Avocate spéciale du secrétaire général des Nations Unies pour la finance inclusive, la reine Máxima des Pays-Bas s’est rendue lundi matin dans le quartier Anonkoua-Kouté d’Abobo situé au nord d’Abidjan, puis sur le site industriel de Foods’Co, une usine de transformation de noix de cajou basée au sud de la ville. Objectif, recueillir des témoignages sur le financement des femmes et des entreprises agricoles en matière d’inclusion financière et numérique.
(Cio Mag) – Ce matin du lundi 13 juin 2022 à Anonkoua-Kouté, la reine Máxima des Pays-Bas, assise sur un canapé en compagnie d’un membre de sa délégation, échange avec un groupe de femmes de l’Association villageoise d’épargne et de crédit (AVEC), communément appelée “AVEC, Amour main dans la main”. Dans l’appartement où elle est reçue, simplicité, joie et émotion imprègnent sa venue. En sa qualité de Mandataire spéciale du secrétaire général des Nations Unies pour la promotion de services financiers accessibles à tous qui favorisent le développement (UNSGSA), elle effectue une visite de deux jours en Côte d’Ivoire. Le but étant de recueillir des témoignages sur la manière dont l’accès et l’utilisation des services & produits financiers et numériques aident les femmes, les petites entreprises et le secteur agricole. Mais aussi, discuter avec les dirigeants et les principales parties prenantes de ce qui pourrait être nécessaire pour mieux répondre aux besoins des utilisateurs finaux.
Au cours des échanges, N’cho Raymonde, présidente de l’AVEC, raconte à l’Avocate spéciale comment cette association créée en 2014 par Care international Côte d’Ivoire a permis l’autonomisation financière de plusieurs dizaines de femmes du village.
« Aujourd’hui, je peux dire que je suis heureuse. Dans [l’association] AVEC, j’ai tout ce que je veux », confie-t-elle.
Financement digitalisé pour les femmes
Grâce à un prêt de la microfinance Advans Côte d’Ivoire, les femmes de l’AVEC mènent à bien leurs commerces de pagne, de poisson, d’œuf et de volaille. Des activités qui ont permis à ces dernières d’ouvrir un compte d’épargne au nom de l’association. Selon la présidente, ce compte logé à Advans est relié à un porte-monnaie électronique du service MTN Mobile Money afin de permettre des transferts d’argent à partir du compte mobile money vers le compte bancaire et du compte bancaire vers le compte mobile money.
Outre l’exploitation du porte-monnaie électronique pour maîtriser le flux des épargnes, l’application mobile Chomoka développée par Care international est aussi utilisée par l’association pour faciliter la collecte des données sur les membres.
A la Mandataire des Nations Unies, la porte-parole des femmes de l’AVEC fait aussi part de leurs besoins en véhicules de transport de marchandises. Elle sollicite également le plaidoyer de la reine pour faire passer le délai de remboursement des prêts bancaires à 12 mois contre 6 actuellement. Après les échanges, la visite se poursuit sur le site du marché d’Anonkoua-Kouté. (Voir photo ci-dessous)
Cap est mis ensuite sur Foods’Co SA, une usine de transformation de noix de cajou (aussi appelée anacarde), installée au sud d’Abidjan. En plus du directeur général, Sanogo Tahirou, l’Avocate spéciale s’y entretient avec Renée Chao-Beroff, PCA de la plateforme digitale Wi-Agri, et Pierrette Kouakou, directrice générale de la microfinance Fin’Elle. (Voir photo ci-dessous)
Numérisation des chaines de valeur agricoles
Foods’Co et Fin’Elle, deux acteurs de la chaîne de valeur anacarde présents sur Wi-agri, mais pas que !
« Sur la plateforme Wi-agri, vous avez des producteurs, des acheteurs, des usines de transformation, des institutions financières comme Fin’Elle, et aussi ceux qui vendent des intrants comme Callivoire », détaille, à Cio Mag, Renée Chao-Beroff. Pour elle, l’approvisionnement des usines en noix de cajou via la plateforme permettra de passer l’échelle de 10 % de transformation en Côte d’Ivoire à 50 %. De créer de la valeur et d’augmenter les prix pour les producteurs. Cela aidera aussi les femmes, employées comme ramasseuses, décortiqueuses ou main-d’œuvre dans les usines de transformation, à devenir de petites entrepreneuses dans les villages.
« C’est ça l’inclusion financière qui permet aux femmes de toute la chaîne de valeur de trouver leur place dans une chaîne de valeur développée », souligne la PCA de Wi-agri.
Si les propos de Renée Chao-Beroff démontrent l’importance d’une plateforme numérique comme Wi-agri dans la pérennisation de la filière anacarde, ils attestent surtout du rôle crucial que le numérique peut jouer dans le développement économique et social du secteur agricole. Un sujet au centre des préoccupations de l’Avocate spéciale du secrétaire général des Nations Unies.
Au terme de la visite de l’usine Foods’Co, elle révèle que les discussions ont porté sur la manière d’organiser les chaînes de valeur agricoles pour augmenter la qualité de vie des producteurs.
« Pour ça, on a besoin de connectivité, être sûr que tout le monde a un compte mobile ; parce que sans la connexion, c’est impossible d’organiser toute la chaîne de valeur », déclare la Mandataire spéciale aux journalistes ivoiriens.
Puis l’Avocate de conclure en ces termes : « Ce qui est important, c’est de travailler tous ensemble, d’organiser toute la chaine de valeur. Ça veut dire, pas seulement les producteurs, [mais aussi] les transformateurs et les distributeurs, les gens qui vendent les produits fertilisants et tous les autres produits dont les producteurs ont besoin pour faire la production comme il faut. Donc, ce n’est pas seulement un acteur qui va tout changer, mais tous les acteurs ensemble, facilités par la numérisation. »