Avec plus de 400 milliards de dollars atteints au cours de la pandémie du coronavirus l’Afrique subsaharienne a raflé 43% de tous les nouveaux comptes enregistrés dans l’explosion des transactions d’argent mobile au monde selon le rapport 2021 de la GSMA, l’organisation mondiale représentant les intérêts des opérateurs de réseaux mobiles.
(Cio mag) – C’est un succès pour l’Afrique qui continue de dominer la scène mondiale dans le secteur de l’argent mobile. La crise sanitaire meurtrière n’a pas réussi à tuer l’activité du secteur. Au contraire, elle a déclenché un changement généralisé dans l’adoption des outils numériques » boostant ainsi l’utilisation des services mobiles par nécessité.
Alors que l’année 2020 a été marquée par des défis sans précédent liés à la pandémie de COVID-19, le secteur de l’argent mobile a déployé des efforts considérables pour parvenir à des sociétés sans cash, conclure des partenariats stratégiques pour élargir les horizons des paiements numériques et développer de nouveaux systèmes de paiement interopérables et robustes. C’est ce qui ressort du récent rapport de GSMA sur l’état du secteur de l’argent mobile 2021.
« Les restrictions de mouvement et les risques potentiels liés à la manipulation d’espèces ont conduit les consommateurs à se tourner rapidement vers les paiements numériques, qui constituent une option plus sûre et plus accessible », indique-t-il.
La réponse règlementaire formalisée à la crise s’est faite à 79% en Afrique subsaharienne avec 42% d’impact positif, 42% d’impact neutre et 16% d’impact négatif.
Cela s’est matérialisé par des partenariats stratégiques comme celui de Vodacom et Safaricom qui ont acquis la marque M-Pesa ; un engagement national comme celui du Ghana qui est devenu le premier pays africain à lancer un code QR universel permettant de commercer depuis les portefeuilles d’argent mobile ; l’interopérabilité accrue avec le Gimacpay en zone CEMAC, l’expansion des produits comme Orange Bank Africa, l’expansion des produits et les partenariats entre télécoms et banques.
Tandis que les paiements marchands par mobile money ont augmenté dans toutes les dimensions – volume, valeur et activité marchande. Citant son enquête du consommateur de 2020, GSMA a relevé qu’un consommateur environ sur cinq au Kenya et au Mozambique a déclaré qu’il avait commencé à acheter des produits (nourriture, vêtements, articles, etc.) via l’argent mobile, conséquence directe du COVID-19.
Laquelle a entrainé des nouveaux comportements du consommateur tels que l’épargne sur des comptes d’argent mobile soit 11% au Nigéria et 15% au Kenya idem au Mozambique
Le rapport de l’année dernière prévoyait déjà que l’Afrique dépasserait la barre du demi-milliard de comptes enregistrés. Cette année l’Afrique subsaharienne « à l’avant-garde du secteur de l’argent mobile depuis plus de dix ans et, en 2020 », a continué à « représenter la majorité de la croissance soit 43 % de tous les nouveaux comptes ».
L’Afrique centrale retardée
4,4 millions d’agents ont été enregistrés contre 9,1 millions dans le monde et 2,7 millions d’agents uniques sur 5,2 millions dans le monde. Le tout sur 548 millions de comptes enregistrés dans la région, dont plus de 150 millions étaient actifs sur une base mensuelle. Ce, avec 18% pour l’Afrique de l’Est, 22% pour l’Afrique de l’Ouest et beaucoup moins pour l’Afrique Centrale et australes avec respectivement 1 et 2%.
Des études concordantes expliquent le retard de l’Afrique centrale par plusieurs faits. Notamment le retard de la pénétration de téléphonie, une taille réduite du réseau de partenaires commerciaux des opérateurs, une réglementation inadéquate, l’interdiction aux opérateurs de fournir un service de transfert international surtout les transferts sortants. Selon la Banque Mondiale la pénétration de téléphonie était de 72 % en moyenne pour l’Afrique subsaharienne avec quelques 25 % en Centrafrique et 43 % au Tchad et au Congo.
Le secteur de l’argent mobile dans le contexte de la pandémie a fait certes un boom mais a fait chuter de 24% le chiffre d’affaire des opérateurs au premier trimestre de 2020. Ils ont été forcés par les gouvernements et le contexte en général de réduire les commissions sur les transitions pendant les diverses périodes de confinements.
Autre point négatif, près de 800 millions de personnes dans la région ne sont toujours pas connectées à l’Internet mobile.
Aurore Bonny