoller le secteur qui lui tient à cœur.
Les impacts directs de cette fusion sont selon lui, l’offre d’emploi et des formations à ces jeunes compatriotes.
« Nous travaillons avec une dizaine de jeunes permanents et quatre coopératives agricoles avec un réseau de près de mille agriculteurs. Nous évoluons aussi avec une association du secteur informel que nous accompagnons dans son processus de digitalisation. Par ailleurs, nous intervenons sur certains sujets et comptons travailler avec le gouvernement et les entreprises privées », rapporte-t-il.
Face à la difficulté de financements, il a pu trouver une gratification de plus de 10 000 USD octroyés par le Centre technique de coopération agricole (CTA). Le chiffre d’affaires de son entreprise est de 10 000 USD.
Aurore BONNY, Cameroun