Dr. Cosmas Zavazava. Photo: ITU
Tout juste élu à la Direction du Bureau de développement des télécommunications (BDT) de l’Union internationale des télécommunications (UIT), le Dr. Cosmas Zavazava a arpenté les couloirs du Mobile World Congress à Barcelone (Espagne), qui se déroulait du 27 février au 2 mars 2023. Son objectif : rencontrer les acteurs de la transformation digitale, notamment africains, afin de mener à bien la mission qu’il a fait sienne : garantir la connectivité à l’ensemble des populations du monde. Cio Mag l’a interviewé pour l’occasion.
Cio Mag : Ces derniers jours, vous visitez le MWC, à Barcelone, où sont présentées les technologies de pointe pour les professionnels, les gouvernements et les particuliers. Quel est votre première impression et votre sentiment ?
Cosmas Zavazava : Le monde fait face à un très grand challenge en ce qui concerne la connectivité et le principal message est que la technologie est là, et c’est un progrès, mais les utilisateurs ne sont toujours pas connectés. Aujourd’hui, 2,7 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à la connexion et nous devons trouver un moyen de rendre les technologies accessibles et en même temps de renforcer les compétences numériques.
Cio Mag : Aujourd’hui, nous parlons notamment de 5G, et même de 6G. Pensez-vous que celles-ci soient réellement destinées à l’ensemble des populations dans le monde ?
C.Z : Le MWC est l’un des plus grands événements au monde dans le domaine du digital. Nous voyons ici que la technologie progresse à une allure vertigineuse et que les usagers sont de plus en plus exigeants. Peut-être qu’au départ, l’accession à ces technologies sera restreinte, mais avec la magie du numérique et avec du temps, elles deviendront accessibles au plus grand nombre. En ce qui concerne l’Afrique, l’important est que ces technologies soient adaptées aux usages et aux réalités économiques. Il est primordial dans un premier temps d’encourager les innovations, puis d’aider les pays à mettre en place les dispositifs nécessaires pour attirer plus d’investissements dans le secteur du numérique.
Cio Mag : Cependant, au MWC, nous pouvons avoir l’impression que l’Afrique est absente, dans le sens où elle n’est pas visible aux yeux du monde. Partagez-vous cette impression ?
C.Z : Si elle n’est pas visible aux yeux du public, l’Afrique est pourtant représentée ici. D’une part, parce que les opérateurs présents sont multinationaux et s’adressent donc aussi au continent africain. Par ailleurs, nous avons eu un panel avec des ministres en charge des questions numériques des pays africains. Donc l’Afrique est bien présente ici ! Beaucoup d’États ont aujourd’hui compris les vrais enjeux du numérique et il y a une vraie volonté politique. Notre rôle, c’est de leur montrer la voie, en créant un environnement favorable, pour que les États puissent mettre en place un cadre légal approprié, de créer des canaux de collaboration avec les structures en charge de la régulation, afin qu’il puisse y avoir une saine concurrence autour de la connectivité puis de travailler à mettre à leur disposition les outils nécessaires, et ainsi attirer les investissements pour que la technologie soit accessible. A cet effet, tous les régulateurs du monde se retrouveront à Charm el-Cheikh, en Egypte, au mois de juin et nous discuterons de ces nouvelles technologies et de la façon dont elles peuvent bénéficier aux populations.
Cio Mag : Avez-vous le sentiment que les pays africains sont alignés et travaillent de concert pour faire entrer l’Afrique dans cette révolution numérique ?
L’Afrique compte des pays avec de très forts taux de croissance, mais elle est aussi le continent qui abrite le plus de pays les moins développés. Sur 46, 26 d’entre eux sont en Afrique. Mais la volonté politique est là, notamment pour développer les infrastructures. Les pays ont compris l’importance de se regrouper pour investir ensemble.
Je sens que la révolution numérique est en cours et l’Afrique semble tenir le bon bout.
Les perspectives sont très bonnes, particulièrement pour les dix prochaines années, et le continent fera tout pour atteindre les Objectifs de développement durables. Je suis très optimiste quant à l’avenir. De notre côté, nous continuerons notre mission de connecter le monde, pour que cela profite au maximum de personnes. Dans chaque secteur, nous allons sentir la transformation digitale. La pandémie a fini de montrer au monde les vertus jusqu’ici ignorées du digital. Maintenant, nous devons capitaliser dessus.
Un parcours inspirant !
Cosmas Zavazava a pris ses fonctions de Directeur du Bureau de développement des télécommunications (BDT) à l’UIT, 1er janvier 2023. Fort de plus de 30 ans d’expérience dans le domaine des télécommunications, dont plus de 20 ans au sein du Secteur du développement des télécommunications de l’UIT, il a promu et mis en œuvre des projets efficaces relatifs aux technologies de l’information et de la communication dans le monde entier Auparavant, il avait dirigé l’Agence gouvernementale des télécommunications de la République du Zimbabwe.
Tout au long de sa carrière, Cosmas Zavazava s’est attaché à réduire la fracture numérique et les disparités en matière de compétences et à accélérer la transformation numérique, afin de parvenir à un développement socio-économique pour tous.
Propos recueillis par Camille Dubruelh