ChatGPT et Intelligence Artificielle : au cœur de la révolution de la Fintech en Afrique

  • Par CIO MAG
  • 31 janvier 2023
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Une Tribune d’Ismaël Cissé, expert en Finance et en technologies de l’information, CEO de Sirius Capital

L’actualité récente nous présente de plus en plus d’applications pratiques de l’intelligence artificielle (IA). Que ce soit pour la création automatisée d’avatars, pour la génération d’images, ou dans les domaines complexes comme l’analyse de risque, la détection de fraude, les relations clients, l’apprentissage, l’IA touche désormais tous les secteurs. Et la fintech peut être le premier bénéficiaire en Afrique.

[Tribune] Il y a encore quelques années, l’Intelligence Artificielle et les technologies financières (Fintech) paraissaient comme des concepts nouveaux pour les non-initiés. Au cours de la dernière décennie, elles ont profondément bouleversé les habitudes, les comportements ; le monde des affaires, la finance, la relation client, n’en sont pas épargnés. Aujourd’hui, elles cristallisent les attentions, déchaînent les passions, et les spéculations et prédictions vont bon train. Et quand le 30 novembre 2022, la start-up OpenAi lance ChatGPT, c’est l’onde de choc.  En l’espace de quelques jours seulement, le service a réussi à franchir le seuil du million d’utilisateurs.

Le programme d’IA a déjà impressionné les utilisateurs et la webosphère par sa capacité à imiter le langage et les styles de parole humains, tout en fournissant des informations cohérentes. Une mutation, qui au-delà de son aspect technologique, touche même les fondements de notre société. ChatGPT sort la population de sa tour d’ivoire, elle qui,  longtemps, a craint l’avenir d’un monde robotisé, automatisé. 

Transformation du secteur financier

Mais au-delà de tout, c’est aussi des secteurs tout entiers qui sont en passe d’être transformés ou mieux, qui sont déjà en mutation. Celui de la finance et surtout la fintech, bonifiée ces dernières années par les fonds de capital-risque, tient le haut du pavé.

Si la fintech et l’IA remodèlent l’avenir de la finance, ce processus transformationnel, la pandémie de COVID-19 l’a encore plus accélérée. La digitalisation en cours des services financiers et de l’argent crée des opportunités pour de nouveaux services financiers plus inclusifs et efficaces. Elles transforment rapidement le paysage du secteur financier et brouillent les frontières des entreprises financières et du secteur financier. L’IA est en train de modifier la qualité des produits et services proposés par le secteur financier. Non seulement elle fournit de meilleures méthodes pour traiter les données et améliorer l’expérience client, mais elle simplifie, accélère et redéfinit également les processus traditionnels pour les rendre plus efficaces. Ces changements de paradigme ont bien sûr des implications diverses.

ChatGpt pour démocratiser les services financiers

Le continent africain, longtemps resté à la traîne sur plusieurs enjeux de développement, n’échappe pas à cette prochaine révolution, plutôt cette “révolution très actuelle”, unique en son genre, mais disruptive, ipso facto.

Si ChatGpt n’est ni l’alpha, encore moins l’oméga de l’IA, il peut tout de même être considéré comme un véritable game changer. Son approche de démocratiser un des use cases de l’IA – la conversation- ouvre des horizons métier inouïs dans le secteur financier pour ce que certains trouvent plus convenable d’appeler “l’intelligence augmentée”. D’abord en tant qu’outil de productivité, mais surtout en tant qu’instrument d’aide à la décision.

L’essor de ChatGPT dans la Fintech est un développement passionnant qui pourrait avoir un impact significatif sur l’inclusion financière en Afrique. D’autant que, pour l’heure, les Fintech sur le continent se concentrent essentiellement sur les services financiers aux populations non bancarisées, en s’appuyant notamment sur le mobile, beaucoup plus accessible. 

Par exemple, ChatGPT, en tant que technologie de traitement du langage, peut jouer un rôle clé dans l’amélioration de l’efficacité de ces services et dans l’expansion de leur portée à travers la création de nouvelles gammes de fonctionnalités. Tant est que les Fintechs africaines commencent à s’appuyer de plus en plus sur l’IA et ses capacités d’apprentissage automatique pour traiter et comprendre les données et prendre des décisions sur des questions telles que la solvabilité, la détection/prévention des fraudes et le support client.

Sur ce dernier palier, les chatbots et les assistants virtuels offrent aux clients un accès 24/7 à des informations et une assistance, ce qui améliore l’expérience client et augmente la satisfaction. Sur le continent, plusieurs acteurs majeurs ont déjà mis le pied à l’étrier. Les premiers résultats permettent d’y croire. 

IA et la finance africaine, un mariage d’avenir

Cependant, ChatGpt n’est ni le début ni la fin de l’IA. Au-delà du joyau d’OpenAI, l’Intelligence artificielle en elle-même, est un compagnon indissociable de la finance de demain, et de la fintech en particulier.

Avec des technologies comme la Blockchain, le Big data ou l’IA, les données sont devenues l’actif le plus précieux d’une organisation de services financiers. Aujourd’hui plus que jamais, ces entreprises sont conscientes des solutions innovantes et rentables qu’offre notamment l’IA, et comprennent que la taille du bilan, bien qu’importante, ne sera plus suffisante à elle seule pour construire une entreprise prospère.

Car, faudrait-il encore le souligner, d’une part,  l’IA apporte aux entreprises des capacités supplémentaires, en matière d’analyse de données clients, susceptibles de les aider à mieux comprendre les besoins et les comportements de leurs clients afin d’offrir des services plus pertinents, mieux ciblés, et hautement personnalisés. Prédire le comportement futur des clients comme la probabilité qu’un client ne rembourse pas un prêt ou effectué un achat  sera décisif pour l’entreprise et la “banque” de demain.

Aussi, face à l’augmentation alarmante des cas de fraude et à l’évolution constante des schémas de fraude, inutile de rappeler son importance dans la détection et la prévention des fraudes. A titre illustratif, ces dernières années, les recherches ont permis d’améliorer l’optimisation des algorithmes de segmentation et reconnaissance afin de renforcer et d’accélérer l’identification des schémas transactionnels non détectables auparavant, d’anomalies dans les données et de relations suspectes entre des individus et des entités. Ce qui ajoute une couche de solidité et de précision supplémentaire non moins importante aux  systèmes traditionnels de surveillance des transactions, faisant économiser de grosses sommes d’argent aux entreprises des secteurs financiers.  Que ce soit dans la banque, l’assurance, la finance décentralisée, on assiste à un saut qualitatif.

Autre domaine où l’IA a le vent en poupe est le secteur du conseil financier. Alimentés par l’IA, les robo-advisors développés par les start-up de la deeptech fournissent  aujourd’hui, des conseils financiers personnalisés aux clients en fonction de leur situation financière individuelle et de leurs objectifs. C’est un développement remarquable qui peut être particulièrement bénéfique pour les clients plus jeunes ou moins aisés qui n’ont peut-être pas accès à des conseillers financiers traditionnels.

Au regard des possibilités inouïes et des développements futurs prometteurs que l’on pourrait anticiper,  il semble crucial de continuer et d’intensifier les investissements dans les domaines de l’IA en Afrique, de développer et structurer le secteur. Car,  même si elle est encore à un stade embryonnaire, il devient de plus en plus évident que l’IA jouera un rôle important dans l’industrie financière, et d’ailleurs dans tous les domaines de l’économie. Certes, l’empathie et l’intelligence sociale donnent encore une longueur d’avance aux « humains »,  mais pour combien de temps ?

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